L'image du système financier algérien ne sera pas reluisante auprès des investisseurs étrangers. Le processus de privatisation des entreprises publiques vient d'enregistrer un nouvel échec. Un échec qui remet en cause la politique du gouvernement dans ce sens. Le ministère des Finances a annoncé samedi, la suspension de l'opération de privatisation du Crédit populaire d'Algérie (CPA). L'ouverture des plis était pourtant programmée pour aujourd'hui. Ce revirement n'est pas sans nous rappeler le cheminement de la loi sur les hydrocarbures. Il en est même la meilleure illustration de la volte-face des pouvoirs publics. Une polémique violente avait éclaté, par presse interposée, entre les pour et les contre au sujet de la loi Khelil. Votée par le Parlement en avril 2005, et publiée au Journal officiel, la loi n'avait jamais été mise en oeuvre. ET pour cause, le président de la République n'avait pas signé les décrets d'application. Une autre version de cette loi revue et amendée, fut alors remise aux députés en 2006 pour adoption. Ainsi, le ministère des Finances qui motive le gel de la privatisation du CPA par l'impact non encore évalué de la crise internationale des crédits hypothécaires, souligne que l'objectif est de réunir toutes les conditions d'un transfert de savoir-faire bancaire, technique, commercial et financier au CPA. Ces arguments ne semblent pas convaincre les spécialistes ni les représentants des banques soumissionnaires. Certains se demandent pourquoi avoir attendu la veille de l'opération pour se rendre compte que le CPA n'allait pas rapporter gros. Cette situation nous rappelle aussi l'échec de la privatisation de l'entreprise publique BCR spécialisée dans la boulonnerie et la coutellerie. Lancée fin 2005, la mise en vente de l'entreprise publique BCR n'a pas abouti. Les spécialistes s'accordent à dire qu'un éventuel échec de l'ouverture du capital du CPA aurait des conséquences néfastes sur l'avenir de cette banque et la réforme bancaire en général. Une réforme déjà critiquée suite à la liquidation, l'une après l'autre, des banques privées algériennes. Il est clair aussi que l'image du système financier algérien ne sera pas reluisante chez les investisseurs étrangers, auxquels il a été reproché un manque d'engouement pour le marché algérien, malgré toutes les facilités accordées. Pour d'autres, tout échec de privatisation est une victoire. La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, sera certainement la première à se réjouir de cette nouvelle. Elle applaudit même des deux mains. Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar sera, quant à lui, «gêné» vis-à-vis des partenaires étrangers. Le ministre a, ces derniers temps, fait le porte-à-porte pour inciter les investisseurs à s'installer en Algérie, d'une part, et pour accélérer également le processus de privatisation, d'autre part. Les représentants du Fonds monétaire international (FMI) seront eux aussi déçus par le gel du processus de privatisation du CPA. Dernièrement, lors d'une conférence de presse, les représentants de cette institution internationale étaient très optimistes quant à l'aboutissement de cette opération. Ils ont révélé que l'idée de la privatisation des banques publiques en Algérie est une proposition du FMI. Les réformes seraient donc dictées par les grandes compagnies pétrolières mondiales, le FMI et la Banque mondiale. En fait, toutes les réformes engagées dans différents secteurs font l'objet de critiques. Les résultats obtenus ne sont guère satisfaisants, estiment les spécialistes. Selon eux, ce statu quo participera à un échec programmé et serait suicidaire pour le devenir de l'économie et de la société algérienne. Cela est entretenu, expliquent-ils, par la confusion de certains concepts assimilant faussement réformes à bradage du patrimoine national.