Le conglomérat industriel américain General Electric a décidé de se donner trois semaines supplémentaires pour convaincre le gouvernement français que son offre sur la branche énergie d'Alstom, également convoitée par l'allemand Siemens, est la meilleure. A la demande du gouvernement français, nous avons convenu, en concertation avec Alstom, de prolonger le délai d'étude de notre offre par le conseil d'administration d'Alstom jusqu'au 23 juin, a annoncé le groupe dans un communiqué. Le délai de l'offre de GE courait initialement jusqu'au 2 juin. Nous avons pris cette décision pour permettre d'approfondir les discussions constructives, que nous avons actuellement avec le gouvernement, a précisé General Electric, avant de réaffirmer que son projet industriel est bon pour Alstom, bon pour la France ainsi que pour GE. Le ministre français de l'Economie Arnaud Montebourg s'est félicité de la décision de GE dans un communiqué. Ce délai va permettre au gouvernement d'examiner avec General Electric et Alstom les voies et moyens de répondre aux questions posées par l'opération d'acquisition des activités d'énergie d'Alstom par General Electric, a-t-il indiqué. La prolongation de l'offre a également reçu un accueil favorable d'Alstom, qui accueille positivement l'initiative de GE qui étend la période d'examen de son offre par le conseil d'administration d'Alstom pour permettre au dialogue constructif engagé avec l'Etat de se poursuivre. Selon une source proche du dossier, GE n'a pas l'intention de modifier son offre, mais continue de discuter avec le gouvernement sur un possible renforcement de la branche transport d'Alstom - après la vente de sa division énergie - et sur le nucléaire et la question des emplois en France. GE est en outre en discussion avec des investisseurs français, dont Areva dans le domaine de l'éolien ou encore de l'hydroélectricité. Siemens ne fait pas de commentaire, a déclaré de son côté un porte-parole du groupe allemand, après l'annonce de son concurrent.
Un plan C “maison France” ? Fin avril GE avait mis 12,35 milliards d'euros sur la table pour acquérir la branche énergie du fabricant de turbines électriques et de TGV. Siemens avait aussitôt marqué son intérêt pour le rachat des activités d'Alstom dans l'énergie, évaluées par lui entre 10,5 et 11 milliards d'euros, et lui avait proposé de lui apporter en plus, l'essentiel de ses activités dans le transport. Tout en marquant sa préférence pour les mérites stratégiques et industriels de l'offre américaine, Alstom avait laissé la porte ouverte à d'autres propositions comme celle de l'allemand Siemens, poussé par le gouvernement français à déclarer sa flamme. Siemens, qui examine les comptes d'Alstom, n'a pas encore déposé d'offre en bonne et due forme, mais ne semble pas lâcher prise, considérant avoir les moyens financiers de ses ambitions. Si un concurrent quel qu'il soit a pensé que nous étions en ce moment si occupés par nous-mêmes que nous n'étions pas capables d'agir partout et à tout moment, c'est une grande erreur, a indiqué dans le journal interne de l'entreprise, le patron de Siemens, Joe Kaeser. Nous sommes et restons capables d'agir stratégiquement et financièrement, a-t-il ajouté. De son côté, le gouvernement qui pèse de tout son poids dans le dossier Alstom, afin de préserver les emplois et les intérêts industriels de la France, continue de faire monter les enchères entre les deux rivaux. Rien n'est plié, ne cesse de dire le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg. Jeudi, il a fait savoir que le gouvernement œuvrait en faveur d'un plan C pour Alstom avec des capitaux français publics ou privés. Nous avons mis à l'étude un plan C, qui est une solution 'maison France', a indiqué le ministre, dont les propos étaient rapportés par son entourage. La France s'est dotée d'un droit de veto dans le dossier Alstom, en étendant le 15 mai le mécanisme lui permettant de protéger ses entreprises stratégiques en soumettant au feu vert du gouvernement les investissements étrangers, notamment dans le domaine de l'énergie.