La Bourse de New York se prépare à scruter attentivement la réunion du comité monétaire de la Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed), après une semaine de baisse, durant laquelle l'indice élargi Standard & Poor's 500, a connu sa pire baisse depuis mai 2012. Au cours des cinq derniers jours, le S&P 500, l'un des plus regardés par les investisseurs, a plongé de 3,46% à 2 002,33 points, tandis que le Dow Jones Industrial Average a baissé de 3,70% à 17 280,83 points. Le Nasdaq, à dominante technologique, a reculé de 2,66% à 4 653,60 points. "C'est la première semaine aux Etats-Unis pendant laquelle la très forte chute des cours du pétrole a commencé à avoir un effet négatif sur les marchés", a résumé Gregori Volokhine, gérant de portefeuilles chez Meeschaert. Les cours du pétrole coté à New York ont poursuivi leur plongeon vendredi, touchant leur plus bas niveau en cinq ans et demi, le baril de référence (WTI) étant passé la veille sous le seuil symbolique des 60 dollars. Son cours a perdu près de la moitié (46%) de sa valeur depuis la mi-juin, date de son dernier pic. "Le marché a beaucoup de peine à évaluer ces conséquences négatives, qui pourraient toucher jusqu'au système financier, d'autant que les effets positifs sont déjà assimilés", comme l'a montré l'annonce vendredi d'un bond du moral des ménages américains, a noté Gregori Volokhine. "Jusqu'à maintenant, on voyait le verre à moitié plein, et on commence à le voir à moitié vide." La chute des cours du brut a notamment fait plonger les valeurs des secteurs du pétrole et de l'énergie. Depuis lundi, les deux principaux groupes pétroliers, ExxonMobil et Chevron, ont respectivement perdu 6,77% et 7,65%. "Prendre la baisse des prix du pétrole pour quelque chose de négatif, c'est ridicule", a tempéré Alan Skrainka, de Cornerstone Wealth Management. "Si la Bourse chute, c'est que certains fonds liquident des positions parce qu'ils n'ont pas prévu une telle chute des cours." Cette chute est "un énorme soutien à l'économie mondiale", a-t-il jugé.
Les yeux vers le FOMC Quoi qu'il en soit, les analystes jugent désormais particulièrement importante la réunion du comité de politique monétaire (FOMC) de la Réserve fédérale (Fed), qui s'achèvera demain par la publication d'un communiqué. Les analystes n'attendent pour le moment pas de hausse des taux d'intérêt de la banque centrale, actuellement proches de zéro, mais les interrogations portent sur le maintien ou non de l'expression "période de temps considérable" à propos de leur maintien à ce niveau. Pour certains, la baisse des cours du pétrole change la donne. Elle éloigne l'économie américaine de l'objectif d'inflation de la Fed, et justifierait ainsi de maintenir durablement les taux à leur niveau actuel. "Le pire qui puisse arriver, c'est que la Fed augmente ses taux trop rapidement, pour des raisons doctrinaires", a estimé Gregori Volokhine. "C'est une perspective anxiogène pour les marchés." "Nous jugeons probable, mais non certain, que la Fed abandonne l'expression +période de temps considérable+, même si elle la replacera peut-être par un engagement à agir +patiemment+ ou +prudemment+", préviennent en l'occurrence les analystes d'IHS. Cependant, pour Alan Skrainka, "toute action de la Fed sera lente, très modeste et signalée bien à l'avance", même si la banque centrale devrait continuer à évoquer une hausse des taux pour l'année prochaine. Parmi les autres éléments attendus par les investisseurs, seront annoncés lundi les chiffres de la production industrielle pour novembre et surtout l'estimation des mises en chantier en décembre. "L'immobilier est l'un des secteurs encore potentiellement créateur d'emplois", souligne Gregori Volokhine. "S'il prend le relais de l'énergie, affectée par le pétrole, ce sera vraiment une bonne nouvelle."