Le groupe allemand Siemens, allié au japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI), a dévoilé lundi une offre sur Alstom, mettant en avant l'emploi et une alliance avec le groupe français plutôt que le rachat proposé par l'américain General Electric. Voici le point sur les deux offres en compétition et la position de l'Etat. General Electric Le conglomérat américain, implanté de longue date en France où il compte 10 000 employés, a proposé fin avril de racheter pour 12,35 milliards d'euros les activités d'énergie d'Alstom, qui représentent 70% de son chiffre d'affaires. Le conseil d'administration d'Alstom, qui ne fait pas mystère de sa volonté de se recentrer sur les activités de transport, soutient jusqu'à présent cette offre. L'acquisition serait totalement payée en numéraire, un bon point pour GE car Alstom a besoin de cash. Soucieux de ménager les pouvoirs publics, GE a proposé que le siège et les centres mondiaux pour ses activités turbine à vapeur, énergie hydraulique, éolien offshore et réseaux soient localisés en France, tandis que le centre d'excellence pour les turbines à gaz resterait à Belfort. A la demande de l'Etat, qui souhaitait que Siemens puisse aussi présenter une offre, GE a accepté de prolonger son offre jusqu'au 23 juin. En outre, le P-DG de GE, Jeffrey Immelt, qui a été reçu plusieurs fois à l'Elysée, s'est engagé à créer 1 000 emplois en France. Et il s'est efforcé de rassurer sur le nucléaire, face à l'inquiétude du gouvernement sur le maintien de la souveraineté française dans ce domaine, Alstom étant un important fournisseur d'EDF, l'exploitant du parc nucléaire français. Pour rallier l'opinion publique à son offre, le groupe américain s'est offert une campagne de publicité, mettant en avant qu'entre GE et la France, c'est une histoire qui remonte à plus de 100 ans.
Siemens/Mitsubishi Dans une offre préliminaire soumise en avril, Siemens avait également proposé à Alstom de reprendre son activité énergie contre une somme en numéraire, en y ajoutant une partie de son activité transports et une garantie sur les emplois en France. Lundi, Siemens a finalement limité son offre à une seule activité de la branche énergie d'Alstom: celle des turbines à gaz, dont il veut acquérir la totalité pour 3,9 milliards d'euros. A ce prix, l'emploi de cette activité serait garanti pour trois ans en France et en Allemagne et son siège serait en France. De son côté, MHI, avec lequel il s'est allié, joue à fond la carte de l'alliance, en proposant la constitution de trois coentreprises: une dans l'activité turbines vapeur, une dans les réseaux intelligents (grid) et la troisième dans les turbines hydrauliques. Pour 3,1 milliards d'euros au total en cash, le japonais prendrait 40% de la première et 20% des deux autres. Parallèlement, il rachèterait 10% du capital total d'Alstom à Bouygues. Outre la garantie d'emplois de la part de Siemens sur l'activité turbines à gaz, l'alliance entre MHI et Alstom permettrait de créer plus de 1.000 postes en France, estiment les deux groupes, qui s'alignent ainsi sur la promesse faite par General Electric. Pour l'heure, l'activité ferroviaire de Siemens n'entre pas dans la transaction. Le conglomérat allemand se dit toutefois ouvert, une fois les opérations concernant l'activité énergie bouclées, à discuter (...) de solutions pour créer un champion européen solide dans le domaine du transport et serait prêt alors à devenir un actionnaire de long terme dans une activité transport combinée.
L'Etat La grande inconnue reste la participation éventuelle de l'Etat en appui de l'offre Siemens/MHI, une hypothèse envisagée, selon une source proche du dossier vendredi et qui pourrait être équivalente à celle de MHI, soit 10%. Une prise de participation qui, si elle se concrétisait, se ferait vraisemblablement via la banque publique d'investissement. Le Premier ministre Manuel Valls a toutefois assuré lundi que le gouvernement n'a aucune préférence et que pour lui, seuls comptent l'emploi, l'intérêt pour Alstom et les intérêts stratégiques du pays.