Œil pour œil, c'est ce que semble répondre la Russie aux Etats-Unis et à l'Union européenne suite à la décision de sanctions contre ce pays en rapport avec ses positions sur le conflit en Ukraine. C'est tout à fait logique pour un Etat indépendant de se défendre contre ce consensus économique qui lui est imposé. En effet, la Russie, en toute indépendance, a mis jeudi en application l'interdiction de toutes les importations de viande, poisson, fruits, légumes et produits laitiers en provenance des Etats-Unis, de l'Union européenne et de plusieurs autres pays (Australie- Canada- et la Norvège) qui se sont solidarisés pour exécuter ces sanctions. L'Union européenne (UE) a répondu qu'elle se réserve "le droit de prendre des mesures" contre Moscou après cette décision, qu'elle considère "clairement politique" des autorités russes. La Russie a limité pour une année les importations depuis ces pays. Selon le Premier ministre de Russie, Dmitri Medvedev, ces mesures "nettoieront les rayons de magasins pour les producteurs russes". Ajoutant que cette situation offrait à la Russie l'occasion unique de résoudre le problème de substitution d'importations. En outre, les autorités du Kremlin se disent disposées à revoir les "règles des vols" transsibériens pour les compagnies occidentales ainsi qu'à introduire des mesures protectionnistes dans la construction aéronautique, automobile et dans les constructions navales. Dans cette perspective, le gouvernement russe envisage la possibilité d'introduire des sanctions sur les compagnies aériennes européennes qui appliquent ces sanctions. Medvedev à aussi laissé planer l'idée de bloquer le survol du territoire russe par les compagnies aériennes effectuant des liaisons entre l'Europe et l'Asie via la Sibérie, la route la plus courte. Une mesure qui provoquera pour ces compagnies un important surcoût en carburant. Les sanctions économiques décidées au mois de juillet par les Etats-Unis et l'UE contre la Russie apparaissent sans précèdent depuis la Guerre froide. Moscou accusé de soutenir militairement les séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine fait dire au président Vladimir Poutine que "l'heure est venue pour la Russie d'introduire des sanctions délicates, contre l'Occident et l'Ukraine". Une réponse claire destinée aux Etats-Unis et à l'UE qui ont déclaré la "guerre économique" à l'ex-URSS. Ces deux coalisés dans cette prise de décisions, viennent d'avoir une réponse russe qui revêt un caractère défensif. L'UE, prise dans son propre piège, invoque déjà les règles de l'OMC. Ce à quoi le Kremlin lui rappelle que la Russie a déjà averti que les sanctions de l'UE à son encontre contredisaient ces mêmes règles de l'OMC. "Il est déjà tard d'invoquer l'OMC, il aurait fallu commencer par soi-même". Face à cet embargo économique, le gouvernement de la Russie ne semble pas gêné, mieux encore, il parait se soulager d'un fardeau pour remplacer les importations européennes. Au premier chef, se sont les pays du BRICS, ses voisins et les partenaires de l'Union douanière qui approvisionneront la Russie en produits. Mais la Russie doit développer sa propre production, insiste-t-on au Kremlin. En ce sens, les sanctions offrent une bonne opportunité aux producteurs russes. "Importer tant de denrées de l'étranger est honteux. Cela torpille notre sécurité alimentaire", souligne le politologue russe Pavel Sviatenkov.