Le marché du travail aux Etats-Unis a connu une spectaculaire embellie en juin, éloignant provisoirement les inquiétudes liées au coup de froid de l'économie du pays au début de l'année. Premier motif de satisfaction, le taux de chômage aux Etats-Unis s'est replié de 0,2 point par rapport à mai pour s'établir à 6,1% -- son plus bas niveau depuis près de six ans-- alors que les analystes tablaient sur une stagnation à 6,3%, selon les chiffres publiés jeudi par le département du Travail. Il aura ainsi fondu de 0,5 point depuis janvier et de 1,4 point sur un an, reléguant au rang de mauvais souvenir le pic de 10% atteint en octobre 2009 à l'heure où la première économie mondiale se débattait dans la crise financière. Cette embellie en juin a été rendue possible par de très fortes créations d'emplois qui se sont élevées à 288 000 en juin, marquant une hausse de près de 29% par rapport aux 224 000 nouveaux emplois recensés en mai. "Les gains ont été généralisés et ont été portés par la progression de l'emploi dans les services professionnels et commerciaux, le commerce de détail, les services alimentaires et les soins de santé", a résumé Erica Groshen, une des responsables du ministère, dans un communiqué. Le nombre de chômeurs aux Etats-Unis a du coup décliné en juin de plus de 3% à 9,5 millions contre 9,8 en mai. La décrue est encore plus spectaculaire par rapport à juin 2013 avec une baisse de plus de 18%. Ce dynamisme a totalement pris de court les analystes et semble dessiner une tendance de fond vertueuse pour les Etats-Unis. Entre avril et juin, les Etats-Unis ont ainsi créé 272 000 emplois de plus qu'ils n'en ont détruit alors que cette moyenne a péniblement dépassé les 200 000 au cours des douze derniers mois. "En résumé, le marché du travail montrait déjà des signes d'amélioration notables mais cette tendance s'est accélérée ces derniers mois", a commenté Jim O'Sullivan, de High Frequency Economics. L'économie américaine avait déjà franchi un cap symbolique en montrant qu'elle avait recouvré en mai l'ensemble des emplois perdus pendant la récession.
Cercle vertueux En juin, le secteur privé a été le pourvoyeur de la quasi-totalité des nouveaux emplois (262 000) réservant la portion congrue aux emplois créés par l'administration (26 000). L'embellie a été particulièrement marquée dans le secteur des services professionnels aux entreprises, qui a ajouté 67 000 emplois à l'économie et dans le commerce de détail, qui en apporté 40 000. Traditionnel point noir des chiffres de l'emploi, le nombre de salariés contraints de travailler à temps partiel par manque d'opportunités a même décliné en juin de 275 000 pour s'établir à 7,5 millions. L'embellie reste toutefois inégalement répartie au sein de la population: les Noirs continuent d'être les principales victimes du chômage avec un taux deux fois supérieur à celui des Blancs. Ce vertueux tableau de l'emploi semble donner raison à la Réserve fédérale (Fed) qui a continué de réduire son soutien de l'économie américaine en se fondant sur les progrès enregistrés sur le marché du travail. "Les indicateurs du marché du travail ont globalement montré de nouveaux signes d'amélioration", avait ainsi affirmé à la mi-juin le comité monétaire de la Fed (FOMC). La Banque centrale avait alors amélioré ses prévisions de taux de chômage en tablant désormais sur une fourchette comprise entre 6,0 à 6,1% contre une précédente estimation de 6,1% à 6,3%. Les chiffres de juin donnent également du grain à moudre aux experts qui estiment que le fait que l'économie américaine a calé au début de l'année relevait davantage de l'accident de parcours que de la tendance de fond. Dévoilée fin juin, la forte révision en baisse de la croissance américaine au premier trimestre avait fait apparaÎtre la plus forte contraction économique du pays depuis cinq ans (-2,9% en rythme annualisé) et suscité des doutes sur la solidité de la reprise.