L'année finit mal pour la compagnie pétrolière publique Petrobras, principale entreprise du Brésil, plongée dans un vaste scandale de corruption qui éclabousse jusqu'au Parti des Travailleurs (PT) au pouvoir, dans un contexte d'effondrement des prix du brut. Le procureur général du Brésil, Rodrigo Janot, a recommandé le changement de toute la direction pour que la compagnie retrouve sa crédibilité. L'opposition réclame aussi la démission de la présidente Graça Foster. Selon le journal économique Valor, elle avait été mise au courant, entre 2009 et 2011, d'irrégularités dans des contrats par une ancienne cadre, Venina Fonseca. Mercredi toutefois, Graça Foster a assuré que toute la direction restait en place car elle a la confiance de la chef de l'Etat, Dilma Rousseff. Aujourd'hui je suis ici en tant que présidente de Petrobras, tant que je compte sur la confiance de la présidente et elle comprend que je dois rester, a affirmé Mme Foster, après avoir reconnu qu'elle s'était entretenue plusieurs fois avec la présidente d'une éventuelle démission.
Dilma Rousseff épargnée Petrobras a embauché des consultants indépendants pour enquêter sur les hauts fonctionnaires de la compagnie et de ses filiales, afin qu'ils fouillent dans les armoires, regardent tous les papiers, emportent leur ordinateur, leur iPhone et iPad. C'est très bien, c'est une enquête indépendante, apolitique, a estimé Mme Foster lors d'une rencontre avec la presse à Rio. Le scandale a éclaté peu avant l'élection présidentielle qui a vu Mme Rousseff être réélue de justesse. Mais sa popularité semble pour l'instant épargnée : mercredi, un sondage de l'institut Ibope lui octroyait une cote en hausse de 4 points par rapport à septembre, à 52%, tandis que la popularité de son gouvernement a monté de 38% à 40%. L'opération policière Lava Jato (Lavage rapide) a mis en évidence un vaste réseau de corruption qui aurait blanchi près de 4 milliards de dollars en dix ans. Le Parquet a lancé les premières poursuites pour corruption, blanchiment et association de malfaiteurs contre 36 personnes, pour la plupart des entrepreneurs, qui surfacturaient des contrats à Petrobras pour reverser des pots-de-vin à certains de ses directeurs. Deux anciens directeurs font déjà l'objet d'une accusation formelle. Des hommes politiques de trois partis, dont le PT au pouvoir depuis 12 ans, sont également impliqués dans le scandale, même si aucun d'entre eux n'a été encore inquiété. Pour les experts cependant, le retour de la confiance passe par un changement de la direction du groupe, dont sa présidente.
Plainte d'investisseurs Si Rousseff nomme à la présidence de Petrobras quelqu'un du marché, un cadre, un directeur sérieux, technique et non politique, elle injectera la confiance dont l'entreprise a besoin, explique André Leite, analyste financier chez TAG Investimentos. Mais Mme Foster a assuré mercredi que l'affaire a obligé la compagnie à améliorer sa gouvernance et que cela rendra l'entreprise bien meilleure qu'avant. Paulo Roberto Costa, ancien directeur de l'approvisionnement chez Petrobras qui aurait reçu des pots-de-vin de plusieurs millions de dollars, et l'entrepreneur Alberto Youssef, qui avait mis en place des sociétés écran pour blanchir l'argent des surfacturations, collaborent avec la justice en échange d'une remise de peine. Si des hommes politiques du PT et de partis alliés sont impliqués comme l'affirme M. Costa, l'affaire pourrait être portée devant la Cour suprême, à l'image du procès du Mensalao portant sur l'achat de votes au Parlement, qui avait conduit en prison plusieurs leaders du PT. Et alors que le scandale a fait chuter les actions Petrobras au Brésil et aux Etats-Unis où elles sont aussi cotées, à New York, des investisseurs ont porté plainte contre le groupe et demandent à être dédommagés des pertes subies avec le récent effondrement des titres de plus de 45%. La SEC, gendarme du marché américain, a ouvert une enquête. La grande menace qui pèse sur l'entreprise est cette action collective aux USA, estime M. Leite, rappelant que des procès similaires se sont soldés par des amendes de plus de 7 milliards de dollars. Or Petrobras, dont la note a récemment été baissée par Moody's à Baa2 (risque modéré), a besoin d'investissements à hauteur de 82 milliards d'ici à 2018 pour exploiter ses gigantesques réserves pré-salifères en eaux très profondes.
La direction ne démissionnera pas La direction de la compagnie pétrolière publique Petrobras ne démissionnera pas, malgré le scandale qui la touche, parce qu'elle a la confiance de la présidente brésilienne Dilma Rousseff, a assuré la présidente de l'entreprise Graça Foster. Aujourd'hui je suis ici en tant que présidente de Petrobras, tant que je compte sur la confiance de la présidente et elle comprend que je dois rester, a affirmé la numéro un de la principale entreprise du Brésil, après avoir reconnu qu'elle avait parlé plusieurs fois avec Mme Rousseff d'une éventuelle démission. Nous sommes ici car nous croyons à ce projet, a-t-elle ajouté en soulignant qu'elle-même et les autres directeurs devaient être les premiers à faire l'objet d'une enquête. Petrobras a embauché des consultants indépendants pour enquêter sur les hauts fonctionnaires de la compagnie et de ses filiales pour qu'ils fouillent dans les armoires, regardent tous les papiers, emportent leur ordinateur, leur i Phone et i Pad. C'est très bien, c'est une enquête indépendante, apolitique, a-t-elle estimé lors d'un petit déjeuner avec la presse au siège de la compagnie à Rio. Mme Foster a assuré que le réseau de corruption découvert au sein de l'entreprise a obligé la compagnie a améliorer sa gouvernance. Nous faisons face à l'opération (policière) Lava Jato (lavage rapide) qui rendra l'entreprise bien meilleure qu'avant, a souligné Mme Foster. Pour 2015, elle a admis que la compagnie contrôlée par l'Etat devra ralentir certains de ses investissements pour voir si elle arrive à passer l'année 2015 sans captations de fonds sur le marché. Economie, économie, économie. Moins dépenser et faire plus, est le mot d'ordre, a-t-elle poursuivi. Le scandale a éclaté en mars quand l'opération policière a arrêté un ancien directeur de la société qui a révélé un vaste réseau de corruption qui aurait blanchi près de 4 milliards de dollars en dix ans. La semaine dernière, le procureur général du Brésil, Rodrigo Janot, évoquant le scénario désastreux dans la gestion de la compagnie qui emploie 80 000 personnes, avait recommandé le changement de toute la direction. Le Parquet a lancé la semaine dernière les premières poursuites pour corruption, blanchiment et association de malfaiteurs contre 36 personnes, pour la plupart des entrepreneurs, qui surfacturaient des contrats à Petrobras pour reverser des pots-de-vin à certains de ses directeurs. Deux anciens directeurs de la compagnie font déjà l'objet d'une accusation formelle. Des hommes politiques de trois partis, dont le PT au pouvoir depuis 12 ans, sont également impliqués dans le scandale, même si aucun d'entre eux n'a été encore inquiété.