Le constructeur aéronautique Airbus Group et le motoriste Safran ont annoncé avant-hier la création d'une coentreprise destinée à faciliter l'évolution de la fusée européenne Ariane et la rendre plus compétitive face à son concurrent américain Space X. Le maître d'œuvre du lanceur Ariane et le fabricant de ses moteurs sont les deux principaux intervenants sur le programme Ariane qui fonctionnait jusqu'ici sans organisation industrielle intégrée. "Notre objectif principal reste l'amélioration de la compétitivité de notre activité lanceurs. Le programme Ariane est un immense succès depuis trente ans, mais pour qu'il demeure viable et compétitif, nous devons mettre en place une structure industrielle nettement plus efficace", a expliqué le patron d'Airbus Tom Enders, cité dans un communiqué. Dans un premier temps, Airbus Group et Safran vont créer une coentreprise "de programmes", regroupant leurs contrats de programmes civils et leurs principales participations dans le domaine des lanceurs commerciaux. "A terme, des actifs industriels seraient apportés afin de créer une entreprise à part entière, leader mondial, et détenue conjointement", ont précisé les deux groupes dans leur texte. Le cheminement serait donc comparable à celui d'Airbus, qui était au départ un simple Groupement d'intérêt économique avant de devenir une société intégrée. La coentreprise entre Airbus Group et Safran sur Ariane va intégrer progressivement les différents acteurs de l'industrie spatiale européenne pour répondre à la concurrence américaine, a précisé le P-DG du motoriste Jean-Paul Herteman. C'est une "étape majeure vers la consolidation de la filière spatiale européenne", s'est félicité le président de la République François Hollande. La nouvelle configuration doit permettre de répondre aux missions qu'attendent d'Ariane "les gouvernements européens, l'opérateur Arianespace et les clients commerciaux que sont les opérateurs de satellites", ajoute le communiqué publié après une rencontre à la présidence de la République française. La coentreprise entend satisfaire les attentes parfois contradictoires de la France et de l'Allemagne sur l'avenir de la fusée européenne. L'initiative industrielle propose "de poursuivre le développement du lanceur Ariane 6 sur la base d'une configuration définie en commun et capable de remplir un large spectre de missions". Ariane 6 est le successeur de l'actuel lanceur Ariane 5. Elle a été définie dans les grandes lignes lors de la dernière réunion ministérielle de l'ESA en 2012 mais le succès de SpaceX, plus rapide que prévu, a déjà remis en question les choix faits à l'époque. La société du milliardaire américain Elon Musk, créateur de Paypal et des voitures électriques Tesla, a mis sur le marché le lanceur Falcon qui propose des lancements à 60 millions de dollars, plus de deux fois moins chers que ceux d'Ariane. Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian et la secrétaire d'Etat chargée du dossier spatial Geneviève Fioraso ont participé à la réunion de travail à l'Elysée avec le P-DG de Safran Jean-Paul Herteman, le directeur de la stratégie d'Airbus Group Marwan Lahoud et plusieurs autres responsables de la politique spatiale française et européenne. Le directeur général d'Airbus Group, Tom Enders, devait recevoir simultanément les ministres allemand et français de l'Industrie Sigmar Gabriel et Arnaud Montebourg à Toulouse.