Le travail au noir à Alger a pris une ampleur des plus alarmantes ces derniers mois. Bien entendu, le secteur du transport urbain n'est pas épargné. Les taxis clandestins ou "fraudeurs", comme on a l'habitude de les appeler, occupent de plus en plus les lieux. Bien qu'ils soient souvent menacés par la police, ils sont plus actifs que jamais, en imposant une concurrence des plus rudes aux chauffeurs de taxi reconnus par la loi. En un mot, ils ont fini par s'imposer. Ils occupent des stations de bus ou bien des stations improvisées dans les quartiers, qui deviennent les leurs de facto. Plusieurs facteurs expliquent le développement du transport informel. En premier lieu, l'insuffisance des moyens de transport en commun dans des zones périphériques de la Capitale. Ces "clandestins" sont pour la plupart dans le monde du travail ou retraités et empochent des recettes substantielles alors que les vrais chauffeurs de taxi dépensent des sommes exorbitantes à commencer par la licence de taxi qui frôle les 14 000 DA avec un règlement d'une année à l'avance en sus d'autres frais. À la limite de la provocation, les clandestins "racolent" les clients au nez et à la barbe des chauffeurs de taxis, souvent pour le même prix. Ce type de transport illégal a pris une dimension importante, à telle enseigne que ces "clandestins" opèrent même dans l'enceinte des stations de taxis. Un état de fait qui est à l'origine de la grogne des chauffeurs de taxis réguliers. Ceux-ci dénoncent le silence des pouvoirs publics qui ferment les yeux sur ce dérapage. Certains se sont même spécialisés dans les longs trajets inter-wilayas et même au-delà de nos frontières. Très inquiet, le citoyen ne sait à quel saint se vouer, et l'unique recours reste le transporteur clandestin. Face à cette situation désolante vécue dans les différentes wilayas du pays, les responsables doivent appliquer des sanctions sévères a l'encontre des propriétaires de taxi, de bus ou de minibus. "Il faut les obliger à respecter l'horaire", nous dit-on. À l'évidence, les usagers de plusieurs lignes souffrent le martyre à cause du comportement des taxieurs qui, selon leurs dires, "arrêtent le service à partir de 18h30 en les laissant en rade, désemparés. Au contraire, les clandestins sont disponibles à toute heure de la journée ou de la nuit". Cette situation a amené de nombreux usagers de la ligne que nous avons interrogés, à nous dire que les taxis fraudeurs se révèlent d'un grand secours et constituent un véritable gilet de sauvetage, dans la mesure où ils pallient les défaillances du transport régulier. A l'heure actuelle, les autorités concernées semblent fermer les yeux sur ce phénomène, puisqu'il n'existe aucun plan de lutte contre le transport clandestin, alors que les usagers et les professionnels les interpellent afin de trouver des solutions à même de combler le déficit enregistré en matière de moyens de transport en commun.