News Corp, la société de presse et d'édition du magnat des médias Rupert Murdoch, compte sur l'éditeur Harlequin pour réduire sa dépendance à la publicité, dont la baisse des recettes a pesé sur ses résultats trimestriels publiés. La société, née l'été dernier de la scission de l'empire médiatique du milliardaire américain d'origine australienne, avait annoncé la semaine dernière le rachat d'Harlequin, spécialiste canadien des romans à l'eau de rose, qu'il publie en 34 langues. "Le marché publicitaire reste imprévisible", a indiqué le directeur général de News Corp, Robert Thomson, lors d'une téléconférence avec des analystes. "Une conséquence directe de l'acquisition d'Harlequin sera de réduire la dépendance à la publicité et de créer un flux de revenus plus stables", a-t-il ajouté. M. Thomson présentait les résultats du groupe pour la période janvier-mars, troisième trimestre de son exercice décalé, où le chiffre d'affaires a reculé de 5% à 2,08 milliards de dollars, en grande partie à cause d'effets de change défavorables et de recettes publicitaires plus faibles dans sa branche d'information. Le bénéfice net a chuté pour sa part de 85% à 48 millions de dollars. Une partie de la baisse s'explique par des recettes exceptionnelles engrangées l'année précédente, mais le bénéfice ajusté par action, qui fait référence à Wall Street, est ressorti à 8 cents soit 5 cents de mieux que la prévision moyenne des analystes. Ce sont les journaux australiens qui accusent la plus forte baisse de revenus (-21%, dont -13% dus aux changes). Les recettes publicitaires de l'ensemble du groupe sont en baisse de 9% à 952 millions de dollars, tandis que les recettes tirées des ventes au numéro et des abonnements reculent de 5% à 665 millions de dollars. La branche d'information, qui comprend des titres prestigieux comme le Wall Street Journal et le Times de Londres, mais aussi l'agence Dow Jones, enregistre au final un recul de 9% à 1,5 milliard de dollars pour son chiffre d'affaires, et de 12% à 146 millions pour son excédent brut d'exploitation (EBITDA). News Corp a confirmé dans un communiqué séparé la nomination à la tête de Dow Jones de William Lewis, qui occupait déjà le poste de directeur général par intérim depuis le départ fin janvier de Lex Fenwick. L'éditeur Harper Collins en revanche a profité de la popularité de la série de livres "Divergente" de Claudia Roth, qui a profité de la sortie du film du même nom. Son chiffre d'affaires a grimpé de 14% à 354 millions de dollars, et même de 46% pour les seuls livres électroniques, qui représentent désormais un peu plus d'un quart de ses revenus. L'EBITDA a bondi pour sa part de 83% à 53 millions de dollars. Harlequin va permettre de renforcer Harper Collins à l'international. Mais c'est "plus qu'un actif d'édition", a assuré M. Thomson, évoquant aussi des "capacités de traduction, des plateformes de distribution, et une connaissance de la culture" de plusieurs pays pouvant "bénéficier à l'ensemble du groupe". Il a par exemple évoqué la possibilité d'utiliser la bibliothèque d'Harlequin pour "créer des produits numériques par abonnement". Depuis sa séparation l'été dernier des activités de télévision et de cinéma de Rupert Murdoch, désormais rassemblées dans la société 21st Century Fox, News Corp a aussi fait une autre acquisition stratégique, Storyful, une agence irlandaise spécialisée dans les informations extraites des réseaux sociaux.