Six ans après la crise, l'économie américaine a enfin recouvré les emplois perdus pendant la récession, selon les chiffres officiels publiés avant-hier qui montrent un taux de chômage stable en mai, même si les créations d'emploi sont en léger recul. Le taux de chômage est demeuré à 6,3% en mai et l'économie a créé 217 000 emplois contre 282 000 en avril, selon les chiffres publiés par le département du Travail. A 6,3%, le taux de chômage reste à son plus bas en près de six ans, un seuil qu'il avait atteint en avril en perdant 0,4 point de pourcentage. "Avec les gains de mai, le nombre d'emplois excède maintenant son niveau d'avant la récession", a souligné le ministère dans un communiqué. Selon l'enquête du ministère réalisée auprès des entreprises, le nombre d'emplois en mai dans le pays a atteint 138,46 millions contre 138,36 millions en janvier 2008 avant que la récession ne frappe et fasse perdre 8,7 millions d'emplois à l'économie américaine. La chute des emplois a duré jusqu'en février 2010. Du fait de l'augmentation de la population depuis 2008 (14 millions d'habitants supplémentaires), le taux de chômage reste supérieur à celui d'avant la crise (autour de 5%). En mai, le nombre de chômeurs est resté inchangé par rapport à avril à 9,8 millions. Sur douze mois, le taux de chômage est en recul de 1,2 point de pourcentage et le nombre de chômeurs a décliné de 1,9 million. Le rythme moyen mensuel des créations d'emplois sur un an est un peu en dessous de la barre des 200 000. Avec 217 000 nouveaux postes créés en mai "la croissance des emplois a dépassé les 200 000 pour le quatrième mois consécutif et les entreprises ont ajouté plus d'un million d'emplois cette année jusqu'ici", s'est félicitée la Maison Blanche dans un communiqué. "Même si le rythme continu des gains d'emplois montre que l'économie a parcouru un long chemin vers la reprise, le président estime que davantage doit être fait pour renforcer la croissance et les opportunités économiques", a ajouté Jason Forman, conseiller économique de la Maison Blanche. Le marché du travail doit continuer de créer de nouveaux emplois pour que le taux de chômage continue de baisser, selon Jim O'Sullivan de High Frequency Economics. Pour lui, le niveau de 100 000 emplois par mois est le minimum pour que le taux de chômage n'augmente pas, et cela seulement si la participation à la force de travail ne progresse pas. Le taux de participation à la population active (qui regroupe les personnes ayant un emploi et celles qui en recherchent un activement) est en effet au niveau très bas de 62,8%.
Plein de bonnes nouvelles En mai, les nouvelles embauches sont intervenues principalement dans les services professionnels aux entreprises, le secteur de la santé et de l'aide sociale, la restauration et les transports. Sophia Koropeckyj, analyste chez Moody's Analytics, souligne que depuis le début de la reprise, les trois secteurs des services aux entreprises, de la santé et de l'hôtellerie-restauration ont créé plus des deux tiers des emplois. Mais elle note que "le secteur de la restauration et de l'hôtellerie est celui qui paye les salaires les plus bas". "Il y a plein de bonnes nouvelles dans ce rapport", estime pour sa part Paul Ashworth, économiste en chef pour les Etats-Unis de Capital Economics. "Ces robustes 217 000 créations d'emplois sont une nouvelle illustration du fait que l'économie est sur la bonne voie après ses faiblesses dues à l'hiver", ajoute-t-il. Selon cet analyste, ces chiffres devraient conforter la Réserve fédérale (Fed) dans la poursuite de la réduction de son soutien monétaire exceptionnel à l'économie sous la forme de rachat d'actifs.