La consommation des ménages japonais a chuté en novembre pour le huitième mois d'affilée (-2,5% sur un an), même si le recul est moins marqué qu'en octobre (-4%), a annoncé le ministère des Affaires intérieures. Les Nippons ont fortement réduit leurs dépenses après la hausse début avril de la taxe sur la consommation, ce qui a provoqué une nette contraction du Produit intérieur brut (PIB), de 1,7% au deuxième trimestre, puis de 0,4% au troisième, le Japon retombant de ce fait en récession. Le mois passé, les sommes déboursées se sont établies en moyenne à 280 271 yens (1 920 euros au taux de change actuel). Les Japonais ont drastiquement restreint les frais relatifs au logement (-20,3%). Parmi les autres postes en repli, figurent l'électricité, l'essence et l'eau (-5,7%), les achats de meubles et autres biens d'équipement pour la maison (-4,5%) et les loisirs (-2%). L'éducation (+6,9%), les transports/télécommunications (+1,8%) et les soins médicaux (+1,8%) ressortent en revanche en hausse. Sur la même période, les dépenses des ménages dont le chef de famille est salarié ont également décliné, mais moins que pour l'ensemble des foyers de deux personnes et plus: elles ont fléchi de 1,2% à 306 230 yens (2 097 euros). Leurs revenus ont diminué dans le même temps de 3,9% sur un an à 431 543 yens (2 955 euros). Avant l'augmentation de TVA, la première depuis 17 ans, les ménages avaient pris d'assaut les magasins, entraînant un bond de la consommation. Ils ont ensuite considérablement diminué leurs emplettes, et ni les largesses budgétaires du gouvernement, ni la politique monétaire ultra-accommodante de la Banque du Japon (BoJ) n'ont été en mesure pour l'heure d'inverser cette tendance. Pour le Premier ministre Shinzo Abe, réélu mercredi à la tête du pays après la victoire de son Parti Libéral-Démocrate (PLD, droite) aux législatives anticipées du 14 décembre, la clé réside dans l'augmentation des salaires afin d'étendre à l'ensemble de la société les effets de sa stratégie dite "abenomics". Il a convoqué la semaine dernière les dirigeants d'entreprises pour les pousser à élever les rétributions de leurs employés. Dans le même sens, le gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), Haruhiko Kuroda, les a exhortés jeudi à "partager le gâteau" et ainsi contribuer à la relance de la troisième économie mondiale.
Nouveau ralentissement de l'inflation Les prix à la consommation au Japon, hors ceux des produits périssables, ont augmenté de 2,7% en novembre sur un an, enregistrant un nouveau ralentissement (+2,9% en octobre), a annoncé le ministère des Affaires intérieures. En excluant l'impact de la hausse début avril de la taxe sur la consommation, qui gonfle l'inflation de l'ordre de deux points, la progression ressort à 0,7%, selon la méthode de calcul proposée par la Banque du Japon (BoJ), soit encore loin de son objectif de 2%. L'archipel, engagé dans une lutte de longue haleine contre la déflation, n'avait pas connu une inflation aussi faible depuis septembre 2013. La BoJ estime malgré tout être sur la bonne voie pour atteindre sa cible dans un délai raisonnable, une des pierres angulaires de la stratégie économique du Premier ministre Shinzo Abe (abenomics). Selon les économistes, le récent plongeon des prix du pétrole risque néanmoins de compromettre ses efforts, et cette nouvelle statistique ne va pas manquer d'accroître la pression sur la banque centrale. Son gouverneur, Haruhiko Kuroda, a répété jeudi qu'il n'excluait pas un nouvel assouplissement de sa politique si nécessaire. Devant la forte contraction de l'économie, l'institution a déjà accru fin octobre son programme de rachat d'actifs. Dans le détail, les produits alimentaires se sont renchéris de 2,9% en novembre, tandis que l'électricité, l'essence et l'eau prenaient 4,9%. Le segment culture/loisirs a également contribué à l'inflation (+3,8%), tout comme les biens pour la maison (+3,3%) et l'habillement (+3,4%). En excluant l'alimentation et l'énergie, les prix ne se sont élevés que de 2,1%.
Nouveau record de faiblesse pour le taux des obligations d'Etat Le taux de rendement des nouvelles obligations de l'Etat japonais à échéance 10 ans est encore tombé à son plus bas niveau jamais atteint, après avoir déjà pulvérisé le précédent record, conséquence d'un contexte d'assouplissement monétaire amplifié par la banque centrale nippone (BoJ) et de facteurs saisonniers. Jeudi, ce taux avait baissé de 0,015 point par rapport à celui de la veille pour tomber à 0,310%, un seuil inédit, mais il a chuté encore plus bas vendredi matin à 0,300%. La hausse de la demande de ces obligations entraîne une baisse de leur rendement. "Une partie des investisseurs tendent à accumuler ce genre de titres (jugés sans risque) avant la fin de l'année", ont expliqué des courtiers. Le taux de rendement des nouvelles obligations à 10 ans avait connu un précédent plus bas historique tout début avril 2013, à 0,315%, immédiatement après l'annonce d'une forte amplification des mesures d'assouplissement monétaire de la banque centrale nippone. Depuis le 31 octobre dernier, l'institut d'émission a encore intensifié ses dispositions. Ce jour-là, son comité de politique monétaire avait décidé d'augmenter son programme de rachat d'actifs, face aux difficultés que traverse l'archipel depuis une hausse de la taxe sur la consommation début avril. La BoJ pourrait en outre être amenée à faire des gestes supplémentaires si les statistiques macroéconomiques ne s'améliorent pas. Celles annoncées vendredi matin étaient plutôt médiocres, avec une inflation encore ralentie, ce qui ne va pas dans le sens des objectifs de la banque centrale.