Le ministre nippon des Finances Taro Aso et le gouverneur de la Banque centrale du Japon se sont montrés inquiets du possible impact de l'impasse budgétaire américaine sur l'économie mondiale et sur le marché des changes. Si ce n'est pas résolu vite, il y aura diverses conséquences sur la conjoncture économique internationale, a déclaré à la presse M. Aso, à propos des négociations pour le moment infructueuses entre républicains et démocrates sur le relèvement du plafond de la dette américaine. M. Aso a aussi souligné que cette situation d'incertitudes sur les finances américaines risquait de faire vendre des dollars et acheter des yens, donc d'augmenter la valeur de la monnaie nippone, ce qui ne serait pas une bonne chose pour l'économie du Japon entrée il y a quelques mois dans une phase de reprise. Or, cette embellie est en partie due au repli du yen sous l'effet de la politique budgétaire menée par le Premier ministre de droite Shinzo Abe, conjuguée à la souplesse monétaire de la banque centrale nippone (BoJ). Le gouverneur de cette institution, Haruhiko Kuroda, a d'ailleurs aussi jugé vendredi que l'impasse budgétaire aux Etats-Unis présentait un risque de pression négative sur l'économie mondiale et qu'il fallait suivre la situation très attentivement. Tout en maintenant intacte et jugeant pour le moment efficace la politique monétaire ultra-accommodante de la BoJ, M. Kuroda a dit souhaiter une issue rapide au blocage des Etats-Unis. Après le 17 octobre, date à laquelle les mesures exceptionnelles utilisées par le gouvernement américain pour éviter le défaut de paiement seront épuisées, il ne restera que 30 milliards de dollars de trésorerie pour honorer les engagements du pays, selon le secrétaire au Trésor américain, Jacob Lew. Le Congrès, dominé par les républicains à la Chambre, a la prérogative de relever le plafond de la dette, actuellement situé à 16.700 milliards de dollars, mais il refuse jusqu'à présent de le faire dans une intense bataille avec l'administration Obama.
La BoJ maintient sa politique monétaire et son diagnostic La banque centrale du Japon (BoJ) a maintenu en l'état sa politique monétaire ultra-accommodante et confirmé une reprise de l'économie nippone, mais le gouverneur de l'institution et le ministre japonais des Finances appellent à une résolution rapide du blocage budgétaire aux Etats-Unis. La BoJ va continuer d'acheter au même rythme soutenu des obligations d'Etat ainsi que d'autres titres plus risqués tels que des fonds cotés en Bourse (ETF) ou des fonds communs immobiliers japonais (J-REIT). Cette politique vise à doubler en l'espace de deux ans la base monétaire, c'est-à-dire grosso modo l'argent liquide en circulation et les réserves des banques, afin d'inciter ces dernières à prêter pour pousser les entreprises à investir et les consommateurs à dépenser. La bataille menée par la banque centrale et le gouvernement de droite conduit par Shinzo Abe a pour objectif d'en finir avec une quinzaine d'années de déflation handicapante. Le but ultime est de faire entrer l'économie nippone dans un cercle vertueux de hausse de l'activité, des investissements, des salaires et de la consommation, le tout sur fond de stabilité des prix définie comme correspondant à un taux d'inflation d'environ 2%. La BoJ considère que cette politique large à trois flèches (monétaire, budgétaire et réformatrice) surnommée "Abenomics" a déjà produit des effets et que le pays a amorcé une phase de "reprise modérée". Les récents indicateurs montrent en effet que la croissance japonaise se redresse, tout comme le moral des entrepreneurs, et que la déflation est moins forte, du fait il est vrai de l'augmentation de la facture des importations énergétiques. La BoJ pense que l'inflation devrait se situer à court terme dans une fourchette de 0,5 à 1%, avec une progression graduelle espérée. La hausse désormais officiellement décidée de la taxe sur la consommation en avril prochain pour éviter de creuser davantage la dette est perçue par le gouverneur Haruhiko Kuroda comme une "décision importante qui doit garantir la confiance dans la gestion des finances publiques japonaises". M. Kuroda avait soutenu cette hausse en jugeant auparavant qu'une augmentation de 3 points (à 8%) de cet équivalent de la TVA française ne pénaliserait pas fortement l'économie nippone. Il s'est en outre toujours dit disposé à avancer des pions plus loin si d'aventure la situation l'exigeait. L'impasse budgétaire aux Etats-Unis, "un risque pour l'économie mondiale". En revanche, M. Kuroda a jugé que l'impasse budgétaire aux Etats-Unis présentait "un risque de pression négative sur l'économie mondiale" et qu'il fallait "suivre la situation très attentivement". A l'instar du ministre japonais des Finances, Taro Aso, qui s'était exprimé plus tôt dans la journée, le gouverneur de la banque centrale a dit "souhaiter une issue rapide". "Si ce n'est pas résolu vite, il y aura diverses conséquences" sur la conjoncture économique internationale, avait déclaré à la presse M. Aso, à propos des négociations pour le moment infructueuses entre républicains et démocrates sur le relèvement du plafond de la dette américaine. M. Aso a aussi souligné que cette situation d'incertitudes sur les finances américaines risquait de faire vendre des dollars et acheter des yens, donc de hisser la valeur de la monnaie nippone, ce qui ne serait pas une bonne chose pour l'économie du Japon qui doit une bonne part de son regain actuel au repli du yen sous l'effet "Abenomics". Après le 17 octobre, date à laquelle les mesures exceptionnelles utilisées par le gouvernement américain pour éviter le défaut de paiement seront épuisées, il ne restera que 30 milliards de dollars de trésorerie pour honorer les engagements du pays, selon le secrétaire au Trésor américain, Jacob Lew.
