Le moral des entrepreneurs allemands est retombé en mai, témoignant d'un "passage à vide" de la première économie européenne ce mois-ci, a annoncé l'institut Ifo qui mesure cet indicateur très suivi. Le baromètre Ifo a atteint 110,4 points en mai contre 111,2 points en avril. Le consensus d'analystes compilé par l'agence Dow Jones Newswires misait sur un repli moins marqué, à 111 points seulement. L'indice Ifo s'est ainsi replié sous son niveau du mois de mars, 110,7 points, qui avait été marqué par les inquiétudes concernant les tensions en Ukraine. "Il y a eu un passage à vide de l'économie allemande en mai", a commenté Hans-Werner Sinn, président de l'institut Ifo, cité dans un communiqué. "L'évaluation de la situation actuelle des affaires n'a pas été aussi favorable qu'en avril. Les entreprises sont également moins optimistes concernant le développement futur de leur activité", a-t-il ajouté. La composante de l'indice concernant l'appréciation de la situation actuelle des entreprises a reculé à 114,8 points, contre 115,3 points le mois précédent, un niveau qui était toutefois élevé. Quant aux attentes à six mois, l'indice affiche également un repli, à 106,2 points après 107,3 points en avril. Ce recul fait écho à la dégradation des attentes des milieux financiers allemands concernant la conjoncture de l'Allemagne, mesurées par le baromètre mensuel ZEW. Les observateurs ne s'étaient toutefois pas inquiété outre mesure de ce dérapage. Le Produit intérieur brut (PIB) de l'Allemagne s'est apprécié de 0,8% au premier trimestre, mais uniquement du fait de la vigueur de la demande intérieure, tandis que le commerce extérieur a apporté une contribution négative de 0,9 point, a indiqué vendredi l'Office fédéral des statistiques Destatis.
La demande intérieure, seul moteur de la croissance au 1er trimestre La croissance vigoureuse du produit intérieur brut (PIB) allemand au premier trimestre, de 0,8%, a été uniquement le fait de la demande intérieure, le commerce extérieur apportant une contribution négative de 0,9 point, selon des chiffres détaillés publiés. L'Office fédéral des statistiques Destatis avait la semaine dernière publié sa première estimation de la croissance entre janvier et mars, et indiqué les grandes tendances, mais sans entrer dans le détail des chiffres. Selon ceux-ci, les exportations allemandes se sont hissées de 0,2% au premier trimestre par rapport au dernier trimestre 2014, tandis que les importations ont grimpé de 2,2%. Ne prenant en compte que les biens, l'export a même dérapé de 0,5%, précise l'Office. Les entreprises allemandes ont augmenté leurs investissements en équipements de 3,3%, les investissements dans le BTP ont même progressé de 3,6%, ce qui renvoie essentiellement à un hiver anormalement clément. Les dépenses des ménages ont affiché une hausse de 0,7% et celles de la puissance publique de 0,4%. Après son démarrage de l'année en fanfare, l'économie allemande devrait ralentir le rythme au printemps, ont d'ores et déjà prévenu les experts, notamment de la Bundesbank. Pour l'année 2014, les prévisions des économistes et institutions internationales s'échelonnent entre 1,7% et 1,9% de croissance du PIB. Les effets sur la conjoncture des développements en Ukraine sont une grande inconnue. "Au final cela aura un effet, mais il n'y a pas de signe que la croissance allemande en souffre de manière massive", a prédit jeudi le président de la fédération de l'industrie allemande BDI, Ulrich Grillo.