Si les prévisions toujours clémentes de la météo dans l'hémisphère nord contrebalancent une baisse prononcée des réserves aux Etats-Unis, les effets d'annonce de l'Opep et les nouveaux troubles au Nigeria ont inversé la tendance baissière. En effet, les cours du pétrole ont entamé, hier, leur deuxième jour de progression sur les échanges électronique, remontant au-dessus de 63 dollars le baril. Jeudi soir, le baril de WTI livrable en janvier prochain avait déjà terminé sur une hausse de 0,5% à 62,49 dollars, mettant ainsi fin à trois jours de baisse consécutifs. Les ordres en provenance d'autre régions du globe - en particulier d'Asie - faisaient monter le prix du baril de 1,4% à 63,39 dollars. Le pétrole est donc sous tension en prévision de la réunion de l'Opep qui pourrait décider jeudi d'une nouvelle réduction de sa production. La réunion cruciale, jeudi prochain, des principaux pays producteurs de brut réunis au sein de l'Opep est bien sûr dans toutes les têtes. Le cartel, qui a déjà réduit sa production le mois dernier afin de l'adapter à l'importance des réserves d'hydrocarbures accumulées par les pays consommateurs depuis des mois - et de canaliser la baisse des cours intervenue cet été - pourrait en effet de nouveau annoncer le resserrement de ses robinets. Mieux encore, le ministre indonésien de l'Energie et ex-président de l'Opep, Purnomo Yusgiantoro, a indiqué vendredi que l'Organisation pourrait réduire sa production de 1 à 1,5 million de barils jour (mbj) lors de cette réunion à Abuja (Nigeria). Le véritable argument dans la décision du cartel demeurera donc le gonflement des réserves mondiales et la façon dont ce dernier se reflète dans la structure des prix sur le marché. Le dernier point hebdomadaire sur les stocks de pétrole américain, publié mercredi, a en effet fait état de réservoirs remplis de 339,7 millions de barils, soit 14% de plus que la moyenne affichée au cours des cinq débuts d'hivers précédents. Selon certains analystes, les négociants tablent sur du temps doux pour l'hiver et soulignent que la prochaine réunion de l'Opep ne les inquiète pas trop. Pour cela ils avancent des doutes sur la concrétisation des mesures prises par le cartel. En effet, le mois dernier, plusieurs cabinets d'experts comptabilisant les volumes réels transportés par les tankers quittant les côtes des pays membres - en particulier celles du Golfe Persique - montraient que ces derniers rechignaient quelque peu à s'imposer les sacrifices nécessaires pour influencer les cours en leur faveur. Les derniers comptages montrent cependant que les choses commencent à bouger. Certes, le sondage d'experts organisé par l'agence Bloomberg indique encore que le mois dernier la production quotidienne du cartel a reculé de 0,55 million de barils à 28,82 millions alors que ces pays s'étaient accordés sur un resserrement de 1,2 million de barils. Il n'en reste pas moins que ce niveau est le plus bas atteint depuis mai 2004. Mais, le ralentissement se poursuit quand même : le pointage de l'agence britannique Oil Movements prévoyait ainsi que "seulement" 24,23 millions de barils seraient chargés en moyenne sur les quatre semaines amenant au 23 décembre. Cependant, avec des cours dépassant les 62 dollars le baril, plus de trois fois leur niveau de début 2002, certains analystes restent sceptiques sur la capacité de l'Opep, qui produit un tiers du pétrole mondial, a atteindre entièrement ses objectifs de baisse. Un scepticisme que devra évacuer le cartel en donnant un signal fort de sa détermination à partir d'Abuja jeudi prochain.