Les Européens sont sortis quelque peu déçus de la réunion du G8 à Moscou. S'inquiétant de la fiabilité de la fourniture en gaz russe (25% de leur consommation), ils n'ont pas reçu de Moscou l'assurance qu'elle signera le protocole permettant d'améliorer le climat d'investissement en Russie et dans les pays de transit. Le président Poutine a, cependant, promis « des propositions et des initiatives concrètes » pour le sommet du G8 en juillet, tout en appelant les pays du G8 à s'unir pour relever les défis énergétiques. Les membres du G8 se sont ainsi partagés sur les solutions au problème de la sécurité énergétique, les Etats-Unis et la Russie, eux, ont prôné un développement du nucléaire et leurs partenaires insistent sur une augmentation à court terme des investissements dans le secteur des hydrocarbures. Les Européens, qui n'ont pas obtenu de réponse concrète de Moscou aux inquiétudes sur leur approvisionnement énergétique en provenance de Russie, devront attendre le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du G8 (Etats-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Italie, France, Allemagne, Japon et Russie) en juillet. Les huit ministres de l'Energie ont appelé, dans leur déclaration finale, à un « vaste développement » du nucléaire civil dans « les pays qui le souhaitent » pour répondre à leurs besoins énergétiques à long terme. Le texte souligne aussi l'importance de la « diversification des marchés de l'énergie » et fait une brève référence à la Charte de l'énergie, un document signé mais jamais ratifié par Moscou qui veut conserver le monopole du géant gazier semi-public Gazprom sur la distribution de gaz vers l'étranger. Le directeur exécutif de l'Agence internationale pour l'énergie (AIE), Claude Mandil, a d'ailleurs averti que faute d'investissements suffisants dans de nouveaux gisements par le géant russe Gazprom, « il n'y aura pas assez de gaz russe pour faire face aux engagements pris » par le groupe à l'exportation. « La Russie partage les principes de la Charte de l'énergie mais sa formulation ne lui convient pas », a déclaré le ministre des Finances russe, Alexeï Koudrine, devant la presse après une réunion préparatoire au sommet des chefs d'Etat du G8. Le document final adopté par les ministres des Finances, hier, stipule que le G8 reconnaît « l'importance des principes de la Charte de l'énergie, de la diversification des marchés de l'énergie », une phrase ajoutée au communiqué à l'insistance des Européens. Ces derniers poussent la Russie à signer la charte pour obtenir de meilleures garanties pour la sécurité de leur fourniture d'énergie. La Russie souligne, en revanche, l'importance pour les pays producteurs d'une meilleure visibilité sur la demande d'énergie pour stabiliser les prix mondiaux des hydrocarbures. Rappelant la « responsabilité des consommateurs », Alexeï Koudrine a estimé que « les contrats à long terme étaient le principal instrument permettant de stimuler les investissements dans l'extraction ». Par ailleurs, la Russie multiplie les initiatives en faveur des pays pauvres, en particulier dans le domaine énergétique. Moscou prévoit d'effacer cette année quelque 700 millions de dollars de dettes dues par des pays pauvres, la Russie pouvant elle-même se permettre de rembourser ses dettes à vitesse accélérée grâce à la manne pétrolière et gazière.