Les Bourses européennes ont fini, avant-hier, pour la plupart en recul, déçues par la Banque centrale européenne (BCE) dont le discours négatif sur la situation économique en zone euro inquiète les investisseurs. La BCE a baissé son taux directeur de 0,25 point à 0,75%, son plus bas niveau historique, dans une tentative de doper une économie européenne morose. "Ces réductions de taux rappellent que le ralentissement de l'économie mondiale est aussi grave que persistant", a noté Frederick Dickson, de DA Davidson. Du coup, les investisseurs se sont plutôt arrêtés sur le discours du président de la BCE Mario Draghi qui s'attend à une faible activité économique pour plusieurs mois. "Le fait que la BCE ramène à zéro le taux de dépôts a été interprété comme un signal alarmiste", explique Renaud Murail, gérant chez Barclays Bourse. En outre, M. Draghi a balayé les espoirs de nouvelles mesures exceptionnelles, comme de nouveaux prêts exceptionnels aux banques ou des rachats de dette publique. L'Eurostoxx 50 a perdu 1,14% La Bourse de Paris a terminé en baisse, le CAC 40 lâchant 1,17% à 3 229,36 points, tiré vers le bas par les valeurs bancaires en raison des craintes sur l'Europe. Crédit Agricole a cédé 3,09% à 3,64 euros, BNP Paribas 2,0% à 30,40 euros et Société Générale 1,35% à 18,59 euros. ArcelorMittal (-3,35% à 12,43 euros) et Imerys (-3,07% à 39,76 euros) ont souffert d'un abaissement de recommandation par HSBC. Veolia Environnement a enregistré la plus forte baisse de la cote (-5,79% à 9,43 euros), pénalisé par une note de la banque UBS. EADS a perdu 1,72% à 28,50 euros. L'avion de transport militaire européen A400M ne fera pas de démonstrations en vol au salon aéronautique de Farnborough (Grande Bretagne) en raison d'un problème de moteur, a annoncé la filiale du groupe, Airbus. L'indice vedette Dax de la Bourse de Francfort a fini en baisse de 0,45% à 6535,56 points. Volkswagen a gagné 5,08% à 134,50 euros. L'agence de notation Fitch a assuré que l'annonce par le constructeur que son rachat de Porsche serait finalisé le 1er août ne changeait rien à sa solvabilité, saluant ses "réserves de liquidités substantielles". Le groupe de chimie-pharmacie Merck KGaA a au contraire perdu 2,26% à 78,14 euros, après l'un échec de son traitement anticancéreux Erbitux. A la Bourse de Londres, l'indice FTSE-100 a fini lui en petite hausse, gagnant 0,14% à 5 692,63 points. Parmi les valeurs, l'équipementier GKN a terminé sur un bond de 11,2% à 207,6 pence après avoir conclu un accord en vue du rachat de Volvo Aero, filiale du suédois Volvo spécialisée dans les moteurs d'avions, pour 633 millions de livres (790 millions d'euros). L'assureur Aviva a pris 3,16% à 290,2 pence. La banque Barclays a pour sa part progressé de 1,33% à 168,2 pence, regagnant un peu du terrain perdu depuis le scandale des manipulations de taux Libor. L'indice vedette de la Bourse de Milan, le FTSE Mib, a dégringolé de 2,03% à 14 089 points. Ansaldo STS, filiale de l'industriel Finmeccanica, et Finmeccanica lui-même, ont enregistré les meilleurs résultats, prenant respectivement 3,87% à 5,9 euros et 2,21% à 3,242 euros. Les bancaires ont encore souffert après la hausse des taux: Unicredit (-5,13% à 2,812 euros), UBI Banca (-4,82% à 2,45 euros), Intesa Sanpaolo (-4,40% à 1,044) et Banca Monte dei Paschi di Siena (-4,35% 0,189 euro). La Bourse de Madrid a terminé en baisse, l'indice Ibex-35 plongeant de 2,99% à 6 954,2 points, plombé par ses banques. Santander a reculé de 3,94% à 5,096 euros, BBVA de 4,81%, à 5,458 euros, CaixaBank de 3,45% à 2,549 euros et Banco Popular de 2,92% à 1,695 euro. L'Espagne a payé plus cher (6,430%) pour emprunter sur l'échéance phare à dix ans, alors que le pays devrait annoncer bientôt de nouvelles