Le Comité monétaire de la Réserve fédérale des Etats-Unis (FOMC) a entamé mardi une réunion de deux jours qui doit déboucher sur une nouvelle réduction de l'aide exceptionnelle à l'économie tout en laissant les taux inchangés, proches de zéro. La banque centrale (Fed) pourrait aussi, selon certains analystes, donner un nouveau signal sur l'évolution des taux en cessant, dans son communiqué, d'indiquer que les taux resteront en l'état "pendant une période de temps considérable". "Le Comité de politique monétaire a commencé sa réunion à 11H00 (15H00 GMT) comme prévu", a indiqué mardi un porte-parole de la Réserve fédérale. Hier, le FOMC devait diffuser un communiqué à 18H00 GMT où il devait annoncer que les taux d'intérêt sont maintenus proches de zéro, comme ils le sont depuis six ans. Il publiera également ses nouvelles prévisions de croissance, de taux de chômage et d'inflation, notamment pour la première fois celles de 2017. La présidente de la Fed, Janet Yellen, devait donner ensuite une conférence de presse, sa troisième depuis qu'elle a pris la tête de la banque centrale fin février. La Fed devrait encore réduire de 10 milliards de dollars ses achats d'actifs mensuels pour les faire descendre à 15 milliards de dollars et s'approcher de la fin annoncée de ce troisième cycle d'injection monétaire depuis la crise financière de 2008. Mme Yellen a récemment confirmé que la fin des achats d'obligations était prévue en octobre, la croissance de l'économie ayant rebondi à 4,2% au 2e trimestre après une contraction (-2,1%) au 1er trimestre. Mais la Fed pourrait aussi, selon plusieurs analystes, abandonner dans son communiqué la référence à cette "période de temps considérable" pendant laquelle, après la fin des achats d'actifs, elle entend garder les taux proches de zéro. La majorité des analystes traduisent cette "période considérable" par un laps de temps de six mois, synonyme d'une première hausse des taux d'intérêt au milieu de 2015. "On s'attend à ce que la Fed reformule son message d'orientation en le basant exclusivement sur les données économiques plutôt que sur une notion de temps et en abandonnant cette référence à un +temps considérable+", affirme Jim O'Sullivan, économiste en chef pour les Etats-Unis de HFE.
Membres du FOMC divisés La Fed a adopté cette formulation depuis mars. Auparavant, elle excluait toute hausse des taux tant que le taux de chômage resterait supérieur à 6,5%. Mais cet indicateur plancher a été enfoncé plus vite que prévu sans toutefois refléter un marché du travail en pleine santé. Le taux de chômage est tombé à 6,1% en août. L'objectif de la Fed de 2% d'inflation est lui aussi loin d'être atteint, l'indice des prix (PCE) affichant 1,6%. Lors de leur précédente réunion fin juillet, les membres du FOMC avaient déjà montré leurs divisions. Selon les minutes de cette réunion, certains étaient "de moins en moins en accord avec le message d'orientation monétaire" qui prévoit des taux bas "pour une période de temps considérable". Ils suggèrent que "ce message devrait communiquer plus clairement comment la politique monétaire va répondre à l'évolution des données économiques", ajoutait ce rapport. Un seul membre du Comité, Charles Plosser de la Fed de Philadelphie, avait voté contre le message d'orientation de politique monétaire, estimant notamment que les taux étaient "déjà en retard" sur la vigueur de l'économie. Depuis, d'autres membres du FOMC, parfois pour des raisons opposées, ont aussi estimé que cette notion temporelle liait trop les mains de la Fed. Mais le FOMC pourrait aussi choisir de patienter avant de modifier son message sur l'évolution des taux afin d'éviter une fébrilité des marchés, comme celle qu'avait provoquée l'ancien président de la Fed, Ben Bernanke, en annonçant en juin 2013 le début de la fin des achats d'actifs. Cette amorce n'était intervenue qu'en décembre. La Fed pourrait aussi attendre des statistiques plus fermes du côté de l'emploi alors que les créations d'emplois ont été décevantes en août.