Un profond soupir de soulagement parcourait la City de Londres après le rejet par référendum d'une indépendance écossaise qui aurait plongé le Royaume-Uni dans une phase d'incertitude. Les institutions européennes ont aussi exprimé leur satisfaction. La Bourse de Londres a ouvert en hausse de 0,75%, la livre a atteint son plus haut niveau en deux ans face à l'euro et les taux des obligations britanniques augmentaient, témoignant d'un retour des investisseurs vers les titres plus risqués. "C'est le soulagement qui domine sur les marchés britanniques", a résumé Chris Beauchamp, analyste à la maison de courtage IG, pour qui "l'inquiétude liée à une possible indépendance écossaise s'est dissipée". Les Bourses européennes ont également ouvert dans le vert. Pouvoirs accrus promis aux quatre nations du Royaume-Uni Le Premier ministre britannique David Cameron a promis des pouvoirs renforcés aux quatre nations qui composent la Grande-Bretagne, après le "non" au référendum d'autodétermination en Ecosse. Selon lui, ce vote a durablement refermé la page d'un possible éclatement du royaume. Après des semaines d'intense suspense et de débat parfois acrimonieux, le camp du non l'a emporté par 55,3%, selon les chiffres officiels. Le taux de participation à 84,6% représente un record absolu. Ce résultat constitue un énorme soulagement pour le chef du gouvernement central David Cameron. Dans un discours prononcé devant le 10 Downing Street, le Premier ministre s'est engagé à octroyer rapidement des pouvoirs élargis à l'Ecosse, mais aussi à l'Angleterre, au Pays de Galles et à l'Irlande du Nord.
Pouvoirs élargis Ces pouvoirs toucheront notamment les questions fiscale, budgétaire et le domaine de la couverture sociale. Il a précisé que les projets de loi octroyant de nouveaux pouvoirs à l'Ecosse seraient finalisés d'ici au mois de janvier. La nature exacte des nouvelles prérogatives accordées aux trois autres composantes du Royaume n'a pas été immédiatement précisée. A terme, des constitutionnalistes britanniques envisagent une organisation se rapprochant d'un Etat fédéré. Le Premier ministre a estimé qu'il était "juste" que les Ecossais aient pu s'exprimer sur l'indépendance. Leur vote "sans équivoque" a cependant refermé durablement la page d'un possible éclatement du Royaume-Uni.
Salmond reconnaît sa défaite Le résultat constitue une immense déception pour les autorités de la région semi-autonome. Le Premier ministre Alex Salmond a concédé sa défaite dans une déclaration publique à Edimbourg. "J'accepte ce verdict des urnes et j'appelle tous les Ecossais à faire de même et à accepter la décision du peuple", a dit le chef du parti national écossais (SNP). Il a appelé Londres à respecter le plus rapidement possible sa promesse de transférer davantage de pouvoirs à l'Ecosse. Un peu plus tôt, le numéro deux du SNP, Nicola Sturgeon, avait exprimé sa "réelle déception à échouer de si peu". Les dirigeants séparatistes peuvent cependant se targuer d'avoir conquis en cours de campagne une plus large autonomie pour le pays des Scots que M. Salmond dirige depuis sept ans.
Inquiétudes pour l'avenir Les Ecossais ont rejeté l'indépendance qui leur était proposée par 55,3% des voix à l'issue d'un référendum marqué par une participation massive. La City de Londres avait pris position contre la sécession, craignant les incertitudes soulevées par cette indépendance pour l'Ecosse elle-même, mais aussi pour les trois autres régions du Royaume-Uni. A la Bourse de Londres, les titres des banques les plus implantées en Ecosse bondissaient en début de séance: Royal Bank of Scotland (RBS) grimpait de 4,14% et Lloyds de 2,61%. Ces établissements avaient menacé de rapatrier en Angleterre leur siège social, situé en Ecosse, en cas d'indépendance du territoire.
Soulagement à Bruxelles Le soulagement était aussi grand à Bruxelles. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a salué un vote "bon pour l'Europe unie, ouverte et plus forte que soutient la Commission européenne". "J'avoue: le résultat me soulage", a confié pour sa part le président du Parlement européen, Martin Schulz. "La prochaine fois que je vais rencontrer David Cameron, je lui dirai que je trouve que c'est bien d'avoir un Royaume-Uni dans une Europe unie", a-t-il continué. Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, fermement opposé au référendum que veulent organiser les nationalistes de Catalogne, s'est quant à lui félicité que les électeurs "aient fait le choix entre la ségrégation et l'intégration, entre l'isolement et l'ouverture".