"Solde", "Promotions", "Remises", "Rabais", autant d'affiches, désignant des baisses de prix des marchandises, collées sur les devantures des vitrines des magasins pour annoncer des réclames alléchantes pour attirer les consommateurs sur des produits auparavant inabordables. A la différence des expressions les désignant, ces ventes obéissent à une règlementation bien définie. Pour autant, beaucoup de commerçants ne respectent pas la réglementation en vigueur, alors que d'autres en ignorent même l'existence. A la rue Larbi Ben M'hidi, à Didouche Mourad ou à Hassiba Ben Bouali, la majorité des vitrines des magasins d'Alger-Centre affichent ces derniers jours des réductions de prix pour différents articles, particulièrement l'habillement et la bonneterie allant de 20% à 50%, et même dans certains cas les 80%. Toutefois, les soldes en Algérie semblent échapper à toute logique en dépit de la règlementation régissant cette pratique commerciale, estime un cadre à la direction du commerce de la wilaya d'Alger. Les soldes d'été 2014 battent leur plein, à Alger, pour une " soi-disant " durée de cinq semaines. Mais cette période n'est applicable qu'une fois par an. C'est loin d'être le cas à Alger. il convient de noter que la période des soldes est ainsi fixée et réglementée depuis 2006 à l'issue d'un décret exécutif signé par Abdelaziz Belkhadem, à l'époque chef du gouvernement. Le décret stipule que " les ventes en solde ne peuvent porter que sur des biens acquis par l'agent économique depuis trois mois au minimum à compter de la date du début de ces ventes ", en soulignant que " les ventes en solde sont autorisées deux fois par année civile pour une durée continue de 6 semaines et doivent intervenir durant les saisons hivernale et estivale ". Ces ventes sont réalisées, note-t-on, durant les périodes comprises entre les mois de janvier et février pour la période hivernale, et entre les mois de juillet et août pour la période estivale. Elles sont fixées, au début de chaque année, par arrêté du wali sur proposition du directeur du commerce territorialement compétent après consultation des associations professionnelles et celles de la protection des consommateurs. C'est ce que fait actuellement la direction du commerce d'Alger. Toutefois cette période est loin d'être respectée. Si les soldes d'hiver se sont caractérisés par une certaine satisfaction de la clientèle, ceux d'été ont été une véritable catastrophe. Il suffit de faire une petite virée à travers les grandes artères de la capitale pour constater que les magasins sont peu nombreux à être passés à l'heure des soldes. Ainsi, la période des soldes de la saison d'été pour l'année 2014 a déjà pris fin, mais dans les rues d'Alger, plusieurs magasins affichent toujours des réductions des prix en maintenant les soldes, en infraction au décret exécutif n°06-215 de 2006, qui insiste sur la nécessité de respecter la période fixée pour les soldes. Pour Rabia, vendeuse dans un magasin d'habillement de femmes, rue Didouche Mourad, certains commerçants prolongent ''délibérément la période des soldes en vue de déstocker leurs produits invendus''. Les yeux tournés vers une grande affiche, annonçant des soldes et collée bien en évidence sur la devanture du magasin où elle est employée, elle indique que son ''patron'' a ordonné que la période des soldes soit prolongée d'une semaine. Un autre commerçant de la même rue avoue qu'il savait pertinemment que la période des soldes s'était achevée, mais qu'il était contraint de la prolonger jusqu'à la rupture de son stock pour pouvoir sortir sa nouvelle collection de vêtements et prêt-à-porter. "Le délai de six semaines, fixé par la loi pour les soldes, est insuffisant", se plaint-il. "De tels commerçants encouragent la concurrence déloyale, en détournant les clients des commerçants qui sont respectueux de la loi", s'indigne de son côté Mohamed, propriétaire d'un magasin de prêt-à-porter pour hommes à la Rue Hassiba Ben Bouali. Les clients quant à eux n'ont aucune idée sur le début ou la fin de la période des soldes. Pour autant, ils sont sûrs d'une chose: ils auront les moyens lors de cette période, de faire leurs emplettes et à des prix bas. "Je ne connais pas exactement la date d'ouverture des soldes, mais j'attends cette période impatiemment afin d'acquérir ce qu'il faut pour le trousseau de ma fille et à des prix raisonnables. J'aurais aimé connaître à l'avance cette date", a déclaré Kenza, mère de famille rencontrée dans un magasin de lingerie pour femmes, rue Larbi Ben M'hidi. Razika n'est pas du même avis. "L'annonce des soldes n'est qu'un appât pour attirer les clients et une pratique qui reflète la cupidité des commerçants notamment ceux qui annoncent des réductions de 80% des prix. Est-il concevable qu'ils puissent vendre à perte?'' s'est-elle interrogée sur un ton ironique. ''Les prix pratiqués lors des soldes sont les prix réels des marchandises que les commerçants ne déclarent jamais'', ajoute-t-elle, soulignant que ces ''commerçants recourent à la ruse, en ''gonflant les prix pour annoncer ensuite des réductions imbattables" pour attirer les clients. Plusieurs magasins mettent en évidence sur leur devanture des affiches de soldes et de réductions, et une fois dans le magasin, le client découvre à sa grande surprise que les réductions ne concernent pas les produits qui l'intéressent, se désole une femme, qui faisait du ''lèche vitrine'' du côté de la Rue Hassiba Ben Bouali, une des artères les plus commerçantes du centre d'Alger.