Les prix du pétrole se sont appréciés avant-hier à New York, aidés par l'anticipation d'une hausse de la demande en essence avant la saison des grands déplacements aux Etats-Unis et un bon indicateur immobilier dans le pays. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juin s'est apprécié de 52 cents, à 102,02 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet, dont c'était le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, a fini à 109,75 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 66 cents par rapport à la clôture de la veille. La saison des grands déplacements aux Etats-Unis est au coin de la rue et laisse anticiper un sursaut de la demande en essence tout au long de l'été, a expliqué Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Les grands voyages en voiture de part et d'autre des Etats-Unis commencent traditionnellement dès le long week-end du Memorial Day, à la fin de la semaine prochaine, et se poursuivent jusqu'à début septembre, à l'issue du week-end dit du Labor Day. Dans cette perspective, les raffineries sont en train de mettre une touche finale à leur saison de maintenance, afin de se préparer à l'accélération de leur activité d'ici quelques jours, a poursuivi l'expert en questions énergétiques. D'autre part, sur le front des indicateurs, on a eu un relativement bon chiffre économique ce matin, ce qui a suscité une réponse assez positive sur le marché du brut, a indiqué Bart Melek, de TD Securities. Sur le front très surveillé de l'immobilier aux Etats-Unis, les mises en chantier de logements ont bondi en avril à leur meilleur niveau depuis cinq mois. Elles ont grimpé de 13,2% en avril, soit bien plus que la hausse de 3% prévue par les analystes. Moins encourageant cependant pour l'activité de la première économie mondiale, le moral des ménages américains a connu une baisse surprise en mai, selon une première estimation de l'Université du Michigan. Et l'on continue de voir des risques dans la chaîne d'approvisionnement mondial en brut, notamment avec la situation toujours très tendue en Ukraine, a ajouté M. Melek. Les affrontements entre l'armée ukrainienne et les séparatistes armés continuaient dans l'Est du pays près d'un mois après le lancement d'une opération militaire qui visait à rétablir le contrôle de Kiev sur les régions sécessionnistes. Selon le secrétaire général adjoint de l'ONU, Ivan Simonovic, 127 personnes - militaires ukrainiens, séparatistes pro-russes, civils - sont mortes dans ces violents affrontements. Parallèlement, Moscou a menacé de couper les approvisionnements en gaz vers l'Ukraine dès le 3 juin si celle-ci ne réglait pas à l'avance sa facture pour juin, qui s'établit à 1,66 milliard de dollars, au risque de perturber les livraisons vers l'Union européenne (UE) comme lors des guerres du gaz de 2006 et 2009. Ces événements laissent augurer un regain de la demande en produits pétroliers pour compenser toute éventuelle perturbation des exportations gazières en provenance de Russie, a indiqué M. Lipow. Les investisseurs continuaient enfin de scruter l'évolution de la situation en Libye, où la production a légèrement augmenté après la reprise des opérations dans deux champs pétroliers de l'Ouest du pays, ont rapporté plusieurs analystes. Il est probable que la production redémarre dans les prochains jours au champ pétrolier d'al-Sharara, le deuxième du pays avec une capacité de production journalière de 340 000 barils, ont estimé les experts de Commerzbank. En Asie, les cours du pétrole rebondissaient dans les échanges matinaux même si la progression était freinée par des indicateurs peu favorables sur l'économie européenne et l'abondance d'offre pétrolière aux Etats-Unis, premier consommateur mondial de brut. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin prenait 50 cents, à 102,00 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet, dont c'est le premier jour de cotation à cette échéance, s'appréciait de 33 cents à 109,42 dollars.