Répondant aux questions des députés de l'Assemblée populaire nationale (APN) concernant le plan d'action du gouvernement, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a affirmé que le développement économique visé par l'Algérie dépend du développement de quatre secteurs névralgiques, à savoir l'agriculture, l'industrie, l'énergie et le tourisme. Pour M. Sellal ce sont ces secteurs stratégique qui impulseront le Produit intérieur brut (PIB) et qui réduiront la dépendance de l'économie nationales aux hydrocarbures". Concernant le volet agriculture, M. Sellal a mis l'accent sur la nécessité de pénétrer le marché international en matière de produits agricoles. C'est ainsi qu'il annonce que l'Etat fera en sorte que le secteur agricole puisse participer fortement aux exportations nationales. Et pour ce faire, le Gouvernement se fixe comme objectif d'accroître les superficies irriguées pour les porter, à court terme , à plus d'un million d'hectares, de résoudre les problèmes de main-d'œuvre par la formation d'agriculteurs dans les centres de formation professionnelle et le développement de l'agriculture industrielle. Sur le plan industriel, le chef de l'exécutif a affirmé qu'une conférence nationale consacrée au secteur de l'industrie sera organisée en septembre prochain, au cours de laquelle des amendements à la loi sur l'investissement seront proposés, et ce, en vue d'un plus large soutien à l'essor du secteur industriel et de faciliter la création de petites et moyennes entreprises. M. Sellal a souligné l'importance de "donner un nouvel élan à l'investissement national en partenariat avec les entreprises étrangères dans le cadre du respect de la règle 51/49%" régissant l'investissement étranger en Algérie. D'ailleurs, M. Sellal a tenu à souligner que l'exécutif n'envisageait pas d'instaurer un capitalisme sauvage, mais qu'il était inévitable d'ouvrir l'investissement à tous les acteurs. Concernant le volet emploi, le Premier ministre a mis en exergue l'efficience des dispositifs ANSEJ et CNAC, qui ont permis de financer près de 639.000 micro projets et de créer près d'un million d'emplois, relevant par ailleurs que près de 78% des bénéficiaires de ces dispositifs ont remboursé les crédits qu'ils ont contractés auprès des banques. Concernant le secteur de l'énergie, qui constitue le pilier de l'économie nationale, M. Sellal a précisé que "la souveraineté énergétique est le fondement même de la puissance économique de toute nation". En réponse aux appréhensions des députés relatives aux retombées des hydrocarbures non conventionnels sur l'environnement, M. Sellal a affirmé que "la nouvelle loi sur les hydrocarbures comporte toutes les dispositions requises concernant la protection de l'environnement". Tout en assurant que l'Algérie a réalisé une nette hausse de ses revenus hors hydrocarbures, passant de 7.811 milliards DA en 2010 à 12.120 milliards DA en 2013, précisant que les "choses tendent à s'améliorer". De ce fait, le chef de l'exécutif a relevé que l'objectif du gouvernement de réaliser un taux de croissance annuelle de 7%, durant la période 2015-2019, ne reposera pas exclusivement sur les recettes tirées des hydrocarbures. Il a regretté, à ce titre, que les exportations algériennes soient dépendantes à hauteur de 93% des hydrocarbures. Selon le chef de l'exécutif, 67% du PIB sont répartis comme suit: 5% dans le secteur de l'agriculture, 5% dans l'industrie qui sera porté prochainement à 10%, 9% dans le secteur des BTPH, 20% pour le secteur des services à caractère commercial, 17% pour les services à caractère non commercial et 7% pour les taxes.
