Ayant, certes, connu un taux de fréquentation très important, le Salon international du livre (SILA) a laissé le public sur sa faim alors que les éditeurs eux-mêmes réitèrent leur appel à "revoir les mécanismes de l'aide publique" à l'édition et ont déploré le "manque de personnel formé" dans les différents métiers de la chaîne du livre en Algérie au moment où les libraires demandent la création d'une centrale d'achat. Quant aux professionnels, ils mettent la programmation à l'index. Le public qui a pu faire le tour des stands où 900 exposants (dont plus de 250 Algériens) ont mis en relief leurs différents produits livresques, constatant surtout l'indisponibilité des ouvrages recherchés d'une part et fustigent surtout leurs prix jugés "plus élevés qu'en librairie" par certains. Les parents ont déploré, de leur côté, des animations qu'ils jugent "inadaptées", souhaitant, par exemple, "une initiation des enfants à la lecture", des ateliers d'écriture ou un espace bibliothèque, pour rester dans la philosophie d'un salon du livre. En plus de l'exposition de livres, le Sila a également proposé une séries de rencontres, aux thématiques certes diversifiées, mais qui peinent encore à attirer les visiteurs faute de visibilité et de communication autour de leur tenue. Consacrées aux célébrations du 60e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, fil rouge de ce 19e Sila, et passerelles entre littérature, journalisme et cinéma, ces rencontres ont été faiblement suivies par un public visiblement peu intéressé par les thèmes proposés. Seule exception notable, la rencontre "Des noms et des lieux", réservée deux jours durant aux origines des noms propres algériens, était une curiosité qui aura fait mouche en terme d'affluence. Les professionnels, pour leur part, ont bien mis à l'index la programmation avant de demander à ce qu'ils soient davantage "impliqués" dans sa conception. Ces professionnels appellent en outre à une meilleure promotion des petits éditeurs et à une meilleure communication sur le Salon et sur son programme d'animation". D'autres participants ont déploré le peu de rencontres des professionnels algériens et étrangers dont ils pourraient "tirer profit" par l'échange instructif. Plus généralement, ces professionnels en appellent à une préparation plus longue du Sila et non plus deux mois avant son début.Par ailleurs, réunis autour d'une table ronde, vendredi dernier, consacrée aux préoccupations des libraires, des professionnels ont demandé l'installation d'une "base de données informatiques" régulièrement mise à jour par les éditeurs et "financée par des abonnements" reversés par les deux corporations.Cette base de données pourrait par la suite évoluer vers une réelle centrale d'achat qui peut clarifier et régir les transactions commerciales, minimiser les déplacements chez les éditeurs et réduire les pertes de temps. Cette proposition a été favorablement accueillie par les quelques distributeurs et libraires présents qui y voient une "solution à la faiblesse du réseau de distribution et de promotion du livre". Accompagnée d'un outil de gestion informatique de la librairie ce projet devrait libérer les libraires des "difficultés d'approvisionnement" et leur permettrait de se consacrer à l'animation de leurs espaces et à leurs lecteurs. Les éditeurs aussi réunis au 19e Salon international du livre d'Alger (SILA) avec le directeur au Centre national du livre (Cnl), Hassen Bendif, se sont interrogés sur l'efficacité -en termes de "visibilité" et de "promotion" du livre- des subventions accordées par le ministère de la culture au titre du Fonds national pour la promotion et le développement des arts et des lettres. *Ce fonds prévoit l'achat, par le ministère de la Culture , d'exemplaires de livres-, proposés par les éditeurs et validés par une commission du ministère de la Culture- destinés à alimenter les bibliothèques municipales à travers le pays. Le directeur du CNL a reconnu de son côté que cette forme de subventions par le Fonds a pu favoriser l'émergence d' "éditeurs occasionnels" qui ont bénéficié, selon lui, des aides en question en proposant des manuscrits et non des livres déjà imprimés. Tout en engageant les candidats aux subventions de l'Etat parmi les éditeurs à une "plus grande prise de risque", M. Bendif a rappelé que le CNL ne donnait qu'un "avis consultatif" sur les livres éligibles à l'aide publique. Par ailleurs, des éditeurs ont soulevé la question de la formation et de la qualification dans les différents métiers intervenant "en amont et en aval" de l'édition, à l'exemple de Mouloud Achour des éditions Casbah qui a évoqué la difficulté de trouver des correcteurs et des illustrateurs, deux métiers essentiels dans l'édition. En résumé donc le 19e Salon international du livre n'a pas fait l'unanimité puisque le grand public et les professionnels s'accordent à souhaiter, pour le futur, un meilleur niveau qualitatif dans l'organisation. Pour le moment on retiendra bien ces dates des 19 et 20 novembre prochains où des journées d'étude seront organisées sur les métiers du livre, pour les éditeurs et les distributeurs avant celles des 3 et 4 décembre prochain pour les libraires pour voir un peu plus clair le métier…