La production industrielle s'effrite en août La production industrielle au Japon s'est effritée de 0,7% en août sur un mois, mais les autorités n'y ont vu qu'un accident de parcours, à la veille d'un discours attendu du Premier ministre Shinzo Abe qui devrait annoncer une hausse de la taxe sur la consommation. En août, la production a légèrement diminué à cause d'une fabrication moins intense de voitures et de semi-conducteurs, a annoncé le ministère de l'Industrie (Meti). Le ministère a toutefois estimé qu'elle continuait de montrer "des signes de reprise à un rythme modéré", s'appuyant sur le fait que depuis le début de l'année, elle s'affiche en hausse quasiment tous les mois, sur fond d'amélioration du moral des entrepreneurs et de dépréciation bienvenue du yen. En outre, les professionnels s'attendent à un fort rebond dès le mois de septembre, avec une production attendue en hausse de 5,2% d'un mois sur l'autre, d'après une enquête du Meti auprès d'eux. Ils anticipent ensuite une progression de 2,5% en octobre. "La baisse d'août ne semble qu'un ajustement temporaire, les activités manufacturières devraient continuer de se reprendre", a jugé la banque Crédit Suisse dans une note. Les milieux d'affaires sont globalement plus optimistes depuis le retour au pouvoir des conservateurs au Japon en décembre, sous l'égide de leur dirigeant Shinzo Abe, redevenu Premier ministre. Le moral des grandes entreprises manufacturières a nettement progressé en juin et atteint son niveau le plus élevé depuis près de deux ans, d'après l'enquête Tankan publiée début juillet par la Banque du Japon, qui va dévoiler mardi les résultats de septembre de cette enquête trimestrielle. Dans la foulée de ces résultats, M. Abe devrait annoncer la hausse de 5% à 8% de la taxe sur la consommation à partir d'avril 2014. Cette augmentation, qui pourrait être le prélude à un passage à 10% en octobre 2015, est destinée à maîtriser l'envolée de la dette publique de la troisième puissance économique mondiale, qui atteint 245% du produit intérieur brut d'après le FMI. Elle doit aussi garantir la pérennité du système de protection sociale, fragilisé par le vieillissement accéléré de la population. Des économistes mettent toutefois en garde contre un éventuel impact négatif de cette hausse sur une croissance en redémarrage, aussi M. Abe devrait-il aussi dévoiler pour compenser un plan de soutien à l'activité, prévu par la presse autour de 5 000 milliards de yens. Il s'agirait du deuxième plan de soutien sous l'égide de M. Abe depuis son retour au pouvoir. En janvier, il avait fait adopter un ensemble de dispositions comprenant 10 300 milliards de yens de dépenses étatiques pour doper l'économie. Ce projet constituait la première "flèche" d'une stratégie surnommée "Abenomics" et visant à encourager la croissance et à sortir le pays d'une déflation handicapante. Depuis, le Premier ministre a tiré deux autres traits: sous sa pression, la Banque du Japon (BoJ) a considérablement assoupli sa politique monétaire et M. Abe a ensuite dévoilé des mesures "structurelles" pour encourager l'investissement des entreprises. La BoJ a en effet annoncé en avril une augmentation importante de ses achats de titres financiers, notamment d'obligations d'Etat, afin de détendre les conditions de circulation de l'argent, d'inciter les entreprises à investir et les particuliers à consommer, le tout pour relancer une machine économique grippée et sortir d'une spirale négative de baisse des prix. Vendredi, le gouvernement a annoncé que les prix à la consommation, hors produits périssables, avaient grimpé de 0,8% en août sur un an, leur progression la plus notable depuis cinq ans. Cette apparente bonne nouvelle pour M. Abe est toutefois tempérée par le fait que l'essentiel de cette hausse est due au bond des tarifs de l'énergie, dopés par la chute du yen qu'a entraînée la politique ultra-accommodante de la BoJ.