Des dizaines de milliers de partisans de la rébellion chiite et du gouvernement yéménite ont organisé avant-hier des manifestations rivales à Sanaa alors que se poursuivent les tractations entre les deux camps pour la reprise du dialogue. Le Conseil de sécurité de l'ONU a par ailleurs appelé les rebelles à cesser les actions armées qu'ils mènent contre le gouvernement dans le nord du pays, brandissant la menace de sanctions. Dans le nord de Sanaa, des dizaines de milliers de partisans de la rébellion chiite d'Ansaruallah se sont rassemblés sur la route menant à l'aéroport après les prières hebdomadaires du vendredi, appelant, comme ils le font depuis quelques semaines, à la chute du gouvernement. Le peuple veut la chute du gouvernement. Nous n'allons pas reculer. Notre peuple va faire monter la pression, ont scandé les manifestants auxquels se sont joints des partisans de l'ancien président Ali Abdallah Saleh. A quelques kilomètres de là, dans le sud de la capitale, des dizaines de milliers de partisans du gouvernement ont également défilé, apportant leur soutien au président Abd Rabbo Mansour Hadi. Soutien et unité autour du gouvernement, ont-ils scandé. Les insurgés d'Ansaruallah, aussi appelés houthis, exigent l'éviction du gouvernement jugé corrompu, l'annulation d'une récente augmentation des prix du carburant et un partenariat politique élargi. Pour soutenir leurs revendications, ils ont mobilisé depuis plusieurs semaines leurs miliciens armés, qui ont établi des campements autour de Sanaa, et leurs partisans civils, qui observent un sit-in dans le centre de la capitale. Dans un communiqué adopté à l'unanimité vendredi, les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont appelé la rébellion à démanteler ses campements et postes de contrôle autour de la capitale, à mettre fin à toutes les hostilités armées contre le gouvernement dans la région d'Al-Jawf (nord) et à se retirer de la province voisine d'Amrane. Le Conseil de sécurité a menacé ceux qui menaceraient la stabilité du pays de sanctions ciblées, comme un gel des avoirs ou une interdiction de voyager. Le Conseil a également noté avec préoccupation que les houthis et d'autres (rebelles) continuent d'attiser le conflit dans le nord dans une tentative de faire obstacle à la transition politique que connaît le Yémen depuis le départ en février 2012, sous la pression de la rue, de l'ancien président Saleh. Le groupe d'Ansaruallah, qui contrôle la région de Saada (nord), est soupçonné de vouloir élargir sa zone d'influence dans le futur Etat fédéral qui doit compter six provinces. Ses combattants étaient arrivés début juillet aux portes de Sanaa en prenant la ville d'Amrane, d'où ils ont ensuite accepté de se retirer. Le Conseil de sécurité a également appelé les pays étrangers à s'abstenir de toute ingérence au Yémen. Les autorités yéménites ont déjà accusé l'Iran chiite de soutenir la rébellion houthie. Des négociations engagées par les autorités avec cette rébellion en vue d'une sortie de crise ont échoué le 24 août. Mais un responsable du dossier auprès de la présidence yéménite a indiqué que les contacts entre les deux camps n'avaient pas été rompus et qu'une réunion de dialogue élargi était prévue samedi. Le comité présidentiel chargé du dialogue va présenter une nouvelle approche pour une sortie de crise prévoyant un gouvernement national de partenariat dirigé par des technocrates, a indiqué ce responsable.