Alstom a dévoilé cette semaine des commandes record au premier trimestre 2014-15 grâce à un contrat géant en Afrique du Sud, une annonce saluée par les investisseurs qui semblent faire fi de la situation difficile dans l'énergie, en cours de cession. Les prises de commandes ont doublé d'une année sur l'autre pour atteindre à 8,2 milliards d'euros, dopées par un contrat d'environ 4 milliards d'euros, le plus gros de l'histoire du groupe industriel français, pour la fourniture de 600 trains de banlieue à l'Agence des trains de passagers sud-africains (Prasa). "Le début de l'année est marqué par un fort démarrage en termes de commandes, grâce à un Transport qui a maintenu une dynamique commerciale élevée", a commenté le -PDG Patrick Kron dans un communiqué. Le titre Alstom gagnait 1,53% à 27,82 euros peu après l'ouverture de la Bourse de Paris. "Le marché devrait surtout se focaliser sur la branche Transport désormais, maintenant que le deal avec GE est sur les rails", a estimé le courtier Aurel BGC dans une note. Le chiffre d'affaires s'affiche lui en recul de 4% à 4,34 milliards d'euros, au terme fin juin des trois premiers mois de l'exercice décalé du groupe. Mais comme pour les commandes, cette contre-performance, légèrement inférieure aux attentes, masque une réalité contrastée: les ventes de la branche transport ont progressé de 16%, tandis que celles dans l'énergie sont en recul de 12%, faute notamment de grands contrats de projets clés en main dans l'activité principale des centrales thermiques (Thermal Power), pénalisées par un marché européen de l'électricité en surcapacité. Les centrales au gaz sont particulièrement à la peine, souffrant de la double concurrence de l'électricité d'origine renouvelable injectée prioritairement dans le réseau (qui décourage les investissements dans les énergies conventionnelles) et du renouveau du charbon, dont le prix a baissé en Europe du fait d'importations américaines bon marché. Alstom doit céder cette activité de turbines à gaz au conglomérat américain General Electric, qui a mis 12,35 milliards d'euros sur la table au terme d'une bataille acharnée avec le tandem Siemens-Mitsubishi Heavy Industries (MHI) surveillée de près par l'Etat français. L'équipementier français, qui fabrique les TGV, créera aussi avec le conglomérat américain trois coentreprises détenues à parité dans les énergies renouvelables, les réseaux électriques et les turbines à vapeur. Dans le même temps, il va lui racheter son activité de signalisation ferroviaire pour renforcer son pôle transport, jugé plus porteur, sur lequel il entend se recentrer à l'avenir.
Pas de prévisions Alstom a prévu de convoquer une assemblée générale "avant la fin 2014" pour approuver ces transactions dont la finalisation est prévue au premier semestre 2015. L'Etat français s'est donné 20 mois à partir de là pour acquérir 20% du capital d'Alstom auprès de Bouygues, principal actionnaire du groupe avec une part de 29,4%, ou sur le marché. Dans l'intervalle, Bouygues a accordé un prêt de titres à l'Etat, qui permet à ce dernier d'avoir des relais au conseil d'administration et de peser sur la stratégie. A la fin juin, le carnet de commandes total d'Alstom atteignait 56 milliards d'euros, représentant plus de deux ans et demi d'activité. Mais "dans les activités de l'énergie, le secteur Thermal Power n'a pas enregistré de grandes commandes en nouveaux équipements pour centrales", tandis que les activités dans les énergies renouvelables et les réseaux électriques "ont enregistré un bon début d'année", a indiqué M. Kron. Les ventes de ces trois secteurs sont en revanche en berne, et Alstom a dit ne pas être en mesure de fournir de prévisions pour l'ensemble de l'année en cours "compte tenu des circonstances actuelles". Le groupe a ainsi prévenu que la croissance organique du chiffre d'affaires du pôle transport au premier trimestre (+17%) n'était "pas extrapolable sur le reste de l'année", même si "les ventes du secteur devraient montrer une progression soutenue". "Alstom prévoit de communiquer plus de détails sur les perspectives d'Alstom Transport en temps voulu", a-t-il précisé.