Les effets de la crise du gaz entre la Russie et l'Ukraine, celle-ci avait abouti en janvier dernier à une coupure des approvisionnements, continuent de mobiliser les pays européens. L'Europe cherche toutes les solutions possibles qui lui permettraient de diversifier ses approvisionnements. Parmi les initiatives prises ces derniers temps, figure celle de la Bulgarie qui a organisé un sommet réunissant une trentaine de pays producteurs et consommateurs de gaz. La Bulgarie qui est dépendante du gaz russe transitant par l'Ukraine a été la grande victime de la crise de janvier. Durant deux jours, les représentants de ces pays se sont retrouvés autour de la problématique « Du gaz naturel pour l'Europe, sécurité et partenariat ». Le sommet a réuni les représentants des pays de l'Europe centrale et orientale les plus touchés par la crise de janvier, celui de la Russie représentée par son ministre de l'Energie, le président de la Commission européenne ainsi qu'un représentant de l'administration américaine. Le sommet a adopté une déclaration, reprise largement par les agences de presse, dans laquelle sont consignées les conclusions tirées à la suite de la crise de janvier. Les participants au sommet ont appelé à « une grande diversité, plus de concurrence et de transparence dans tous les aspects de la chaîne d'approvisionnement afin de renforcer la sécurité énergétique ». Afin d'éviter que ne se reproduise la crise de janvier, les participants au sommet ont souligné « la nécessité d'un lien efficace et durable de coopération entre producteurs, pays de transit et pays consommateurs pour répondre aux situations d'urgence et rendre les marchés plus efficaces ». Un passage de la déclaration où il est souligné que « tous les pays de transit devraient assurer sans problèmes les flux de gaz et remplir les termes de leurs contrats », concerne directement l'Ukraine. La déclaration met aussi en relief la construction de terminaux de GNL, de centres de stockages et de meilleures interconnexions entre les réseaux européens. A ce propos, à l'entame du sommet, le président bulgare, initiateur de la rencontre, avait appelé à une nouvelle manière de voir la sécurité énergétique de l'Europe en développant un marché unique qui permettrait d'assurer la sécurité énergétique tout au long de la chaîne d'approvisionnement. L'une des principales conditions de la sécurité des approvisionnements énergétiques reste la diversification des sources d'approvisionnement et des fournisseurs. Si l'Europe n'a aucun problème avec les sources du Sud comme l'Algérie considérée comme fournisseur fiable, ou bien les nouveaux, comme la Libye, l'Egypte ou le Qatar qui commencent à approvisionner l'Europe, elle se retrouve depuis maintenant trois ans fragile sur un autre flanc à cause du différend entre la Russie, pays fournisseur et l'Ukraine, pays de transit. De nouvelles routes sont explorées pour la diversification, comme les projets de gazoduc South Stream et Nabucco. Le projet South Stream, lancé par le groupe russe Gazprom et le groupe italien ENI, doit passer sous la mer Noire. Son coût a été évalué à 10 milliards d'euros. Le projet Nabucco doit contourner la Russie. Il est soutenu par l'Union européenne et les Etats-Unis. Il doit transporter du gaz d'Asie centrale et de la mer Caspienne en traversant la Turquie d'est en ouest, la Grèce, la Bulgarie, la Roumanie et l'Autriche. Son coût est estimé à 7,9 milliards d'euros. Si ces deux projets sont considérés comme concurrents sur le plan géopolitique, ils n'arrivent pas néanmoins à démarrer à cause d'un problème de financement. Si pour South Stream, la disponibilité du gaz est garantie pour le remplir, pour Nabucco la tâche est moins aisée. Mais sur le plan politique, l'Europe semble plutôt opter pour Nabucco pour échapper à l'emprise « russe ». En politisant la question du gaz, les Européens semblent être en train de perpétuer la crise de la sécurité des approvisionnements puisque même le projet Nabucco fait l'objet de luttes intestines entre groupes énergétiques et gouvernements en Europe même.