L'urgence de la réorganisation de la filière de production animale, pour réduire ses coûts, améliorer sa qualité et sa compétitivité, et couvrir la demande nationale en produits carnés et autres, a été soulignée, à Tizi-Ouzou, par des universitaires. La rencontre scientifique sur la production animale organisée par l'université, a été l'occasion pour ces universitaires pour lancer un appel à l'ensemble des partenaires concernés (université, éleveurs, industriels, et pouvoirs publics), pour conjuguer et coordonner leurs efforts pour "la mise en place d'une nouvelle politique agricole à même de restructurer et de réorganiser la filière de production animale afin de placer sur le marché des produits compétitifs, en prévision de l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) et l'avènement de la zone de libre échange". Partant d'un constat, tiré des conclusions de plusieurs enquêtes menées sur le terrain dans des exploitations d'élevage (avicole, ovin, caprin, cunicole) à travers plusieurs régions du pays, ces scientifiques ont relevé certaines défaillances dans le système de production animale, notamment sur le plan de la maîtrise des techniques d'élevage, de l'alimentation des cheptels et de leurs suivis sanitaire. A ce propos, Kaci Ahcène de l'Ecole nationale supérieure d'agronomie (ENSA), qui a présenté une analyse sur 10 ans (2003-2013) de la compétitivité de la filière des élevages avicoles en l'Algérie, a souligné que "les enquêtes menées durant la dernière décennie ont mis en évidence la non compétitivité des ateliers avicoles en raison de l'absence d'organisation de la profession, l'incapacité d'innovation de l'ensemble des acteurs de la filière aux plans techniques et organisationnel et le déficit en formation chez la majorité des éleveurs". De son côté M. Mouhous de la faculté de sciences biologiques et agronomiques de l'université de Tizi-Ouzou a relevé que "la production animale actuelle est en deça des besoins sans cesse croissants de la population, en plus du fait qu'elle n'est pas compétitive". Ce conférencier a estimé que pour faire face à la concurrence du marché international, il est important de s'orienter vers la valorisation et le développement des produits du terroir tel que l'élevage caprin qui va permettre d'augmenter la production de lait et de viande. S'agissant de l'alimentation des cheptels, le Pr. Abdelguerfi Aissa de l'ENSA a proposé une démarche visant à augmenter la production de fourrages et d'aliments concentrés à travers notamment l'aménagement des maquis dégradés et des sous-bois, la régénération des prairies permanentes et la réhabilitation de celles défraichies, et une meilleure gestion des espaces pastoraux en milieux forestiers et steppiques. Ce même intervenant a plaidé en outre en faveur de la réintroduction de variétés fourragères autochtones telles que la luzerne, la féverole, le pois protéagineux, le lupin et le ray grass, et de la valorisation de sous-produits de la céréaliculture et des produits maraîchers, mieux adaptés au climat méditerranéen pour réduire la facture des aliments importés. Les participants et les organisateurs de ces 7èmes journées sur la production animale se sont accordés enfin à dire que "l'intervention de la recherche scientifique, forte de l'équipement de ses laboratoires, peut faire progresser la production animale, à condition de travailler en coordination avec les autres secteurs et organismes intervenant dans ce domaine".