La crise du logement en Algérie prend de plus en plus d'ampleur. Dans plusieurs wilayas, des dizaines de citoyens ont protesté ces derniers jours contre le retard dans la distribution de logements et le fait de ne pas être bénéficiaires pour certains. Un retard qui a fait réagir les populations des quatre coins du pays. Ainsi, la résorption de la crise du logement qui constitue un axe prioritaire des programmes et de l'action du gouvernement, passe par une accélération du rythme des réalisations et l'adoption de nouveaux procédés modernes de construction. Pour une majorité de citoyens algériens, l'accès à un logement a longtemps relevé du rêve impossible à concrétiser. Force est de constater qu'une importance accrue a pu, en effet, être donnée depuis 1999 à la modification de l'ensemble des conditions sociales, d'une part par l'intensification de la recherche de revenus et d'autre part, par la mise en œuvre d'une politique d'aménagement du cadre de vie, en particulier dans le cadre de l'habitat, l'amélioration de plus en plus active par l'élargissement d'un ensemble de réseaux d'équipements collectifs et sociaux en faveur des catégories de la population les plus démunies et des régions les plus défavorisées. Les investissements en faveur de la construction de logements tous types confondus, ont doublé à chaque exercice. Cette politique semble réussir dans la mesure où de nombreux fossés en la matière ont été comblés, surtout par l'ampleur du programme national de construction de logements au profit des personnes à faibles revenus. Inscrivant la question du logement au chapitre du renforcement des liens de solidarité sociale, le chef de l'Etat a réaffirmé dans son programme que "le soutien de l'Etat au secteur sera poursuivi pour résorber totalement le déficit en logements avant la fin du quinquennat 2015-2019". Que prévoit le nouveau plan du gouvernement d'Abdelmakel Sellal pour le nouveau quinquennat, concernant le logement ? Le déficit en la matière reste un des défis majeurs du quinquennat d'Abdelaziz Bouteflika. Tous types confondus, 6 millions de nouvelles habitations seront construites lors du quinquennat 2014-2019 pour faire face à la forte demande algérienne, annonce le gouvernement. Ce nouveau plan d'action présenté à l'Assemblée populaire nationale (APN) prévoit la construction de 6 millions de nouveaux logements, tous types confondus. À ces nouveaux chantiers en projet, rappelons que 2 millions de logements ont déjà été lancés, au cours du précédent mandat. Parmi ce quota, 827.000 sont achevés alors que 1,2 million restent toujours en cours de réalisation à la fin du mois de mars 2014. Une infographie pour tout comprendre, en un clin d'oeil, le programme de logement pour les cinq prochaines années : Traduisant les directives du chef de l'Etat, le plan d'action présenté récemment par le gouvernement Sellal prévoit la réalisation de 1,6 million de logements tous types confondus durant le quinquennat 2015-2019 afin d'absorber le déficit structurel dans ce domaine. Il est précisé que ces programmes seront multipliés pour répondre aux demandes de l'ensemble des candidats éligibles notamment les jeunes et concerneront également les Algériens non résidents, sur le territoire national.
Le recours à l'apport de partenaires étrangers Partant du constat de la faible capacité de l'outil de réalisation nationale et de son sous -équipement, le gouvernement a décidé de recourir momentanément à l'apport des entreprises étrangères. L'Algérie a ainsi conclu, au cours des deux dernières années, une série d'accords- cadres avec le Portugal, l'Espagne, l'Italie et les Etats-Unis d'Amérique pour la création de joint-ventures entre entreprises algériennes et étrangères. A travers ces partenariats, il est attendu notamment, une réduction des délais de réalisation par l'adoption de nouvelles techniques de construction, un transfert de technologies dans le domaine de l'industrie du bâtiment et l'organisation de cycles de formation au profit de jeunes techniciens algériens. Des usines de préfabrication lourdes et légères de logements sont également prévues dans la feuille de route de ce partenariat. Plusieurs accords de partenariat ont été ainsi signés entre des entreprises de réalisation européennes, principalement d'Espagne, d'Italie, de Portugal, et les filiales de la SGP Indjab. Cependant, ces partenariats tardent à porter leurs fruits. Si certaines sociétés mixtes sont en cours de lancement, d'autres ont déjà échoué. Le président du directoire de la SGP Indjab Mohamed Yassine Hafiane a souligné à cet égard que "tout partenariat dans ce domaine doit reposer sur la confiance et sur le principe de gagnant-gagnant". Pour améliorer l'efficience des entreprises publiques de réalisation, les pouvoirs publics misent sur la restructuration de la Société de gestion des participations de l'Etat (SGP) Indjab qui regroupe 56 entreprises spécialisées dans le bâtiment. Le plan de restructuration, transmis récemment au Conseil des participations de l'Etat (CPE), prévoit de scinder la SGP Indjab en cinq grandes entreprises, implantées à l'est, à l'ouest, au centre, au sud-est et au sud-ouest, pour couvrir l'ensemble du territoire national. Pour leur part, les organisations patronales du secteur du bâtiment expliquent la faiblesse des capacités de réalisation des entreprises nationales par l'effet d'un environnement économique contraignant, caractérisé par une forte pression fiscale, le développement du marché informel, le manque de main- d'œuvre qualifiée, un insuffisant accompagnement des banques et un retard dans la mise en œuvre des programmes de mise à niveau. Au titre des doléances exprimées par les chefs d'entreprises, le président de la Confédération générale du patronat du bâtiment et des travaux publics (CGP-BPTH), Abdelmadjid Dennouni, a appelé à la révision des modalités d'attribution des marchés publics qui favorisent le "moins-disant" estimant que les conditions "draconiennes" incluses dans les cahiers des charges excluent les petites entreprises et empêchent notamment les PME de se développer. De son côté, le président de l'Union nationale des entrepreneurs du bâtiment (Uneb), Salim Gasmi, estime que les entreprises algériennes sont en mesure de réaliser les projets du programme public de logement, mais relever ce défi requiert l'amélioration du climat des affaires et la levée de certaines contraintes notamment celles liées aux contentieux avec l'administration et au paiement des factures de travaux.