Volte-face du gouvernement, marche arrière, virage à 180 degrés, coup de frein aux privatisations, nombreux ont été les commentaires rapportés par la presse suite aux déclarations du ministre des Participations et de la Promotion des investissements à propos de la préservation d'une centaine d'entreprises publiques stratégiques. Certains iront même jusqu'à dire qu'Abdelhamid Temmar délaisse la privatisation pour se consacrer au projet de stratégie industrielle dans la perspective de la tenue des assises à la fin du mois en cours. Et pourtant, le ministre ne l'entend pas de cette oreille. C'est hier que qu'Abdelhamid Temmar a donné le ton. Lors de son intervention à l'émission " l'Invité de la rédaction " de la chaîne III de la radio nationale, le ministre sera clair. Il n'est pas question de suspendre le processus de privatisation et il n'y aura pas de recul sur la privatisation des entreprises publiques, mais bien au contraire, la cadence sera accélérée. C'est ainsi qu'il indiquera qu'une quinzaine d'entreprises publiques sera proposée toutes les deux semaines au Conseil des participations de l'Etat (CPE) pour pouvoir privatiser rapidement les quelque 300 entreprises éligibles à la privatisation dans l'immédiat. Le ministre affirmera, également, que le processus de privatisation a touché à ce jour 400 entreprises, dont 80 ont été vendues aux collectifs de travailleurs et qu'il en reste encore "un millier" à privatiser. Donnant un sens "large" à la privatisation, qui comporte plusieurs formes allant de l'ouverture du capital à la cession totale, M. Temmar a indiqué que certaines entreprises étaient privatisables à 100 %, alors que d'autres, dites "stratégiques", ne sont pas à céder. Il réaffirmera, dans ce contexte, que l'entreprise nationale des hydrocarbures Sonatrach "est exclue totalement de la liste des privatisations". Il faut dire que le ministre des Participations et de la promotion des investissements avait estimé, lundi dernier au cours du séminaire entre le LMD (un organisme tripartite suédois composé du syndicat, des opérateurs économiques et du gouvernement), l'UGTA et la CGEA à l'hôtel Aurassi, que "la sauvegarde de ces 100 entreprises stratégiques permettra d'avoir une garantie vis-à-vis des partenaires européens". Aussi, le ministre estime que cela ne change rien au fait que la privatisation est un moyen de promotion de l'investissement industriel au service de la croissance économique. C'est ainsi qu'il a déclaré, hier à la Chaîne III de la radio nationale, que "nous ne pouvons pas aller à la croissance économique, dans le cadre de l'accord d'association avec l'Union européenne (UE) et l'intégration dans le monde, sans industrie extrêmement puissante". Pour Temmar, il faut mettre en place les éléments constitutifs d'une économie efficiente, productive et surtout compétitive et assise sur une industrie solide. Chose qui passe par deux éléments: la consolidation de certaines activités du secteur public et la promotion de l'investissement, l'un n'y allant donc pas sans l'autre. La préservation de certaines activités stratégiques n'implique donc pas la remise en cause du processus de privatisation. Et pour ceux qui voient dans cette démarche un retour vers une vision étatiste, avec la restructuration des structures industrielles existantes et l'intervention de l'Etat dans des branches jugées prioritaires, Temmar a été, et à plusieurs reprises, catégorique. Quand il s'agit de l'intérêt de la nation il n'y a pas d'idéologie qui tienne, il faut juste être pragmatique.