La déclaration sur la sécurité énergétique, adoptée au sommet du G8 de Saint-Pétersbourg en juillet 2006, insistait sur la mise en place de "marchés ouverts, transparents et efficaces pour la production, les fournitures, l'exploitation, le transport et le transit d'énergie en tant que clé de voûte de la sécurité énergétique globale". Le principe selon lequel la sécurité énergétique globale signifie non seulement la sécurité des livraisons, mais aussi la sécurité de la demande, a été inscrit dans les documents finaux du sommet du G8, donc accepté par toutes les puissances du monde. Cependant, force est de constater que les mesures proposées par l'Union européenne dans le domaine de la libéralisation du marché énergétique portent le caractère protectionniste et sont dirigées, avant tout, vers la défense du marché européen contre la pénétration des compagnies étrangères. En effet, ces propositions qui s'inscrivent, précise-t-on, dans la politique énergétique de l'UE, prévoient de démanteler les positions dominantes des grands groupes européens du gaz et de l'électricité, mais aussi de limiter l'accès à de puissants groupes étrangers. Dans le détail, ce sont des mesures qui posent des conditions sévères aux groupes non européens. Il faut dire que le géant semi-public russe Gazprom, qui cherche ces derniers temps à renforcer ses positions en Europe occidentale, ou encore le groupe Sonatrach sont directement visés. Ces deux groupes essayent, en effet, de consolider leurs positions sur le marché gazier européen ouvert à la concurrence depuis 1998, à travers deux directives élaborées et adoptées par Bruxelles. Ces ambitions semblent être bloquées aujourd'hui par la Commission européenne qui a réduit l'accès au marché européen. Cette mesure va à l'encontre du discours libéral développé par l'UE en matière gazière. En d'autres termes, de telles actions poussent les fournisseurs à aller plus vers la coordination de leurs politiques énergétiques. Au moment où l'Europe reproche aux producteurs le difficile accès à leurs marchés, elle cloisonne le sien par un package de législations autant nationales que communautaires. Face à cette situation, les pays producteurs des ressources énergétiques peuvent et doivent faire des contre-mesures en compliquant l'accès aux compagnies européennes à leurs secteurs énergétiques nationaux. L'idée du cartel gazier qui fait jaser l'Europe, se pose, dans ces conditions, comme un option plus qu'intéressante pour la protection des intérêts économiques des producteurs de gaz dans leurs relations avec l'EU. D'autant que la réalisation du plan, proposé par Bruxelles, amènera en réalité la création en Europe d'un cartel des consommateurs des ressources énergétiques. Dans le cas de l'Algérie, il serait avantageux de coordonner l'activité avec d'autres pays producteurs comme la Russie, pour justement développer la coopération avec leurs compagnies dans le domaine de l'exploration, l'exploitation, la production, et le transport, ainsi que dans la sphère de l'échange des technologies. Dans le monde interdépendant où nous vivons aujourd'hui, l'égoïsme énergétique européen ne mènera qu'à l'impasse. La redistribution de l'énergie en fonction des intérêts du petit groupe d'Etats les plus développés ne correspond pas aux buts et objectifs du développement mondial.