Changement de cap. Une autre volte-face. Un revirement, de plus ou de moins, ne tue pas. Le processus de privatisation d'entreprises tâtonne. 400 entreprises privatisées sous toutes les formes. Un millier en stand-by. Dans ce cadre, le partenariat peut être de 10 à 70% ainsi que la formule qui consiste à céder l'entreprise à une gestion privée. Le ministre a rappelé, par ailleurs, qu'à ce jour, «80 entreprises ont été vendues aux collectifs de travailleurs». Le gouvernement algérien comptait privatiser 500 entreprises publiques en 2006 sur un total de 1200 destinées à être cédées, avait annoncé en mai dernier, le ministre des Participations et de la Promotion des investissements, Hamid Temmar. Or, déclarait, hier, le ministre sur les ondes de la Radio nationale? «Une quinzaine d'entreprises publiques sera proposée toutes les deux semaines au Conseil des participations de l'Etat (CPE) pour pouvoir privatiser rapidement les quelque 300 entreprises éligibles à la privatisation dans l'immédiat». Or, le CPE ne s'est pas réuni depuis près de trois mois. Devant le peu d'empressement des repreneurs, Hamid Temmar lance un SOS en direction de la Centrale syndicale (Ugta). «Une des conditions fondamentales pour la privatisation est d'associer le syndicat pour céder l'entreprise», a déclaré, hier, l'invité de la Radio nationale, avant de préciser «s'il n'est pas d'accord, le collectif des travailleurs peut reprendre l'entreprise dans une transparence totale». Néanmoins et en dépit du coup de frein donné par lui-même, qui vient de soustraire une centaine d'entreprises publiques stratégiques de la liste de privatisables, Hamid Temmar est revenu à la charge en affirmant: «Il n'y aura pas de recul sur la privatisation des entreprises publiques», et d'ajouter: «La cadence allait être au contraire accélérée». L'entreprise nationale des hydrocarbures Sonatrach «est exclue totalement de la liste des privatisations», a-t-il réaffirmé. Cela étant, l'invité de la Chaîne III a reconnu «un cahier des charges extrêmement dur où nous avons ralenti les activités». Ce n'est pas pour autant un recul, explique Hamid Temmar qui prône les grandes lignes de la promotion de l'investissement. Dans ce contexte, il a donné un aperçu sur les nouvelles conditions du code d'investissement qui «explique clairement l'intention d'investir», assure-t-il. Selon le ministre, toutes les conditions et les avantages sont réunis dans ce nouveau code. Pour illustrer la flexibilité du système, Temmar souligne «l'investissement est libre, car n'importe qui peut investir, mais si un investisseur demande des avantages particuliers, il sera intégré au nouveau code et à ce moment-là, on lui donne des avantages en 72 heures au lieu de deux ans auparavant». Apparemment, Temmar feint d'ignorer que la bureaucratie en Algérie est un phénomène réel et une entrave, largement dénoncée par les potentiels investisseurs aussi bien nationaux qu'étrangers, au même titre que le manque d'assiettes foncières et l'existence d'un marché informel. Or, pour le premier responsable du secteur, la privatisation est un moyen de promotion de l'investissement industriel au service de la croissance économique. «Nous ne pouvons pas aller à la croissance économique, dans le cadre de l'accord d'association avec l'Union européenne et l'intégration dans le monde, sans industrie extrêmement puissante», a-t-il dit. Or, les stratégies industrielles s'évaluent en termes d'attractivité. Sur ce point, il y a beaucoup à disserter. En effet, pour attirer les grands opérateurs économiques internationaux, il faut que le marché algérien soit plus attractif, notamment en fournissant une main-d'oeuvre qualifiée, des cadres compétents, une très bonne infrastructure de communication et d'information, souligne l'économiste Abdelmadjid Bouzidi. Quant au foncier, le ministre a déclaré que «les décisions finales vont tomber fin décembre». En guise de cadeau de fin d'année?!