Les intentions des prétendants à une reprise partielle d'Alstom devraient se préciser dans les prochains jours, après l'entrée dans le bal du géant japonais Mitsubishi, qui proposerait avec Siemens de s'allier au fleuron industriel français afin de contenter Paris. L'allemand Siemens a dit mercredi travailler à une offre commune avec Mitsubishi Heavy Industries (MHI), relançant la bataille pour le pôle énergie d'Alstom, que le groupe français souhaite céder pour se concentrer sur le secteur jugé plus porteur des transports. Selon une source proche du dossier, l'Etat français envisage par ailleurs de prendre une participation au capital d'Alstom. Le conglomérat allemand fera savoir lundi au plus tard s'il concrétise son intérêt par une offre ferme, au lendemain d'un conseil de surveillance qui s'annonce crucial et une semaine avant l'échéance fixée au 23 juin par son rival américain General Electric (GE), qui a déjà mis sur la table 12,35 milliards d'euros. Un autre groupe japonais, Hitachi, a l'intention de se joindre au duo germano-nippon. Selon une source proche du dossier, MHI pourrait entrer au capital d'Alstom via une prise de participation minoritaire pour créer une alliance industrielle sur le modèle des constructeurs automobiles Renault et Nissan. Parmi les scénarios envisagés figure aussi la possibilité de créer des sociétés communes.
Alliance Mitsubishi pourrait proposer une alliance, a confirmé vendredi le ministre de l'Economie et du Redressement productif, Arnaud Montebourg, dans les colonnes du quotidien 'Le Parisien'. Le montage de l'opération n'a pas été précisé. Siemens serait intéressé par les turbines à gaz de l'équipementier français, tandis que MHI lorgnerait plutôt les turbines à vapeur, utilisées dans les centrales nucléaires françaises. Ces options s'inscrivent dans la logique de partenariat défendue par le gouvernement face à une vente pure et simple du pôle énergie d'Alstom, qui pèse environ 70% des revenus du groupe. Mais elles affaibliraient la perspective d'un Airbus de l'énergie et entraîneraient un dépeçage du groupe, selon des observateurs. Ma préférence, c'est le maintien d'Alstom. Non pas sa disparition, non pas sa " dévoration ", non pas sa cession et sa vente à la découpe, a insisté M. Montebourg. Il s'agit de mettre en commun ses actifs pour se battre ensemble sur les marchés internationaux, d'échanger des participations dans le capital. Exemple: PSA s'est allié avec le chinois Dongfeng pour conquérir les marchés asiatiques, comme l'ont fait Renault et Nissan pour conquérir le monde entier, a-t-il ajouté. Pas de préférence Mais l'Etat, qui s'est doté d'un droit de veto dans ce dossier qu'il juge stratégique, a assuré n'avoir pour l'heure aucune préférence pour l'une ou l'autre proposition. Il a répété qu'il souhaitait les voir s'améliorer, à l'issue d'une réunion à l'Elysée jeudi avec François Hollande, le Premier ministre Manuel Valls et Arnaud Montebourg. Une prochaine réunion est programmée la semaine prochaine. GE s'est de son côté lancé dans une opération de séduction pour décrocher les faveurs du gouvernement. Le groupe du Connecticut a promis la création de 1 000 emplois nets en France et le renforcement du pôle transport d'Alstom en lui laissant le contrôle de son activité de signalisation ferroviaire. Siemens a lui proposé d'apporter l'ensemble de ses activités de matériel roulant au fabricant français de TGV, qui n'y est pas favorable. Mais l'exécutif s'inquiète aussi d'une fuite de la technologie nucléaire du géant hexagonal, alors que MHI collabore déjà avec le géant français de l'atome Areva pour fournir quatre réacteurs Atmea en Turquie, pour une centrale qui sera construite et exploitée par un consortium international dont fait partie GDF Suez. MHI avait été approché par Alstom à l'automne 2013, selon M. Montebourg, mais le japonais n'avait pas donné suite en raison de discussions en cours avec Hitachi. Celles-ci ont accouché en février d'une filiale commune, Mitsubishi Hitachi Power Systems (MHPS) dans le domaine des centrales thermiques ou géothermiques. Sur le papier, le ralliement de Hitachi à une offre sur Alstom peut surprendre, car il est parallèlement partenaire de longue date de GE dans les réacteurs nucléaires. Cette alliance pourrait toutefois être remise en cause au profit de MHI selon la tournure que prendra le secteur, d'après des observateurs.