La Coupe du Monde a pesé sur la rentabilité de TF1 au deuxième trimestre, le groupe ayant enregistré une baisse de ses recettes publicitaires malgré les fortes audiences des matches, selon ses résultats rendus publics. Le premier groupe de télévision français, qui ne donne pas d'objectifs financiers pour l'année en raison de la faible visibilité sur le marché publicitaire, a vu son titre chuter de 4,50% à 11,45 euros à la clôture de la Bourse de Paris, dans un marché recul de 1,82%. Les investisseurs sanctionnent une baisse de la publicité "en dépit de la diffusion de la Coupe du Monde", souligne un courtier parisien souhaitant garder l'anonymat. Le marché publicitaire reste "sous pression" à cause "d'une fragmentation du secteur" due aux multiples chaînes de la TNT "et d'une faible demande", a observé le P-DG Nonce Paolini. Pour le second semestre devrait se poursuivre "une tendance relativement molle" alors que "les facteurs conjoncturels restent de mise", a-t-il noté lors d'une conférence téléphonique. TF1 affiche cependant un bénéfice net multiplié par six à 308,6 millions d'euros sur le trimestre grâce à la cession du contrôle d'Eurosport à Discovery, qui représente une plus-value de 293,8 millions d'euros au 30 mai. Son chiffre d'affaires s'affiche en hausse de 5,2% au deuxième trimestre à 556 millions d'euros, grâce notamment à la revente des droits de la Coupe du Monde pour 30 millions d'euros à BeIn Sports. Mais les recettes publicitaires de ses antennes gratuites sont en recul de 2,2%, après une stabilité au premier trimestre, alors que l'effet positif des fortes audiences de la Coupe du Monde ne parvient pas à compenser un effet de base défavorable et un marché morose. Sur le premier semestre, le chiffre d'affaires s'affiche en hausse de 0,6% à 1,019 milliard d'euros, tandis que les recettes publicitaires totales sont en recul de 1,6%. L'impact du Mondial se fait aussi sentir sur le résultat opérationnel courant, en chute de 43% à 24,2 millions d'euros sur le semestre et de 79% sur le seul deuxième trimestre. Le groupe n'a pas dévoilé le montant de ses pertes exactes liées au Mondial de football, un évènement qui ne devait pas être rentable avait prévenu TF1, mais elles devraient ressortir à plus de 30 millions d'euros.
Coupe du monde coûteuse mais positive Le groupe a en effet déboursé 130 millions d'euros pour s'offrir le Mondial, dont il a précisé avoir récupéré 30 millions grâce à la revente à BeIn Sports d'une partie des droits. Les recettes publicitaires brutes tirées de la compétition se montent à 70 millions d'euros, mais devraient ressortir bien inférieures après négociations et remises aux annonceurs. La Coupe du Monde "est une opération certes coûteuse mais très positive", a souligné Nonce Paolini en expliquant que TF1 avait grâce au football renforcé son leadership et son image fédératrice. Malgré l'incertitude liée au marché publicitaire, le patron de TF1 a vanté "un modèle costaud" et les bonnes perspectives des activités digitales et Services consommateur. Le groupe prévoit de continuer ses efforts de maîtrise des coûts avec 19 millions d'économies récurrentes prévues au second semestre. TF1, qui dispose d'une importante trésorerie de 425,1 millions d'euros à l'issue du premier semestre, contre 188,9 millions au 31 décembre grâce à la cession de 31% de Discovery, n'a pas dévoilé comment il comptait dépenser son trésor de guerre, même s'il a confirmé qu'il y aurait "un retour aux actionnaires". M. Paolini a cependant noté que le groupe avait demandé aux pouvoirs publics de réfléchir à une évolution de la réglementation anti-concentration, soulignant que celle-ci entravait à l'heure actuelle d'éventuel projets acquisitions dans la production télévisée, alors qu'ailleurs en Europe ses concurrents peuvent se renforcer dans ce domaine. La filiale de Bouygues a indiqué attendre la semaine prochaine la décision du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) sur sa demande du passage à la TNT gratuite de sa chaîne d'infos LCI. Alors que TF1 a annoncé vouloir fermer cette chaîne, qui a enregistré une perte de 7 millions d'euros l'an dernier, en cas de veto du CSA, les actionnaires du Monde se sont dits prêts à la racheter. Les actionnaires du Monde (Pierre Bergé, Xavier Niel, Matthieu Pigasse) pourraient, le cas échéant, formaliser une offre de reprise dans un délai court", a déclaré vendredi au Figaro Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde. TF1, qui fait face à la fronde de ses concurrents contre le passage de LCI au gratuit, a rétorqué que la chaîne n'était pas à vendre.