La deuxième journée de protestation des policiers des Unités républicaines de sécurité (URS) à Alger s'est achevée hier sans résultats probants, malgré la venue du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, au siège de la présidence de la République, à El Mouradia, où ils observent un sit-in depuis la nuit du mardi. Après presque deux heures de discussions, la délégation des policiers protestataires est sortie bredouille, en effet, puisque leur deux principales revendications n'ont pas été satisfaites par M. Sellal, qui leur a expliqué que le départ du directeur général de la Sûreté nationale (Dgsn), Abdelghani Hamel, n'est pas de ses prérogatives, selon les délégués des policiers. Les policiers de l'URS se sont vus également refuser la création d'un syndicat pour défendre leurs intérêts. «On ne peut rien discuter, y compris les questions liées à nos salaires et à nos droits concernant la retraite sans l'existence d'un syndicat pour nous représenter», ont expliqué ces derniers qui ont appelé leurs collègues à poursuivre leur mouvement de protestation jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications. Abdelmalek Sellal a promis, selon la délégation de l'URS, une augmentation du salaire de base de policiers protestataires à hauteur de 5 000 dinars, à partir de l'année 2015, avant de s'engager à étudier tous les points énumérés dans leur plateforme de revendication d'ici dimanche. À l'arrivée du Premier ministre au siège de la présidence, les policiers protestataires avaient insisté sur le départ du Dgsn, qu'ils considèrent comme une nécessité pour un changement «positif» dans le fonctionnement de ce corps constitué, scandant des slogans appelant à la nomination de l'actuel chef de sûreté de la wilaya d'Alger, Nourredine Boufellagha, à la tête de la Sûreté nationale. La même scène s'est répétée à la sortie de M. Sellal, qui a quitté sous les cris des policiers : «Hamel dégage». Au début de l'après-midi, une tentative de l'ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, de convaincre les protestataires à quitter les alentours du siège de la Présidence a lamentablement échoué. «Nous ne discuterons avec aucun autre responsable du gouvernement en dehors de Abdelmalek Sellal, le seul qui pourra transmettre nos revendications au président de la République», lui a-t-on expliqué avant de lui tourner le dos, comme ils l'ont fait la veille à l'entrée du Palais du gouvernement au wali d'Alger, Abdelkader Zoukh. Pour rappel, le mouvement de protestation des policiers des URS est parti de la wilaya de Ghardaïa, où le déplacement du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, accompagné du Dgsn n'a pas calmé leur colère, qui couvait depuis des mois. L'aggravation des affrontements opposant la communauté mozabite à la communauté arabe dans cette wilaya, depuis dix mois, est la goutte qui a fait déborder le vase. Excédés par les mauvaises conditions de travail, leur exclusion des dispositifs de logement du ministère de l'Habitat et la radiation de leurs collègues, dont le nombre aurait dépassé les 6 000, selon leurs dires, les policiers des autres unités implantées à travers plusieurs wilayas ont donc décidé de marcher sur Alger. Ainsi, mardi matin, plus d'une centaine d'éléments ont marché de l'unité d'El-Hamiz, à l'est d'Alger, jusque devant le Palais du gouvernement, rue docteur Saâdane, où ils ont été rejoints en fin de journée par près de 300 collègues venus de plusieurs unités de la capitale et des wilayas voisines. Hier, le nombre de policiers a atteint environ les six mille en fin d'après-midi, avec l'arrivée tout au long de la journée d'autres unités en provenance des wilayas de l'ouest, de l'est et de l'intérieur du pays. L. M.