Les cours du pétrole ont fini en nette baisse avant-hier à New York, à l'issue d'une semaine éprouvante, dans un marché inquiet pour la demande mondiale et frileux avant une réunion de politique monétaire clef aux Etats-Unis. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en décembre a abandonné 1,08 dollar, à 81,01 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a fini à 86,13 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 70 cents par rapport à la clôture de la veille. Le marché a souffert toute la semaine et se met sur la réserve car tout le monde est dans l'attente de la Fed, la Réserve fédérale américaine qui se réunira mardi et mercredi, a relevé Bill Baruch, de iiTrader. La plupart des courtiers se préparaient notamment à l'annonce par le comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) de la fin du programme de rachats d'actifs mis en place par la banque centrale. Et si les taux et leur éventuel resserrement sont seulement évoqués, cela pourrait entraîner les prix du brut dans une nouvelle spirale baissière, a poursuivi M. Baruch. La politique monétaire très accommodante de la Fed a joué un rôle essentiel pour favoriser le crédit et l'investissement sur les marchés financiers ces dernières années et beaucoup redoutaient l'impact de la fin de cette époque de l'argent dit facile. La perception d'une offre très abondante en brut, aux Etats-Unis notamment, continuait à peser sur les prix, a par ailleurs expliqué Tim Evans, de Citi Futures, soulignant que les stocks de brut américains avaient beaucoup grimpé récemment. Ces réserves ont gonflé de 21 millions de barils au cours des trois dernières semaines, les Etats-Unis atteignant début octobre un rythme de production de pétrole record depuis 1985. Le marché a également pâti de craintes sur la demande d'autant plus que la crise Ebola repointe le bout de son nez aux Etats-Unis, après l'annonce d'un premier cas avéré à New York la veille, a remarqué Carl Larry, de Oil, Oulooks and Opinion. En effet, l'adoption de mesures pour éviter la propagation du virus, dans les transports notamment, et la peur que génère l'épidémie pourraient avoir un impact économique et réduire par ricochet la demande énergétique, a précisé l'analyste. Les cours du brut avaient nettement rebondi jeudi après des informations de presse sur une réduction de l'offre de l'Arabie Saoudite, le chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), en septembre par rapport à août. Mais ce rebond des cours du brut n'a été que de courte durée, la raison de la baisse de l'offre n'ayant pas été identifiée, selon les analystes. Les douze Etats membres du cartel, responsables d'un tiers de l'offre pétrolière mondiale, se réuniront le 27 novembre prochain dans la capitale autrichienne. Jusqu'ici, ils ont eu l'air divisés sur la possibilité de réduire leur offre pour freiner la chute des cours de l'or noir (en baisse d'environ un quart depuis la mi-juin), certains se montrant plutôt préoccupés par la sauvegarde de leurs parts de marché. En Asie, les prix du pétrole repartaient à la baisse après un fort rebond la veille sur des rumeurs de réduction de l'offre saoudienne. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en décembre perdait 69 cents, à 81,40 dollars, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance perdant 62 cents à 86,21 dollars. Les cours pétroliers ont été soutenus jeudi par des indicateurs de bon augure pour la demande énergétique, comme l'annonce d'une légère accélération de la production manufacturière en octobre en Chine, deuxième consommateur mondial de brut, ou la progression plus forte que prévu d'un indice sur le secteur manufacturier en Allemagne, moteur de l'économie européenne. "Les chiffres sont assez encourageants pour l'instant mais nous devons attendre de voir s'ils se confirment dans les annonces à venir", notait Daniel Ang de Phillip Futures à Singapour.