L'indice de confiance des consommateurs nippons s'est dégradé d'un point en octobre par rapport à son niveau de septembre, un 3e recul mensuel d'affilée qui traduit le pessimisme des ménages depuis l'entrée en vigueur d'une taxe sur les achats à 8%. Cet indice - corrigé des variations saisonnières - est tombé à 38,9 points, contre 39,9 en septembre, a annoncé le gouvernement hier. Il avait déjà perdu 1,3 point en septembre et 0,3 point en août après un regain entre le mois d'avril (au plus bas niveau depuis le printemps 2013 à 37 points) et juillet (41,5 points). La hausse de la taxe sur la consommation (passée de 5% à 8% le 1er avril), conjuguée à la politique inflationniste de la Banque du Japon (BoJ), pèse sur le moral des Japonais qui ont fortement serré les cordons de la bourse, entraînant une forte contraction de l'économie au deuxième trimestre. Les chiffres du produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre, attendus ne s'annoncent guère meilleurs, au vu des dernières statistiques macroéconomiques. Dans ces conditions, le Premier ministre Shinzo Abe pourrait décider de reporter une nouvelle augmentation de taxe, initialement prévue à l'automne 2015. On lui prête même l'intention de dissoudre la chambre basse dans la foulée afin de provoquer des élections anticipées. En octobre, l'ensemble des quatre sous-indices ont accusé un repli. Les Japonais se sont montrés nettement moins optimistes sur les perspectives d'emploi (44,7 points, en baisse de 1,9 point), même si le taux de chômage reste très faible (3,6% de la population active en septembre). La chute est également forte du côté des intentions d'achat de biens durables (-1,3 point à 36,5 points). Elle est un peu moins marquée du côté des perspectives de croissance des revenus (-0,2 point à 38 points) et de la perception du bien-être économique (-0,7 point à 36,4 points). Pour chacun des indices mentionnés, un résultat inférieur à 50 indique que les particuliers qui redoutent une dégradation sont plus nombreux que ceux qui entrevoient une amélioration. A l'exception de l'emploi, "les indices sont plus élevés qu'en avril quand les foyers avaient le moral au plus bas du fait du relèvement de la TVA. Mais ils restent pessimistes quant à l'évolution de leurs revenus et jugent de ce fait leur situation économique défavorable", souligne Capital Economics dans une note. "Les perspectives demeurent sombres", juge la même source. L'enquête du gouvernement a été menée le 15 octobre auprès de 5 712 foyers de deux personnes ou plus.
L'excédent courant en hausse Par ailleurs, le Japon a fait état pour le mois de septembre d'un excédent courant supérieur de 62% à celui enregistré un an plus tôt, mais ce bond, le 3e mensuel d'affilée, est dû aux investissements japonais à l'étranger et masque une situation bien moins reluisante sur le volet commercial. Il y a deux mois, les comptes courants de l'archipel ont affiché un solde positif de 963 milliards de yens (6,8 milliards d'euros), contre un excédent de quelque 564 milliards en septembre 2013. Dans le détail, les échanges de marchandises ont accusé un déficit de 714,5 milliards de yens (5 milliards d'euros), voisin de celui constaté un an plus tôt. En raison d'un mode de calcul excluant les frais de transport et d'assurance, ce résultat est un peu différent du déficit commercial annoncé fin octobre. Les exportations ont certes nettement progressé (+11,6% à 6 468,2 milliards de yens), soit le 11e mois d'augmentation de suite, mais la hausse concomitante des importations (+10,4% à 7 182,7 milliards de yens) a empêché le pays de dégager un surplus, toujours à cause de ses impérieux besoins d'énergie. Le Japon est forcé d'élever ses achats à l'étranger de gaz naturel et de pétrole depuis l'arrêt de tout ou partie de ses réacteurs nucléaires à la suite de l'accident de Fukushima en mars 2011. Le compte des services est lui aussi resté dans le rouge, mais le déficit s'est un peu contracté (de 57,4 milliards) à 208,3 milliards de yens, grâce à une amélioration du solde du compte des voyages, a précisé le ministère. C'est encore une fois l'apport des investissements directs et des placements nippons à l'étranger qui a plus que comblé le trou des biens et services, avec un solde du compte des revenus de 2 035,2 milliards de yens, en hausse de 25% sur un an. "Il s'agit d'un record pour le mois de septembre et du deuxième plus élevé tous mois confondus", a souligné le ministère. Depuis le début de l'année, seuls les mois de janvier et juin ont été négatifs, plongeant cependant le premier semestre dans le rouge pour la première fois depuis la publication de ces statistiques (1985). Selon Capital Economics, la balance des comptes courants devrait continuer de bénéficier dans les prochains mois du soutien que constitue l'affaiblissement du yen pour le compte des revenus. Toutefois, la baisse de la devise nippone renchérit le coût des importations et pèse en sens contraire sur le solde commercial. La balance des transactions courantes est un bon indicateur de la situation d'une économie par rapport au reste du monde, car elle prend en compte non seulement les échanges des biens, mais aussi ceux de services, ainsi que les revenus des investissements directs ou de portefeuille et les transferts courants.