La résorption de la crise du logement qui constitue un axe prioritaire des programmes et de l'action du gouvernement, passe par une accélération du rythme des réalisations et l'adoption de nouveaux procédés modernes de construction. Pour une majorité de citoyens algériens, l'accès à un logement a longtemps relevé du rêve impossible à concrétiser. Cependant, l'année 1999 a marqué le point de départ d'une nette relance du secteur de l'habitat. L'amélioration de l'offre de logements est allée crescendo à la faveur du lancement des différents plans de développement. Inscrivant la question du logement au chapitre du renforcement des liens de solidarité sociale, le chef de l'Etat a réaffirmé dans son programme que "le soutien de l'Etat au secteur sera poursuivi pour résorber totalement le déficit en logements avant la fin du quinquennat 2015-2019". Traduisant les directives du chef de l'Etat, le plan d'action présenté récemment par le gouvernement Sellal prévoit la réalisation de 1,6 million de logements tous types confondus durant le quinquennat 2015-2019 afin d'absorber le déficit structurel dans ce domaine. Il est précisé que ces programmes seront multipliés pour répondre aux demandes de l'ensemble des candidats éligibles notamment les jeunes et concerneront également les algériens non résidents, sur le territoire national. Le recours à l'apport de partenaires étrangers Partant du constat de la faible capacité de l'outil de réalisation nationale et de son sous équipement, le gouvernement a décidé de recourir momentanément à l'apport des entreprises étrangères. L'Algérie a ainsi conclu, au cours des deux dernières années, une série d'accords cadre avec le Portugal, l'Espagne, l'Italie et les Etats-Unis d'Amérique pour la création de joint-ventures entre entreprises algériennes et étrangères. A travers ces partenariats, il est attendu notamment, une réduction des délais de réalisation par l'adoption de nouvelles techniques de construction, un transfert de technologie dans le domaine de l'industrie du bâtiment et l'organisation de cycles de formation au profit de jeunes techniciens algériens. Des usines de préfabrication lourdes et légères de logements sont également prévues dans la feuille de route de ce partenariat. Plusieurs accords de partenariat ont été ainsi signés entre des entreprises de réalisation européennes, principalement d'Espagne, d'Italie, de Portugal, et les filiales de la SGP Indjab. Cependant, ces partenariats tardent à porter leurs fruits. Si certaines sociétés mixtes sont en cours de lancement, d'autres ont déjà échoué. Le président du directoire de la SGP Indjab Mohamed Yassine Hafiane a souligné à cet égard que "tout partenariat dans ce domaine doit se reposer sur la confiance et sur le principe de gagnant-gagnant". Pour améliorer l'efficience des entreprises publiques de réalisation, les pouvoirs publics misent sur la restructuration de la société de gestion des participations de l'Etat (SGP) Indjab qui regroupe 56 entreprises spécialisées dans le bâtiment. Le plan de restructuration, transmis récemment au Conseil des participations de l'Etat (CPE), prévoit de scinder la SGP Indjab en cinq grandes entreprises, implantées à l'Est, à l'Ouest, au Centre, au Sud-est et au Sud-ouest, pour couvrir l'ensemble du territoire national. Pour leur part, les organisations patronales du secteur du bâtiment expliquent la faiblesse des capacités de réalisation des entreprises nationales par l'effet d'un environnement économique contraignant caractérisé par une forte pression fiscale, le développement du marché informel, le manque de main d'œuvre qualifiée, un insuffisant accompagnement des banques et un retard dans la mise en œuvre des programmes de mise à niveau. Au titre des doléances exprimées par les chefs d'entreprises, le président de la Confédération générale du patronat du bâtiment et des travaux publics (CGP-BPTH), Abdelmadjid Dennouni, a appelé à la révision des modalités d'attribution des marchés publics qui favorisent le "moins-disant" estimant que les conditions "draconiennes" incluses dans les cahiers de charge excluent les petites entreprises et empêchent notamment les PME de se développer. De son coté, le président de l'Union nationale des entrepreneurs du bâtiment (Uneb), Salim Gasmi estime que les entreprises algériennes sont en mesure de réaliser les projets du programme public de logement, mais relever ce défi requiert l'amélioration du climat des affaires et la levée de certaines contraintes notamment celles liées aux contentieux avec l'administration et au payement des factures de travaux. Une "révolution "dans les procédés de construction Pour le ministre de l'Habitat, de l'urbanisme et de la ville, Abdelmadjid Tebboune, la résorption de la crise du logement passe par une "révolution " dans les procédés de construction. Il a souligné, ainsi, à maintes occasions que " le défi pour le secteur est d'industrialiser le bâtiment en remplaçant la petite bétonnière par la centrale à béton, la poulie artisanale par la pompe à béton". Il a aussi rappelé que les capacités nationales de réalisation sont pour l'heure limitées à 80.000 logements/an alors que les besoins exprimés sont de l'ordre de 250.000 logements/an, une situation qui nécessite le recours momentané aux entreprises étrangères pour prendre en charge les différents programmes inscrits à l'actif su secteur, a-t-il dit. Pour autant, les pouvoirs publics encouragent les entreprises privées à accroître leurs capacités de réalisation, avait indiqué ministre, selon lequel l'objectif du secteur était de porter rapidement les capacités nationales de réalisation à près de 120.000 logements/an. Selon les données avancées par le ministre, le bilan des logements réceptionnés à la fin de l'année 2014 devrait ainsi atteindre 85% des objectifs du secteur au titre du programme quinquennal 2010-2014. Marque d'un fort engagement de l'Etat, les enveloppes financières mobilisées pour la relance du secteur de l'Habitat ont atteint au cours des dernières années un niveau record jamais égalé dans l'histoire du pays. Le montant des crédits alloués au secteur de l'habitat dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014, atteignent ainsi près de 63 milliards de dollars.