Le secteur de la pêche et de l'aquaculture se cherche encore en Algérie. Beaucoup de chantiers sont ouverts pour le développer, voire le moderniser. Des projets tous azimuts sont en train d'être réalisés et deviennent effectifs sans pour autant changer grand-chose aux prix qu'affichent les poissons, notamment la sardine, qui restent hors de portée des populations à petites bourses. Toutefois, les problématiques liées à la production, à l'environnement et aux aspects socioéconomiques de l'activité de la pêche et de l'aquaculture sont, désormais, prises en charge par des chercheurs avec la participation des professionnels pour l'accompagnement du développement du secteur. Des réseaux de recherche, réunissant des universitaires et chercheurs dans le domaine de la pêche, de l'aquaculture et de l'environnement marin, ont ainsi été récemment installés par le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques, a indiqué à l'APS le directeur des études auprès de ce département ministériel, M. Farid Harouadi. Il s'agit du réseau national d'analyses des zones de pêche et d'aquaculture et des produits de la pêche et des milieux (Resanal), du réseau régional d'aquaculture marine et d'eau douce (Aquamaed), du réseau d'aménagement et de gestion des pêcheries algériennes (Ragpa) ainsi que du réseau socio-économique de la pêche et de l'aquaculture en méditerranée (Respam). "Nous avons des priorités en termes de production et de pêche durable et responsable, qui nécessitent l'implication des chercheurs, des professionnels et des associations pour les réaliser", explique-t-il. Les experts du secteur ont, alors, défini des priorités nécessitant l'implication de la communauté scientifique nationale à travers la constitution de ces réseaux. Ces priorités sont liées à la gestion et à l'aménagement des pêcheries algériennes, à l'aquaculture marine et continentale, à la réalisation d'une étude socioéconomique de la pêche et de l'aquaculture, à l'environnement et à la qualité des écosystèmes marins, précise M. Harouadi. Ces réseaux ont été constitués après la tenue de plusieurs réunions et ateliers organisés par le Comité permanent de la recherche scientifique et du développement technologique (CSPRSDT) du secteur de la pêche et des ressources halieutiques en coordination avec la direction générale de la recherche scientifique du ministère de l'Enseignement supérieur. "Nous avons exposé les priorités du secteur aux chercheurs dans les domaines de l'environnement, l'aquaculture, l'économie et la sociologie pour qu'ils nous aident à trouver des solutions scientifiques aux problématiques posées", note-t-il.
Comment doubler la production halieutique grâce à l'aquaculture Le plan de développement de l'aquaculture marine et continentale (Aquapêche 2020) fait partie des priorités du secteur en matière de production, l'objectif étant d'arriver d'ici cinq ans à doubler la production halieutique nationale grâce à l'aquaculture. Pour augmenter le ratio alimentaire de poisson recommandé, le secteur veut atteindre une production de 100.000 tonnes de poissons issus d'aquaculture, qui s'ajouteront aux 120.000 tonnes de pêche marine produites annuellement. "Nous voulons sauvegarder notre stock pêchable qui est déjà limité par une pêche responsable et durable, mais nous devons aussi développer l'aquaculture", souligne cet expert qui rappelle que la FAO recommande que le ratio de poisson par habitant soit composé à 50% de produits aquacoles. Ce plan "très ambitieux et réalisable", selon M. Harouadi, sera accompagné par des groupes de chercheurs du réseau Aquamaed qui devraient répondre aux préoccupations qui surgiraient dans la réalisation de l'Aquapêche 2020. Dans ce sens, il cite l'alimentation, la production d'alevins, les pathologies de poisson d'élevage et l'introduction de nouvelles techniques d'élevage. Concernant les problématiques liées à l'environnement, le réseau de recherche est chargé d'étudier, entre autres, la qualité des écosystèmes marins et tout ce qui est lié à la préservation de la ressource. Le réseau Resanal, qui compte 14 laboratoires spécialisés dans l'environnement marin, s'occupera aussi de la surveillance des sources de pollution marine et son impact sur la ressource. D'ailleurs, un groupe a déjà été chargé d'étudier la prolifération des algues toxiques dans le milieu marin algérien. Ces réseaux seront aussi associés dans les plans d'évaluation des actions du secteur, alors que cela se faisait habituellement par l'administration, note M. Harouadi. Selon lui, les conditions sont propices pour entamer une nouvelle étape de développement du secteur qui a levé plusieurs contraintes auxquelles faisaient face les professionnels, à travers l'instauration d'un système de retraite spécifique aux marins pêcheurs, la résolution progressive de leurs problèmes socioprofessionnels, la formation et la réhabilitation des ports de pêche. En fait, avance-t-il, les professionnels et les chercheurs "peuvent travailler ensemble dans une démarche participative aux côtés des associations nationales et locales activant dans l'environnement et la pêche".