Wall Street a poursuivi son recul vendredi, en proie à une certaine anxiété au lendemain d'une nette chute et tentant de discerner l'impact sur la politique monétaire américaine d'un rapport sur l'emploi décevant: le Dow Jones a cédé 0,42%, le Nasdaq 0,39%. Selon des résultats définitifs, le Dow Jones, qui avait enregistré sa pire séance en six mois jeudi, a encore perdu 69,93 points à 16 493,37 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 17,13 points à 4 352,64 points. L'indice élargi S&P 500 a perdu 0,29%, soit 5,52 points, à 1 925,15 points. Le marché a évolué entre prudence et nervosité, a observé Sam Stovall de S&P Capital IQ. Combien de personnes veulent vraiment s'engager au lendemain d'une séance au cours de laquelle le Dow Jones a perdu plus de 300 points, effaçant au passage tous ses gains de l'année? Une certaine angoisse plane sur le marché, a estimé pour sa part Gregori Volokhine de Meeschaert Financial Services. L'élément déclencheur est selon lui le petit durcissement de ton de la Réserve fédérale (Fed) qui a mentionné mercredi pour la première fois dans un communiqué que l'inflation se rapprochait de son objectif de 2%. Cela ravive l'idée que la Fed pourrait relever son taux directeur avant la deuxième moitié de 2015, une perspective qui suffit à rendre les marchés nerveux, a expliqué M. Volokhine. La politique monétaire très accommodante menée par l'institution, avec des taux d'intérêt directeurs proches de zéro depuis 2008 pour inciter au crédit, a en effet largement participé à l'afflux d'argent dit facile sur le marché des actions. Le rapport mensuel sur l'emploi américain diffusé avant le début de la séance a bien apporté un peu de répit. Certains observateurs considéraient que ces chiffres un peu décevants étaient de bon augure pour les marchés financiers puisqu'ils tempèrent les craintes d'une remontée anticipée des taux d'intérêt, a remarqué Patrick O'Hare de Briefing.com. Mais après quelques incursions dans le vert en début de séance, les indices de Wall Street se sont enfoncés dans le rouge dans le sillage d'autres indicateurs reflétant une image contrastée de l'économie américaine. Côté négatif, le moral des ménages a baissé en juillet et les dépenses de construction ont reculé en juin. Les interrogations sur les conséquences du défaut de paiement de l'Argentine et des tourments de l'établissement financier portugais Banco Espirito Santo ont aussi participé au malaise des investisseurs.
Bons résultats pour Tesla Selon une deuxième estimation de l'indicateur établi par l'Université du Michigan, le moral des ménages a baissé en juillet. Sur le front de l'immobilier, les dépenses de construction ont reculé de façon inattendue en juin, selon le département du Commerce. Mais la croissance de l'activité dans le secteur manufacturier a accéléré davantage que prévu en juillet dans le pays, selon l'indice des directeurs d'achat de ce secteur de l'association professionnelle ISM. Et les revenus et les dépenses des ménages ont augmenté au même rythme soutenu en juin, de 0,4%. Les courtiers digéraient par ailleurs une salve de résultats d'entreprises mitigés. Le groupe de produits d'hygiène et cosmétiques Procter & Gamble, qui a augmenté ses bénéfices plus que prévu sur son exercice clos fin juin, en dépit de ventes un peu décevantes, prenait 3,39% à 79,94 dollars. Le groupe énergétique Chevron a lui fait mieux que prévu au deuxième trimestre, mais sa production a été affectée par la maintenance de certains puits pétroliers. Son action, également pénalisée par la nette baisse des prix du brut ces derniers jours, reculait de 1,22% à 127,66 dollars. LinkedIn, le réseau social professionnel, bondissait de 9,85% à 198,44 dollars grâce à son chiffre d'affaires plus important qu'attendu. Le constructeur de voitures électriques Tesla, l'un des chouchous de Wall Street, a pour sa part fait état de bénéfices et d'un chiffre d'affaires supérieurs aux attentes (+2,91% à 229,80 dollars).