L'Australie, qui devrait accueillir le sommet du G20 en novembre, ne veut pas que le président russe participe à cette rencontre des vingt chefs d'Etat des plus grandes économies mondiales, a écrit hier le quotidien russe Nezavissimaïa gazeta. La délégation australienne qui se rendra au sommet de l'Otan à Newport (Royaume-Uni) a l'intention de soutenir cette initiative rendue publique par la ministre australienne des Affaires étrangères. Son homologue russe, Sergueï Lavrov, y voit une "tentative de provoquer des scandales diplomatiques", tandis que les experts pensent même que le sommet du G20 pourrait être annulé. Ce n'est pas la première fois que Canberra tente d'introduire dans le débat public l'idée d'écarter le président russe du futur sommet du G20 à Brisbane. La ministre australienne des Affaires étrangères Julie Bishop a déclaré qu'elle chercherait à persuader les participants et les invités du sommet de l'Otan de bloquer la participation du président russe Vladimir Poutine à cette rencontre des vingt chefs d'Etat des plus grandes économies mondiales. Selon elle, les principaux thèmes du sommet de l'Otan - dont l'Australie n'est pas membre mais participe comme invitée au même titre que la Corée du Sud, le Japon et l'UE - porteront sur l'Irak, la Syrie et la crise en Ukraine. Sergueï Lavrov a commenté hier les propos de Julie Bishop: "Il faut se rappeler des principes fondamentaux de fonctionnement du G20: l'Australie n'a pas choisi d'organiser le sommet mais en a demandé le droit - et ce droit lui a été accordé. Il implique aussi des engagements, dont le plus important consiste à contribuer au succès des discussions dans le cadre de cette structure". Les experts soulignent que les intentions de Canberra vont à l'encontre du principe de consensus en vigueur au sein du G20. Selon Andreï Kortounov, directeur général du Conseil russe pour les affaires internationales, "la démarche de Mme Bishop reflète l'aspiration des Australiens à courir plus vite que la locomotive - Washington". Selon l'expert, les propos de la ministre australienne visent simplement à produire un certain effet psychologique. Elle compte probablement pousser la délégation russe ou même le président personnellement à ne pas se rendre à Brisbane, peut-être en y envoyant une délégation de plus bas rang. Mais à Cardiff, dans le pays de Galles, la délégation australienne ne pourra compter que sur le soutien de quelques pays membres du G20. Et elle devra tenir compte du fait que plusieurs membres influents de ce groupe, dont la Chine, le Brésil et l'Afrique du Sud, ne soutiendront aucune initiative portant atteinte à la Russie. Le président de la société de conseil Neokon Mikhaïl Khazine pense que les déclarations de Julie Bishop et ses plans d'évoquer à Cardiff l'idée de "ne pas inviter Poutine" font partie d'une puissante campagne de pression sur Moscou, une sorte de manifestation des "mœurs néo-impériales". Il serait difficile, même théoriquement, de s'imaginer le sommet du G20 sans la délégation russe. D'après l'expert, si l'Australie décidait de retirer l'invitation de cette dernière, cela annulerait le débat sur le principal thème du forum - les réformes du système financier mondial, voire même le sommet lui-même.