coupes budgétaires. L'indice AEX de la Bourse d'Amsterdam a cédé 0,59% à 312,97 points. La baisse la plus forte a été enregistrée par Air France-KLM (-3,80% à 3,89 euros). Parmi les valeurs en hausse, Shell gagne 0,71% à 27,52 euros. La Bourse de Bruxelles a perdu 0,92% à 2 242,88 points, réagissant négativement à la BCE. C'est le bancassureur KBC qui a perdu le plus de terrain (-3,41% à 17,43 euros), suivi par le chimiste Solvay (-2,43% à 76,77 euros) et le métallurgiste Umicore (-2,48% à 35,83 euros). Les hausses ont été moins nombreuses, la principale étant le fait du numéro un mondial du zinc Nyrstar (+0,92% à 4,15 euros). A Lisbonne, l'indice PSI-20 a reculé de 1,67% à 4863,18 points, entraîné par Galp Energia (-3,97%) et le poids-lourd de la distribution Jeronimo Marins (-3,15%). Le secteur financier a également enregistré de fortes baisses: BPI a dévissé de 4,34%, BES de 3,42% et BCP de 1,96%. L'indice SMI de la Bourse Suisse a fini quasi-stable (+0,02%) à 6202,32 points. Le groupe pharmaceutique Actelion a fait un bond de 3,33% à 40,95 francs, profitant de résultats meilleurs que prévu d'une molécule en cours de test, le Macitentan. Les bancaires ont légèrement bougé: Credit Suisse (+0,06% à 17,80 francs), UBS à 11,12 francs (-0,27%) et Julius Baer (-0,20% à 34,75 francs). Wall Street finit sans direction, se réserve pour les chiffres sur l'emploi Wall Street a fini sans direction, avant-hier, à l'issue d'une journée riche en actualité économique, les investisseurs restant toutefois hésitant avant la publication des chiffres de l'emploi (prévue hier) aux Etats-Unis: le Dow Jones a cédé 0,36% et le Nasdaq est resté stable (0%). Selon les chiffres définitifs à la clôture, le Dow Jones Industrial Average a cédé 47,15 points à 12 896,67 points et le Nasdaq, à dominante technologique, a grignoté 0,04 point à 2 976,12 points. L'indice élargi Standard & Poor's 500 a perdu 0,47% (-6,44 points) à 1.367,58 points. Wall Street avait ouvert en baisse avant que le Dow Jones ne se hisse en territoire positif à la mi-journée. Selon Peter Cardillo, de Rockwell Global Capital, il s'agissait d'une réaction tardive aux chiffres du rapport ADP qui a montré que les embauches s'étaient accélérées en juin dans le secteur privé, les entreprises privées américaines créant ce mois-là 29% de postes de plus qu'en mai. Mais cela n'a été que de courte durée et l'indice phare de la bourse new-yorkaise a finalement fini à la baisse. Deux courants de pensée se sont affrontés ainsi toute la journée, a souligné Gregori Volokhine, de Meeschaert New York. D'un côté, il y a (les investisseurs) qui disent que les chiffres du jour sur l'emploi, le relevé ADP et le rapport hebdomadaire, laissent présager de bons chiffres demain lors de la présentation de l'état du marché du travail aux Etats-Unis en juin, a-t-il dit. En effet, les embauches se sont accélérées en juin dans le secteur privé, les entreprises privées américaines créant ce mois-là 29% de postes de plus qu'en mai selon le rapport ADP. Les nouvelles inscriptions au chômage ont en outre baissé aux Etats-Unis dans les derniers jours de juin. Il s'agit de la deuxième baisse hebdomadaire consécutive et le repli est plus fort que ne le pensaient les analystes. Et puis l'autre façon de raisonner est de juger décevant l'ISM (Indice des directeurs d'achats pour les services), a poursuivi M. Volokhine, tout en notant que l'annonce de la baisse des taux de la banque centrale européenne (BCE), et le discours qui a suivi, sont plutôt inquiétants par rapport à l'état de l'économie européenne. L'activité dans les services a en effet ralenti sa progression en juin, indique l'indice ISM non-manufacturier, qui a perdu 1,6 point par rapport à mai, pour s'établir à 52,1%, son niveau le plus faible depuis janvier 2010. Le marché obligataire a fini en hausse. