Un responsable de la Réserve fédérale américaine (Fed) a estimé qu'il était "difficile" de prévoir l'évolution de l'inflation aux Etats-Unis dans les mois qui viennent. Jeffrey Lacker, président de l'antenne de Richmond de la Fed, a estimé dans un discours dans cette ville qu'en raison notamment de la chute des prix du pétrole "il semble un peu plus difficile de discerner les tendances de l'inflation dans les mois qui viennent". M. Lacker, qui rejoint cette année les membres votants du Comité de politique monétaire (FOMC), s'est gardé de donner une indication sur quand il envisage une première hausse des taux d'intérêt. "Je déteste vous décevoir mais la vérité est que personne ne le sait. Il n'y a pas de calendrier fixé pour une hausse des taux", a-t-il déclaré ajoutant que l'initiative du FOMC "dépendra des données économiques du moment". Alors que la santé du marché de l'emploi américain se restaure à grande vitesse, la Fed guette un retour de l'inflation proche de 2% pour normaliser sa politique monétaire jusqu'ici ultra-accommodante. Mais la hausse des prix n'est que de 1,2%, selon l'indice PCE, contre 1,7% avant la chute des prix pétroliers cet automne, a souligné M. Lacker. Ce dirigeant s'est toutefois dit confiant dans le fait que l'inflation remonte autour de 2% après une stabilisation des prix de l'énergie. Un autre responsable de la Fed, Charles Evans, de l'antenne régionale de Chicago, également nouveau venu cette année parmi les votants au sein du Comité de politique monétaire, a redit quant à lui que les taux d'intérêt ne devraient pas être relevés avant 2016. Dans un entretien à la chaîne câblée d'informations économiques CNBC vendredi, M. Evans a déclaré "pour moi, on ne devrait pas relever les taux avant 2016". Les marchés s'attendent à une première hausse des taux avant cela, au printemps 2015. "Si les choses se poursuivent comme je m'y attends, j'espère que l'inflation va remonter mais on a besoin d'en voir les signes", a estimé ce responsable, qui est considéré comme "une colombe" au sein de la Fed, défendant une politique monétaire accommodante.
La situation économique à l'étranger pourrait affecter la croissance Une nouvelle dégradation de la situation économique internationale pourrait avoir un impact sur la croissance aux Etats-Unis, se sont inquiétés de nombreux responsables de la Réserve fédérale américaine, selon les minutes de la dernière réunion du Comité monétaire de la Fed. "De nombreux participants" au Comité de politique monétaire (FOMC) du 17 décembre dernier ont estimé "qu'une détérioration de la situation économique à l'étranger pourrait résulter en une croissance plus faible qu'attendu" aux Etats-Unis, indique le rapport de la réunion. "Beaucoup de participants considèrent la situation internationale comme étant un important facteur de risques pour l'activité intérieure (américaine) et l'emploi, surtout si le déclin des prix de l'énergie et la persistance de la faible croissance économique à l'étranger ont un effet négatif sur les marchés financiers", ajoute le rapport. Globalement, la chute des prix de l'énergie est vue comme un point "positif pour l'activité économique et l'emploi". Mais plusieurs membres de la Fed considèrent déjà que le ralentissement économique à l'étranger va "avoir un effet négatif sur l'activité américaine principalement en réduisant les exportations" en provenance des Etats-Unis. Les Etats-Unis sont une économie moins ouverte sur l'extérieur que ne l'est l'Europe dans le sens où le commerce extérieur représente moins de poids dans l'économie, a expliqué Randall Kroszner, ancien gouverneur de la Fed et professeur à l'University of Chicago Booth School of Business.
"Solides gains sur le marché de l'emploi" Mais "si on considère moins de croissance en Europe, un net ralentissement en Chine, une contraction au Japon et beaucoup moins d'expansion parmi les économies émergentes, cela va conduire à la marge à moins de croissance aux Etats-Unis", a estimé cet expert. Les membres de la Fed ont par ailleurs pris acte des "solides gains" intervenus sur le marchés du travail américain avec les fortes créations d'emplois. Mais malgré la hausse de la rémunération horaire moyenne en novembre, la plupart des participants du FOMC "ne voient pas de signe clair d'une accélération des salaires". La plupart des économistes guettent en effet la fin de la stagnation des rémunérations pour signaler que l'inflation -- aujourd'hui à 1,2% sur un an, selon l'indice PCE -- s'apprête à remonter. Le Comité monétaire est confiant dans le fait que l'inflation parvienne "à plus long terme" à son objectif de 2%. La hausse des prix devrait néanmoins régresser entre temps "reflétant la réduction des prix de l'énergie et les effets sur les prix à l'importation de l'appréciation du dollar". Deux membres craignent au contraire que "si le taux de chômage décline plus rapidement, les salaires et les prix accélèrent plus rapidement aussi". Lors de cette dernière réunion de l'année 2014, les membres du FOMC s'étaient montrés divisés sur le message d'orientation monétaire. Le Comité a affirmé que la Fed serait "patiente", un langage censé être "plus flexible pour ajuster la politique vis-à-vis de l'apparition des données économiques", selon les minutes. La Fed a dans le même temps rappelé que cette "patience" était "cohérente" avec la formule utilisée jusqu'ici qui indiquait que la banque centrale était prête à attendre "une période considérable" avant une première hausse des taux. Trois membres du Comité ont voté contre, deux parce qu'ils estiment que la Fed affiche trop de patience, un autre parce qu'au contraire, elle n'en montre pas assez. Une majorité de participants estiment, comme l'avait indiqué la présidente de la Fed Janet Yellen lors d'une conférence de presse le 17 décembre, que cette "patience" est synonyme d'un statuquo sur les taux d'intérêt "au moins au cours des deux prochaines réunions". Celles-ci ont lieu en janvier et en mars, ce qui suggère qu'une éventuelle première hausse des taux n'interviendra pas avant la réunion du 28-29 avril. Les taux d'intérêt au jour le jour sont gardés proches de zéro depuis fin 2008.