La grogne au sein du corps de la police est telle que pas moins de 300 autres éléments, après ceux de Ghardaïa, et de Bab Ezzouar ont investi la rue, hier, au niveau du Palais présidentiel pour crier leur ras-le-bol. Les manifestations des policiers se propagent ! Ainsi, après Ghardaïa et Bab Ezzouar, ce fut, hier, le tour du Palais présidentiel et des wilayas de Constantine et Khenchela. Alors que le ministre de l'Intérieur Tayeb Belaiz avait annoncé mardi soir la fin du mouvement de protestation des policiers contestataires, des centaines de ces mêmes policiers se sont rassemblés hier devant le Palais de la Présidence à El-Mouradia, sur les hauteurs d'Alger. Entre 300 et 400 policiers rassemblés, selon des témoins oculaires pour crier leur colère et réclamer une rencontre avec Abdelmalek Sellal, le Premier ministre. Les policiers avaient passé la nuit de mardi à mercredi devant le Palais du gouvernement, en attente d'être reçus par le ministre de l'Intérieur Tayed Belaiz, lui-même en déplacement à Ghardaïa d'où est partie la vague de colère des hommes en bleu. Selon des journalistes présents devant le siège d'El Mouradia, les policiers ont refusé de discuter avec des émissaires envoyés venus de la Présidence, exigeant d'être reçus par de hauts responsables de l'Etat.
À Constantine, le scénario n'est pas meilleur Une cinquantaine de policiers en tenue ont tenu hier un sit-in devant le siège de la Sûreté de wilaya, au Coudiat, en plein centre-ville de Constantine. Ces éléments en poste à la ville nouvelle Ali Mendjeli se sont rassemblés dès 15h en ordre devant le bâtiment du commissariat central, observant le silence. Aucune information n'a filtré sur leurs revendications et l'objet de leur manifestation inusuelle.
Et à Khenchela Notamment, des dizaines de policiers de la 17ème unité d'intervention de N'sigha (5 km au sud du chef-lieu de la wilaya de Khenchela), ont organisé, hier matin, une marche de protestation, qui a débuté à partir de leur unité vers le siège de la sûreté de wilaya, au centre-ville. À pied, les protestataires ont parcouru une distance de 5 Km, avant de tenir un sit-in sur place pour dénoncer leurs conditions de travail. Cette action a été organisée en signe de solidarité avec leurs collègues de Ghardaïa, afin que cessent les agressions contre les forces de l'ordre dans cette wilaya. Ghardaïa connaît des émeutes depuis des mois sans que le gouvernement n'arrive à trouver des solutions, " au moment où on demande à de simples policiers d'encaisser et payer les pots cassés de l'échec politique." a confié l'un des protestataires à la presse nationale. Selon les estimations, près de 2000 policiers qui se sont manifestés ces trois derniers jours revendiquent le départ du directeur de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, la création d'un syndicat et de nombreux avantages sociaux, notamment une hausse de 100% du salaire de base pour le porter à 70 000 DA par mois, le droit au logement, la réintégration de 6 000 policiers licenciés, la réduction de la durée de service au sein de la police de 32 ans à 20 ans, l'instauration d'une prime mensuelle à la femme au foyer de policier de 10 000 DA. Le directeur général de la Sûreté nationale, le général major Abdelghani Hamel, s'était rendu, lundi après-midi, à Ghardaïa où il a rassuré les agents de maintien de l'ordre quant à la prise en charge de toutes leurs préoccupations. M. Hamel a rencontré, lors de cette visite, les agents de maintien de l'ordre dont certains lui ont fait part de leurs préoccupations, notamment "après les attaques dont ils ont fait l'objet au cours des dernières 24 heures", selon un communiqué de la DGSN. "Trois policiers ont été blessés dans ces attaques mais aucun décès n'a été enregistré comme il a été rapporté par certaines parties", a précisé la même source. Il a, en outre, relevé que la DGSN poursuivait sa mission "avec abnégation" dans le cadre du "strict respect" des lois de la République.