La crise diplomatique entre Moscou et les capitales occidentales, causée par l'intégration de la Crimée à la Fédération de Russie, continue d'alimenter les craintes sur l'avenir de l'Ukraine. Hier, le président russe, Vladimir Poutine, a signé le document qui officialise l'intégration territoriale de la Crimée. Le Parlement russe avait voté dans la matinée et à l'unanimité le rattachement de la Crimée. Parallèlement, Kiev a annoncé avoir signé à Bruxelles le «volet politique» de l'accord d'association avec l'Union européenne, auquel s'était opposé Moscou fin 2013 et qui est le point d'orgue de l'actuelle crise entre la Russie et les puissances occidentales. Le texte en question a été validé par les 28 dirigeants de l'UE et signé par le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, ce qui ouvre la voie à une intégration économique de l'Ukraine. Mais l'adhésion de l'Ukraine à l'UE ne semble pas faire partie des préoccupations actuelles des dirigeants des deux parties, ont rapporté les médias européens. Les sanctions n'ont toutefois pas tardé à pleuvoir des deux côtés, puisque la Russie a annoncé qu'elle réclamerait le remboursement d'une dette de l'ordre de onze milliards de dollars et l'annulation du rabais accordé à Kiev concernant la vente du gaz russe à l'Ukraine. Cette aide financière avait été accordée par Moscou en échange de sa présence sur la péninsule de Crimée. C'est le cas aussi pour les avantages accordés à l'Ukraine en matière de commerce gazier. Le Premier ministre russe, M. Medvedev, avait estimé que ces accords n'étaient plus valables à partir du moment où la Crimée ne fait plus partie de l'Ukraine. La réaction russe est venue au lendemain des sanctions économiques et diplomatiques prises par les Etats-Unis, qui ont interdit d'entrée en territoire américain des figures proches du régime russe ainsi que les activités d'une banque russe. La Russie sanctionne aussi trois proches de Barack Obama mais ne compte pas réagir pour le moment en adoptant des sanctions économique contre les pays de l'UE, dont certains dépendant totalement du gaz russe sur le plan énergétique. L'UE a opté pour les mêmes sanctions que les Etats-Unis. La France a, par ailleurs, annoncé la suspension de toutes ses activités de coopération militaire avec la Russie, par la voix de son ministre de la Défense français, Jean-Yves le Drian, en tournée dans les pays Baltes. De son côté, l'Allemagne a annoncé hier la visite de son chef de la diplomatie à Kiev, en signe de soutien à l'Ukraine, ont rapporté les médias allemands. Le pays du Levant, le Japon, a annoncé, quant à lui, une aide financière de près de 800 millions de dollars au profit du gouvernement de transition ukrainien, pour faire face à une crise économique endémique dans ce pays qui se retrouve en fait entre le marteau et l'enclume. Face à la montée des tensions et à ce qui ressemble à de la surenchère qui prend en otage l'Ukraine, le Secrétaire général de l'ONU a décidé de réagir. Ban Ki-moon, dont on a peu entendu la voix sur la situation en Ukraine, a estimé hier que la crise ukrainienne ne pourrait être résolue sans le respect de l'intégrité territoriale de ce pays. «La crise actuelle ne peut être résolue que par la voie pacifique et diplomatique en respectant le principe de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine», a déclaré M. Ban au cours d'une conférence de presse, en référence à l'annexion de la Crimée à la Russie. L. M./Agences