Le gouvernement a décidé de remplacer Henri Proglio à la tête d'EDF par le P-DG de Thales, Jean-Bernard Lévy, pour donner un nouveau souffle au géant français de l'électricité, appelé à accompagner le déploiement de la loi de transition énergétique. Il y a aujourd'hui une phase nouvelle avec la transition énergétique qui s'ouvre, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, pour justifier l'éviction du patron du premier opérateur nucléaire mondial, un grand défenseur de l'atome qui briguait un deuxième mandat. Le projet de loi de transition énergétique, adoptée à une large majorité mardi à l'Assemblée nationale, prévoit de réduire de 75% à 50% la part de la production d'électricité d'origine nucléaire à l'horizon 2025 tout en développant les énergies renouvelables. Elle prévoit aussi le plafonnement de la puissance nucléaire à 63,2 gigawatts, ce qui nécessitera de fermer des réacteurs nucléaires lors de l'entrée en service de l'EPR de Flamanville, prévue en 2016. Jean-Bernard Lévy, 59 ans, est un grand industriel qui a les qualités pour conduire cette grande entreprise qu'est EDF, a précisé M. Le Foll, rapportant les propos tenus par le président François Hollande en conseil des ministres. Il a dirigé Vivendi Universal avant de prendre les rênes du groupe d'électronique de défense Thales, en décembre 2012, dont il a renforcé la présence internationale. Son nom figurera donc parmi les 12 administrateurs indépendants ou représentant l'Etat dont la nomination doit être avalisée par un conseil d'administration d'EDF programmé jeudi matin, puis soumise à une assemblée générale extraordinaire le 21 novembre, à la veille de la fin du mandat de M. Proglio. Avant que sa nomination soit définitivement confirmée par un décret, le futur dirigeant de l'entreprise détenue à 84,5% par les pouvoirs publics devra également réussir son oral devant le Parlement. Le plus important, c'est que le nouveau P-DG d'EDF ait bien pour feuille de route la loi de transition énergétique. J'attends de sa part des engagements clairs, a insisté le député écologiste Denis Baupin. Henri Proglio ne donnait pas vraiment l'image de quelqu'un qui se sentait être le porteur de ce nouveau message, a-t-il ajouté.
Proglio, longtemps favori Le gouvernement a aussi fait valoir qu'Henri Proglio n'aurait pu exercer qu'un demi-mandat, car il aurait atteint la limite d'âge de 68 ans en juin 2017, et que les considérations partisanes n'avaient pas pesé sur son choix. François Hollande a salué le travail mené par M. Proglio, un chiraquien de coeur nommé à la tête d'EDF en 2009 par Nicolas Sarkozy. Il était donné favori jusqu'à ces dernières semaines, grâce notamment à son bilan jugé positif: la bonne résistance financière d'EDF durant la crise, le désengagement de marchés risqués comme le nucléaire américain, le contrat pour la construction de deux réacteurs EPR en Angleterre, le partage de Dalkia avec Veolia et le maintien d'une paix sociale avec le soutien de la CGT. La France a une filière nucléaire parmi les toutes meilleures. (...) Et vous comprendrez que je salue tout particulièrement aujourd'hui le travail mené à la tête d'EDF par Henri Proglio, a déclaré le Premier ministre, Manuel Valls, dans un discours prononcé au salon de l'atome au Bourget (région parisienne). La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a aussi salué le bon travail d'Henri Proglio tout en estimant qu'à l'heure où les technologies interviennent dans les interconnections, dans les services liés à l'énergie, un nouveau regard sur l'évolution de l'entreprise, je crois, sera une bonne chose. J'ai été très fier de gérer cette formidable entreprise depuis cinq ans, a déclaré M. Proglio du salon du nucléaire. Les résultats sont au rendez-vous, a-t-il ajouté, avant d'être reçu en soirée à l'Elysée, selon une source proche du dossier. Homme de réseaux, l'ex-patron de Veolia Environnement disposait de soutiens au gouvernement et au PS, même si l'arrivée au pouvoir de François Hollande en 2012 avait failli lui coûter sa place. Il a été informé ce matin par Macron (le ministre de l'Economie, NDLR) qu'il ne serait pas reconduit, avait indiqué tôt dans la matinée une source proche du dossier. Le syndicat majoritaire du groupe s'est dit extrêmement inquiet. Un changement de tête, c'est une certaine déstabilisation de l'entreprise pendant un certain temps, a estimé Marie-Claire Cailletaud, secrétaire fédérale de la CGT mines et énergie, déplorant chez M. Lévy une méconnaissance du secteur énergétique. On ne récuse pas qu'il faille dans cette période particulière adapter l'outil industriel. Sauf qu'on a besoin de vision à long terme, stratégique et de stabilité. Outre la transition énergétique, Jean-Bernard Lévy devra superviser d'autres gros chantiers, dont le grand carénage, un plan de 55 milliards d'euros d'investissements prévu jusqu'en 2025 pour moderniser les 58 réacteurs français en vue d'une prolongation de leur durée de vie au-delà de 40 ans.
Royal et Valls saluent le bon travail de Proglio La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a salué le bon travail d'Henri Proglio à la tête d'EDF tout en estimant que son remplacement par Jean-Bernard Lévy était une bonne décision. C'est une bonne décision! Il était bon aussi de renouveler la présidence avec un grand chef d'entreprise qui a remonté l'entreprise Thalès, a déclaré la ministre lors d'une conférence de presse en marge d'un déplacement à Lyon pour les assises de la qualité de l'environnement sonore. A l'heure où les technologies interviennent dans les interconnections, dans les services liés à l'énergie, un nouveau regard sur l'évolution de l'entreprise, je crois, sera une bonne chose, a-t-elle ajouté. Je voudrais rendre hommage au travail d'Henri Proglio, qui a fait énormément de choses dans cette entreprise, mais qui n'aurait pas pu aller jusqu'au bout de son mandat actuel s'il avait été reconduit car il était en fin de mandat, a poursuivi Mme Royal. J'ai très bien travaillé avec lui en partenariat, a-t-elle dit, citant notamment les derniers contrats récents de vente de réacteurs EPR au Royaume-Uni. La ministre a par ailleurs observé qu'il n'y avait jamais eu de président d'EDF qui soit resté au-delà des 5 ans. Pour sa part, Manuel Valls a aussi, salué le travail du P-DG d'EDF Henri Proglio, dont le non-renouvellement et le remplacement par le patron de Thales Jean-Bernard Levy viennent d'être confirmés en Conseil des ministres. La France a une filière nucléaire parmi les toutes meilleures. Et je veux en saluer tous les acteurs. Et vous comprendrez que je salue tout particulièrement aujourd'hui le travail mené à la tête d'EDF par Henri Proglio, a déclaré le Premier ministre dans un discours prononcé au salon des exportateurs français du nucléaire. Interrogé par la presse après être descendu de la tribune, le Premier ministre s'est refusé à développer, pour respecter les procédures et les hommes. Je ne ferai pas de commentaire, moi je respecte les hommes, il faut respecter les procédures et les hommes, il n'y a rien de plus à dire. EDF est une très grande entreprise qui représente l'avenir du pays. Je pense à ses salariés, elle est en de bonnes mains, a dit M. Valls. Auparavant, le Premier ministre avait visité le salon avec le futur-ex patron d'EDF à son côté pendant près de 45 minutes. Mais M. Proglio s'est ensuite éclipsé et n'a pas assisté au discours du Premier ministre. Selon une source proche du dossier, M. Proglio a été reçu à l'Elysée par le président François Hollande.