Les cours du pétrole étaient en baisse hier dans les échanges matinaux en Asie, plombés par les inquiétudes sur la politique des prix menée par l'Arabie saoudite. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en décembre dégringolait de 40 cents, à 78,38 dollars, en dessous de son plus bas à la clôture enregistré en juin 2012. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance perdait 38 cents, à 84,41 dollars. "Les cours du pétrole ont encore subi un coup dur" avec "les informations sur la baisse des prix du pétrole saoudien aux Etats-Unis" visant vraisemblablement à "concurrencer le pétrole de schiste américain", a estimé la United Overseas Bank de Singapour. Selon Dow Jones Newswires, l'Arabie saoudite, chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a baissé les prix du brut destinés aux Etats-Unis, où ses parts de marché ont subi les assauts de la production locale de pétrole de schiste, tout en les augmentant sur les destinations asiatiques. Les cours du pétrole pâtissent aussi beaucoup de la vigueur du dollar. Le billet vert évoluait lundi à des niveaux plus vus depuis août 2012 face à l'euro et décembre 2007 face au yen. Or un dollar plus fort décourage les acheteurs de brut munis d'autres devises, car le baril libellé dans la monnaie américaine devient plus cher pour eux. La veille, les prix du pétrole ont fini à leur plus bas niveau depuis deux ans lundi à New York, dans un marché englué dans une tendance baissière, accentuée ces jours-ci par un net regain de vigueur du dollar. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en décembre a reculé de 1,76 dollar, à 78,78 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Il s'agit de son plus bas niveau en clôture depuis le 28 juin 2012. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a fini à 84,78 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 1,08 dollar par rapport à la clôture de vendredi. "Le marché s'est nettement cassé la figure, plombé" comme le reste des matières premières "par le dollar fort et par des craintes sur un tassement de l'économie mondiale, particulièrement en Chine", a commenté Oliver Sloup, de iiTrader. Dopé par la perspective d'une normalisation anticipée de la politique monétaire aux Etats-Unis, dans un contexte de politiques encore extrêmement accommodantes ailleurs dans le monde, le billet vert grimpe en effet fortement depuis le milieu de la semaine dernière. Côté indicateurs, en Chine, un indice PMI d'activité publié par la banque HSBC a montré que la croissance de la production manufacturière chinoise a peu progressé par rapport à septembre, alimentant les inquiétudes d'un ralentissement du deuxième consommateur mondial de brut. En zone euro, la révision en baisse d'un indicateur manufacturier montrant que le secteur continue à stagner, a accentué les craintes sur une économie qui peine à se ressaisir.
A la recherche d'un plancher Sur fond de forte abondance de l'offre et d'une économie mondiale incertaine, les cours mondiaux du brut sont englués dans une tendance baissière depuis leur pic de la mi-juin qui leur a ôté à Londres comme à New York plus du quart de leur valeur, jusqu'à 35% pour le WTI. "Le marché reste à la recherche d'un plancher" à partir duquel ses prix pourront rebondir, a noté Gene McGillian, de Tradition Energy. Pour Oliver Sloup, "beaucoup s'attendent à ce que les prix descendent encore jusqu'à 75 dollars" pour le WTI. Dans ce contexte, les opérateurs guettaient avec beaucoup d'attention la prochaine réunion ordinaire de l'Opep, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole le 27 novembre à Vienne. Jusqu'ici, "il semble que les membres du cartel ont sans prévenir rendu prioritaires leurs parts de marché plutôt que l'équilibre du marché mondial du pétrole", a jugé Tamas Vargas, du courtier PVM, selon qui "il n'y aura pas de réduction crédible" de la production à la réunion du 27 novembre. La morosité ambiante a fini par avoir raison du soupçon de bonne humeur observé en début de séance new-yorkaise, qui avait permis au WTI de débuter la journée dans le vert. Aux Etats-Unis en effet, les perspectives restent plus roses qu'ailleurs pour la demande, notait-on. Outre des indicateurs économiques de bonne facture, jugés encourageants pour la consommation énergétique, "un certain nombre de raffineries reprennent peu à peu leurs opérations après la période de maintenance saisonnière, ce qui va accélérer la demande en brut", a souligné Carl Larry, de Oil, Oulooks and Opinion. Et une vague de froid précoce au nord-est des Etats-Unis, le premier consommateur d'or noir au monde, "avec des neiges du Minnesota à Chicago (Illinois)" jusqu'au Maine, "fait craindre l'arrivée d'un hiver aussi dur que le précédent", a-t-il précisé.