Trois projets agricoles de jumelage entre l'Algérie et l'Union européenne ont été lancés avant-hier à Alger dans le but de mettre à niveau la réglementation et de faciliter l'accès des produits agricoles algériens aux marchés européens. La cérémonie de lancement s'est déroulée en présence du ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelouahab Nouri, du ministre du Commerce, Amara Benyounès, des ambassadeurs respectivement de l'UE, de France et d'Italie à Alger ainsi que d'experts algériens et européens. Financés par l'UE à hauteur de six (6) millions d'euros, ces projets devraient aboutir à la finalisation du dispositif institutionnel et réglementaire, au démarrage opérationnel des institutions centrales chargées de la reconnaissance des produits par les signes distinctifs liés à l'origine, au renforcement des capacités des acteurs concernés et à la reconnaissance de trois produits-pilotes par les signes distinctifs liés à l'origine. Cette initiative fait partie du programme d'appui à la mise en œuvre de l'Accord d'association, signé entre l'Algérie et l'UE en 2005, qui prévoit l'instauration d'une zone de libre-échange en 2020. Le premier projet concerne, donc, le renforcement des capacités humaines dans les domaines de la sécurité sanitaire des aliments, et ce, par la mise à niveau des laboratoires de l'Institut national de la médecine vétérinaire (INMV), alors que le second porte sur la modernisation des services vétérinaires algériens au niveau central et local. Ces deux jumelages vont permettre à l'Algérie d'avoir un système d'information et de contrôle vétérinaire similaire à celui recommandé par l'Organisation mondiale de la Santé animale (OIE). Au final, le secteur agricole aura mis en place un système d'identification du cheptel et un plan national de recherche des résidus contaminants dans les aliments d'origine animale, selon les explications fournies par le directeur des services vétérinaires auprès du ministère de l'Agriculture, M. Karim Boughalem. Ce partenariat permettra aussi de hisser l'INMV et ses sept (7) laboratoires régionaux aux standards internationaux qui seront mis sous le Système de management de la qualité (SMQ) et le Système de gestion des risques biologiques. L'objectif recherché par ces deux jumelages "est d'améliorer la sécurité sanitaire des produits alimentaires d'origine animale afin de soutenir leur commercialisation sur le marché local et de faciliter leur exportation vers l'UE et d'autres destinations étrangères", a indiqué M. Nouri. Quant au troisième projet, il s'agit d'assurer un appui technique à l'administration dans la mise en œuvre d'un système de qualité spécifique à travers les appellations d'origine et les indications géographiques (IGAO). Ce jumelage est destiné au renforcement des capacités des acteurs chargés de la reconnaissance des produits agricoles par les signes distinctifs liés à l'origine. C'est ainsi que 3 produits-pilotes vont bénéficier de ce système, qui sont la datte de Deglet Nour de Tolga, la figue sèche de Beni Maouche et l'olive de table de Sig. Ce système permettra de "garantir un revenu équitable aux agriculteurs concernés, de protéger les dénominations contre toute forme de contrefaçon ou d'usurpation et de fournir des informations précises sur les produits ayant des caractéristiques liées à l'origine géographique, et ce, au profit des consommateurs qui prendront leur décision en toute connaissance de cause", a souligné M. Nouri. Selon le ministre, le renforcement du dispositif de reconnaissance de la qualité des produits agricoles par les IGAO est devenue une "exigence" pour l'Algérie car cela va non seulement créer de nouvelles opportunités commerciales aussi bien sur le marché local qu'externe mais aussi "réaffirmer l'identité du patrimoine culturel et alimentaire algérien". Pour sa part, le directeur de la coopération avec l'UE au ministère des Affaires étrangères, Ali Mokrani, a souligné l'importance des jumelages à la faveur de l'avènement de l'ouverture de la zone de libre-échange avec ce partenaire en 2020. "Les administrations algériennes doivent se préparer à cette échéance pour qu'elles soient à même de relever les défis nombreux qui vont naître de cette période post-2020", a-t-il avancé. La reconnaissance de la qualité des produits agricoles par les IGAO s'inscrit aussi dans le cadre du développement économique et social du pays et participe à la préparation de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, a-t-il ajouté. Il a, cependant, relevé que si l'UE est le premier partenaire commercial de l'Algérie, cette relation doit être plus diversifiée. De son côté, l'ambassadeur de l'UE à Alger, Marek Skolil, a estimé que l'Algérie constituait "un réservoir sous-exploité" dans le secteur agricole, d'où l'importance de ces trois jumelages qui devraient être la référence pour d'autres projets à l'avenir. Ces trois jumelages seront mis en œuvre dans une période de deux ans en partenariat avec la France et l'Italie.