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a reculé à 1,597% contre 1,629% mardi, et celui à 30 ans à 2,722% contre 2,741%. Tokyo finit en baisse de 0,27% La Bourse de Tokyo a terminé, avant-hier, la séance en baisse de 0,27%, prudente avant une réunion de la Banque centrale européenne (BCE) qui devrait annoncer une baisse de son principal taux directeur. A la clôture, l'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes s'est effrité de 24,37 points à 9 079,80 points. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a perdu de son côté 0,30%, lâchant 2,33 points à 776,37 points. L'activité a été très faible, avec 1,43 milliard d'actions échangées sur le premier marché. Les investisseurs sont restés en retrait, au lendemain d'un jour férié aux Etats-Unis, où les marchés sont restés fermés, et avant la réunion de la BCE dont ils espèrent un soutien à l'économie européenne. Ces jours-ci, les opérateurs sont à l'affut de toute nouvelle macro-économique susceptible de ramener un peu d'optimisme sur le marché, toujours fondamentalement inquiet de la crise d'endettement européenne et de ses répercussions négatives sur la croissance mondiale. Les données peu encourageantes publiées ces dernières semaines en Europe, aux Etats-Unis et même en Chine font croire aux investisseurs que les banques centrales vont soutenir l'activité d'une manière ou d'une autre. "L'énergie manque sur le marché car les investisseurs rechignent à être offensifs avant de possibles décisions à l'étranger", a expliqué Hiroichi Nishi, courtier chez SMBC Nikko Securities, cité par Dow Jones Newswires. Une légère montée du yen face au dollar et à l'euro a renforcé cette tendance à l'attentisme, voire à la vente, un yen trop vigoureux sapant la compétitivité à l'étranger des produits Made in Japan. Parmi les secteurs les plus fragiles de la journée a figuré l'immobilier: Mitsubishi Estate a chuté de 2,30% à 1 401 yens et Mitsui Fudosan de 2,02% à 1 502 yens. Les firmes pétrolières ont aussi été sur la défensive, la morosité de la croissance mondiale pesant sur les cours de l'or noir: JX Holdings a perdu 1,72% à 401 yens et Inpex 1,19% à 456 500 yens. Autres perdantes du jour, les compagnies d'électricité, qui s'attendent à passer un été difficile. Le manque de réacteurs nucléaires depuis l'accident de Fukushima limite en effet la production et risque d'alimenter des tensions sur le réseau, particulièrement lors des chaleurs estivales où les climatiseurs fonctionnent à plein. Kansai Electric Power a cédé 1,73% à 909 yens et Chubu Electric Power 1,54% à 1 271 yens. Tokyo Electric Power a en revanche grignoté 0,65% à 155 yens, en raison d'achats opportunistes alors que le titre a perdu l'essentiel de sa valeur. Une heure avant la clôture, une commission d'enquête mandatée par le Parlement nippon a pointé la lourde responsabilité de la compagnie dans l'accident de la centrale Fukushima Daiichi de mars 2011, dont Tepco est gestionnaire. La compagnie a toujours affirmé que le tsunami de 15 mètres de haut ayant déferlé sur la centrale juste avant l'accident était "imprévu", mais la commission a souligné que Tepco, qui était au courant des risques, n'avait pas pris les mesures de sûreté nécessaires. Parmi les hausses, à noter les valeurs bancaires, portées par les espoirs d'assouplissement monétaire: Mitsubishi UFJ Financial Group a grimpé de 1,28% à 397 yens et Sumitomo Mitsui Financial Group de 0,26% à 2 651 yens. Deux jours après avoir chuté de près de 14% en raison d'une annonce d'augmentation de capital, la compagnie aérienne All Nippon Airways (ANA) a, comme la veille, repris un peu de terrain, grignotant 1,53% à 198 yens.
