L'Opep ne va pas réduire sa production même si les prix du brut tombent à 20 USD le baril, a prévenu le ministre saoudien du Pétrole, dont le pays est chef de file du cartel, dans un entretien à la revue spécialisée MEES. "Il n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'Opep de réduire leur production, quel que soit le prix (...). Que ça descende à 20, 40, 50 ou 60 dollars, il n'est pas pertinent" de réduire l'offre, a déclaré Ali al-Nouaïmi dans cet entretien au Middle East Economic Survey, paru cette semaine. Les cours de l'or noir ont perdu environ 50% de leur valeur depuis la mi-juin, grevés par l'abondance de l'offre, le renforcement du dollar et la faiblesse de la demande dans un contexte de ralentissement de l'économie mondiale. Le prix du baril est ainsi tombé à environ 60 dollars, contre 115 en juin, une dégringolade qui s'est accentuée après la décision prise fin novembre par l'Opep --qui pompe le tiers du pétrole mondial-- de maintenir inchangé son plafond de production et de laisser les prix se stabiliser d'eux-mêmes. M. Nouaïmi, l'homme le plus influent au sein de l'Opep, a estimé que le monde ne pourrait plus avoir un baril de pétrole à 100 dollars, selon le MEES qui qualifie son entretien d'"inhabituellement franc". L'Arabie saoudite avait l'habitude d'intervenir pour équilibrer l'offre et la demande sur le marché pétrolier car c'est le seul pays disposant d'une importante capacité de production additionnelle, selon le Fonds monétaire international (FMI). M. Nouaïmi a rejeté comme "une logique tordue" le fait de s'attendre à ce que son pays, qui pompe 9,6 millions de barils par jour (mbj), réduise ses extractions et perde des parts de marché au profit d'autres grands producteurs hors Opep. "Est-il raisonnable que des producteurs à haut rendement réduisent leur production alors que ceux à faible rentabilité continuent à produire?", s'est-il interrogé. "Nous assurons moins de 40% de la production mondiale. Nous sommes le producteur le plus efficace. C'est incroyable après cette analyse que nous réduisions" l'offre, a-t-il encore dit. "Si je réduis, qu'adviendra-t-il de ma part de marché? Les prix vont remonter mais les Russes, les Brésiliens et les producteurs américains de pétrole de schiste vont prendre ma part", a-t-il martelé. Mardi, le pétrole s'inscrivait en hausse en Asie avant la publication du chiffre révisé de la croissance américaine, mais les prix du brut devraient être freinés par la prudence des investisseurs pendant les fêtes de fin d'année. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en février s'adjugeait 51 cents, à 55,77 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance prenait 29 cents, à 60,40 dollars.