Le président tunisien Moncef Marzouki a tenu mercredi un meeting de campagne pour sa réélection à Sidi Bouzid, le jour anniversaire de l'immolation de Mohamed Bouazizi qui avait déclenché la révolution tunisienne il y a quatre ans dans cette ville du centre du pays. Mohamed Bouazizi est devenu un symbole qui a franchi les frontières tunisiennes pour atteindre le monde entier, a dit M. Marzouki à des centaines de personnes rassemblées dans le stade de football de la ville. L'équilibre des pouvoirs est essentiel pour garantir le non-retour de la dictature et pour renforcer les fondements de la démocratie naissante, a-t-il ajouté dans son discours avant de quitter Sidi Bouzid et ce rassemblement organisé avant le second tour de la présidentielle prévu dimanche. Aucun incident n'a été signalé, alors que le 17 décembre 2012, M. Marzouki avait été chassé des commémorations de l'immolation du vendeur ambulant Mohamed Bouazizi par une foule en colère qui avait jeté des projectiles dans sa direction, et l'année suivante les dirigeants tunisiens ne s'étaient pas rendus aux cérémonies dans cette ville frappée par la misère et le chômage. Le principal syndicat du pays, l'UGTT, a indiqué cette semaine qu'il ne participerait pas à d'éventuelles cérémonies marquant le geste de Bouazizi, pour protester contre les gouvernements qui se sont succédé et qui ont échoué avec leurs promesses d'emploi et de développement. Mohamed Bouazizi, excédé par la misère et les brimades policières, s'était immolé dans le centre-ville et était mort deux semaines plus tard. Son geste est à l'origine du soulèvement qui chassa le régime de Zine El Abidine Ben Ali du pouvoir, déclenchant le Printemps arabe. Opposant historique au régime de Zine El Abidine Ben Ali, M. Marzouki est opposé au favori du scrutin, Béji Caïd Essebsi, chef du parti anti-islamiste Nidaa Tounès et vainqueur des législatives d'octobre. Il se pose en candidat de la révolution face à celui du sérail, M. Caïd Essebsi ayant servi tous les régimes autoritaires en Tunisie jusqu'au début des années 1990. L'adversaire de Moncef Marzouki l'accuse en retour d'être le candidat des islamistes, le chef de l'Etat étant entré à la présidence à la faveur d'un accord politique avec le parti islamiste Ennahda. La Tunisie fait figure de bon élève du Printemps arabe, car malgré une transition tourmentée, le pays a su organiser une alternance pacifique au pouvoir, à l'inverse de son voisin libyen notamment qui a sombré dans le chaos ou de l'Egypte qui a basculé dans la répression.