Le délai de dépôt des candidatures pour le poste de président de la République en Irak est arrivé à expiration, avant-hier, au lendemain du retour du chef d'Etat irakien Jalal Talabani, après 18 mois d'absence pour des soins à l'étranger, au moment où le pays subit sa plus grave crise depuis des années. M. Talabani, devenu président de l'Irak en 2005, avait quitté son pays le 20 décembre 2012, deux jours après avoir été victime d'une attaque cérébrale. A 80 ans, le leader kurde est de retour dans un pays en proie au chaos après une offensive d'insurgés menés par des éléments extrémistes de l'Etat islamique (EI) et qui doit faire face à d'importants défis sur le plan politique. Après plusieurs reports causés par de profondes divisions politiques, les députés ont réussi à élire mardi le chef du Parlement, Salim al-Joubouri, et doivent désormais choisir le président de la République, à qui il reviendra de désigner un Premier ministre, censé former un gouvernement d'union pour sauver le pays de l'implosion. Mais voilà que la date limite du dépôt des candidatures est arrivée à expiration dimanche. Le poste de président, principalement protocolaire, est, selon une règle non écrite, occupé par un Kurde. Le poste de Premier ministre par un chiite et la présidence du Parlement par un sunnite. Parallèlement, les tensions s'accroissent avec les Kurdes, dont les forces ont profité de la crise pour s'emparer de territoires et de champs de pétrole disputés et qui souhaitent désormais tenir un référendum d'indépendance. Les volontés indépendantistes du Kurdistan autonome irakien ont déclenché la colère du Premier ministre Nouri al-Maliki, à qui plusieurs voix ont réclamé le départ pour favoriser les efforts de réconciliation nationale. M. al Maliki est vivement critiqué après huit ans de pouvoir pour son "autoritarisme" et "son choix de marginaliser" la minorité sunnite, mais son bloc est arrivé largement en tête du scrutin du 30 avril. Poursuite de l'offensive des insurgés Sur le terrain, sept attaques ayant fait au moins 24 morts et 75 blessés ont frappé samedi six quartiers de la capitale Baghdad, selon des sources des services médicaux et de sécurité. Quatre des attaques, qui ont visé des points de contrôle de l'armée, de la police, ont été revendiquées par l'Etat islamique (EI, affilié à Al-Qaïda). A Mossoul, le groupe ultra-radical, qui contrôle la ville depuis juin, a lancé vendredi un ultimatum donnant à la minorité chrétienne quelques heures pour quitter les lieux, sans quoi ils seraient exécutés. Et dans la province de Diyala (est), un ancien membre des milices anti-Al-Qaïda a été tué avec cinq membres de sa famille, selon la police et des sources hospitalières. L'Irak connaît sa crise la plus grave depuis des années avec la prise depuis le 9 juin de pans entiers de son territoire par les insurgés. Les violences survenues ces six dernières semaines ont fait des milliers de morts et conduit quelque 600.000 Irakiens à abandonner leur foyer, selon l'ONU. Le nombre de déplacés atteint désormais 2 millions de personnes en Irak, où un million d'habitants avaient quitté leur domicile lors de précédentes phases de violences.