L'énergie nucléaire a un brillant avenir et mérite un vrai débat, a plaidé cette semaine l'ex-dirigeante du groupe nucléaire Areva, Anne Lauvergeon, estimant que cette source d'énergie était indispensable pour couvrir les besoins futurs en énergie de la planète. L'énergie nucléaire, c'est une énergie pas chère, qui n'émet pas de CO2, et (est) domestique. C'est donc une énergie qui, dans le mix énergétique de l'avenir, a un rôle à jouer et qui, pour paraphraser M. Montebourg, a un avenir brillant, a déclaré Mme Lauvergeon. L'ancienne présidente d'Areva s'exprimait lors d'une réunion-débat organisée par le mouvement patronal Ethic. Est-ce qu'on peut se passer du nucléaire dans l'équation actuelle ? Collectivement, mondialement, planétairement parlant, non. Après, c'est à chaque pays de décider de son mix énergétique, a-t-elle ajouté. Historiquement, le nucléaire a été développé en France sans vrai débat, rapidement et par quelques élites, et je pense que le nucléaire a intérêt au débat, a-t-elle reconnu. Mais il faut que ce soit un vrai débat, qui ne soit pas kidnappé et phagocyté par des gens qui sont plus des idéologues que des praticiens, a poursuivi Atomic Anne. Mme Lauvergeon, a notamment souhaité que les opposants au nucléaire disent par quoi on le remplace, et rappelé notamment que les énergies renouvelables, qui fonctionnent de manière intermittente, nécessitaient d'être complétées par d'autres sources d'énergies. Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, avait déclenché fin août une polémique avec les écologistes en qualifiant le nucléaire de secteur d'avenir. Mme Lauvergeon, a également évoqué ses désaccords avec l'ancien président Nicolas Sarkozy sur le nucléaire en Libye, et sur l'organisation de la filière avec le P-DG d'EDF Henri Proglio, déjà amplement détaillés dans un livre cinglant publié au printemps (La femme qui résiste, paru en avril chez Plon). Dans le monde, normalement, l'entreprise a intérêt à vendre tout à n'importe qui, et puis vous avez un gouvernement, normalement, qui est là pour vous empêcher de vendre tout à n'importe qui. Et là on s'est retrouvé à front renversé, dans un système où il fallait absolument vendre un réacteur nucléaire à M. Kadhafi, et nous chez Areva qui ne voulions pas, a-t-elle notamment affirmé. Elle a critiqué le fait qu'EDF, après l'arrivée à sa tête d'Henri Proglio fin 2009, ait obtenu la casquette de chef de file de la filière française pour les exportations de centrales nucléaires, affirmant que c'était comme de confier à Air France la tâche de vendre des Airbus à Lufthansa ou British Airways. Cela a totalement perturbé le jeu au niveau international et en pratique, le résultat est clair : depuis l'arrivée du nouveau management chez EDF en 2009, il n'y a pas eu de réacteur vendu. Donc la recette n'a pas fonctionné, a-t-elle dit, jugeant temps de mettre fin à cet imbroglio. Mme Lauvergeon, ancienne sherpa de François Mitterrand, a été évincée en juin 2011 de la présidence d'Areva par le gouvernement Fillon. Elle est devenue depuis présidente du conseil de surveillance du quotidien Libération et du fonds A2i (Agir pour l'insertion dans l'industrie).