Sellal plaide pour l'exploitation des hydrocarbures de schiste De surcroît, le chef de l'exécutif a défendu la décision du gouvernement d'autoriser l'exploitation du pétrole et gaz de schiste, vivement critiquée par des experts et des militants, qui craignent un impact négatif sur l'environnement. Il faut faire confiance au gouvernement qui va prendre toutes les précautions nécessaires (...) nous allons recourir à de nouvelles techniques (d'extraction) permettant d'éviter de polluer les eaux souterraines, a déclaré M. Sellal. Certains de ces produits sont utilisés dans la fabrication des couches pour bébés et de détergents, a affirmé M. Sellal. Le Premier ministre a précisé que le groupe pétrolier public Sonatrach avait déjà réalisé un forage expérimental horizontal d'une profondeur de 1.200 mètres. Le chef de l'exécutif a toutefois indiqué qu'Alger n'avait signé aucun contrat concernant l'exploitation du gaz de schiste, en réponse à des informations de presse selon lesquelles le géant énergétique français GDF Suez envisageait de se lancer dans la prospection d'hydrocarbures de schiste dans six pays, dont l'Algérie. " Que nous restera-t-il si on renonçait à l'énergie ? ", a ajouté le Premier ministre. Concernant le tourisme, il est utile de rappeler que le ministre de la Jeunesse, Abdelkader Khomri, avait annoncé mercredi dernier sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale qu'il va y avoir une conférence sociale et économique dédiée à la jeunesse, une autre sur le tourisme, les loisirs et la gestion du temps libre et un symposium sur les nouvelles technologies. M. Khomri a souligné que ces rencontres entrent dans le cadre de la "nouvelle vision" du ministère de la Jeunesse pour construire une stratégie basée sur l'écoute et l'échange. M. Khomri a fait savoir, en outre, qu'une conférence sur le tourisme, les loisirs et la gestion du temps libre est prévue au début de la prochaine rentrée sociale. "Il y a un engouement réel des jeunes pour ces activités",a-t-il mentionné, considérant que les différentes actions prévues par son ministère sont un "signal fort" en faveur de la jeunesse.
La suppression de la règle de 51/49 % est envisageable Par ailleurs, le gouvernement pourrait envisager la suppression de la règle 51/49% régissant l'investissement étranger en Algérie pour les secteurs non stratégiques comme celui des PME, a annoncé le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Le chef de l'exécutif a révélé que la suppression de cette règle, qui régit la répartition du capital pour les investissements étrangers, a été évoquée par les partenaires de l'Algérie dans le cadre des négociations pour son accession à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Pour "l'OMC les négociations se poursuivent (...) ils nous ont demandé de revenir sur la règle 51/49 %. Nous sommes encore en discussions mais nous avons une stratégie: nous pouvons répondre (à cette requête) que c'est possible (de supprimer la règle) pour quelques secteurs avec un délai de grâce de quatre à cinq ans", a-t-il déclaré. Le Premier ministre répondait à une question d'un journaliste qui a reproché au gouvernement d'entretenir l'opacité dans ses négociations avec l'OMC et de communiquer peu sur l'avancée du processus. Peu auparavant, le chef de l'Exécutif a indiqué dans ses réponses aux questions des parlementaires sur le plan d'action que le gouvernement était prêt à engager un débat sur l'opportunité de supprimer cette règle pour les secteurs non stratégiques. Pour autant, le Premier ministre a été catégorique en affirmant que l'Algérie ne va en aucun cas annuler cette règle pour les secteurs stratégiques. De même pour le droit de préemption de l'Etat sur la cession des participations des étrangers en Algérie qui sera, selon lui, maintenu Cela relève des principes de la législation économique de l'Algérie auxquels l'Etat ne va pas renoncer, a-t-il dit en substance. M. Sellal a expliqué à ce titre que ces mesures régissant l'investissement étranger n'ont pas empêché le lancement de projets avec des partenaires étrangers sur la base de cette règle, citant en cela le projet de montage de voitures avec le constructeur français Renault, dont le premier véhicule sortira des chaînes de montage de l'usine d'Oran le 17 novembre prochain. L'éventuelle révision de la règle 51/49 pourrait intervenir dans le sillage de la refonte de l'investissement par l'Etat qui prévoit l'amendement de la loi relative à la promotion de l'investissement pour consacrer la liberté de l'acte d'investir et faciliter la création d'entreprises. La mesure dite 51/49 et celle relative au droit de préemption ont été institués en 2009 après la vente par l'Egyptien Orascom Industrie de deux cimenteries au Français Lafarge avec une plus value importante, alors qu'il avait bénéficié de plusieurs facilitations à l'investissement et d'importantes exonérations fiscales. Avant 2009, cette règle était appliquée uniquement au secteur pétrolier régi par un code d'investissement spécifique.